Les 18 et 19 novembre 2010, il était à Cotonou. Selon les usages, Boni Yayi l’avait reçu avec tous les honneurs. A partir de ce jour, il sera de nouveau au Bénin pour une visite de 72h. Avec Patrice Talon, il fera le point de la coopération entre les deux Etats et tentera d’approfondir ou de tracer avec son homologue d’autres pistes de collaboration. Pour ceux qui ont suivi de près sa visite de 2010, on peut supposer qu’il aura plus ou moins la même attitude.
Avant son arrivée à Cotonou en 2010, un groupe de Rwandais avait séjourné au Bénin pendant un mois. Ces précurseurs qui sont entrés sur le territoire national en deux groupes, le premier par Porga et le second par Malanville avaient une mission bien précise. Il leur avait été demandé de sillonner entièrement le pays et d’observer les habitudes, la culture pour en faire un point exhaustif à Kagame avant sa descente d’avion à Cotonou. Perplexe par rapport aux informations collectées par les siens, Kagame n’a pu s’empêcher de demander à Yayi ce qui n’allait pas. « Why ? (Pourquoi) », avait-il demandé très surpris. Dans le temps, le numéro 1 rwandais ne comprenait pas pourquoi le Bénin avait du mal à décoller en dépit des terres cultivables, de la façade maritime, de la jeunesse des habitants, de la bonne santé des populations et de plusieurs autres atouts et potentialités. Pour Kagame, il était impensable que le Bénin soit à la traîne pendant que son pays qui a connu la guerre et dont une partie des populations traînent des infirmités suscite l’admiration.
Fidèle à ses habitudes, le chef de l’Etat rwandais a pris les mêmes dispositions lorsqu’il a été annoncé à Cotonou. Ses hommes sont sur place depuis plusieurs semaines et ont déjà envoyé le rapport sanctionnant leur séjour. Aperçus au Novotel il y a quelques jours, une partie des agents de renseignements de Kagame a déjà eu le temps d’écumer le terrain. Sur la base de leurs constats, que dira cette fois Kagame à Talon ? A coup sûr, la mauvaise surprise de 2010 laissera place à l’émerveillement. S’il y a un conseil qu’il doit prodiguer à son homologue béninois, c’est de lui demander de veiller à un développement équilibré du territoire. C’est bien d’embellir Cotonou et ses environs, mais il faut également songer aux autres localités dans un souci d’équité. D’ailleurs, les fondements des tiraillements entre Hutu et Tutsi au Rwanda, tiraillements qui ont conduit à la guerre civile prennent leur source dans les frustrations accumulées par les habitants d’une partie du pays qui se voyaient délaissés.
Entre les deux visites, le ton et les constats ne seront pas les mêmes. Kagame qui a réussi à positionner son pays comme un modèle de développement ne manquera pas d’orienter quelque peu Patrice Talon qui ne serait pas réfractaire à bénéficier de conseils avisés.
Une délégation gouvernementale a effectué une visite ce lundi 15 mai (...)
- 15 mai 2023
- 15 mai 2023