Une nouvelle année scolaire commence et l’on s’attelle à respecter les standards et à peaufiner la routine des neuf prochains mois. Et comme des robots programmés, écoliers, élèves et étudiants vont répéter les mêmes litanies et copier les mêmes programmes que nous n’avons pas conçus.
Le fait est que les curricula de formation manquent cruellement d’ambition dans notre pays. Si tout le monde peut déplorer l’inadéquation entre la formation et l’emploi, on ne perçoit pas toujours le degré d’inadéquation, parce que quelques milliers de jeunes réussissent à s’insérer dans le monde du travail, en exerçant rarement le métier qu’ils ont appris. Car, l’adaptation est la règle.
La réalité du désastre est perceptible dans l’incapacité des jeunes qui achèvent leurs études, à se servir de leurs mains. Le taux de chômage élevé dans un pays comme le nôtre, où personne ne devrait avoir le temps de se reposer, tant il y a à faire, est révélateur.
En somme, tout le monde est formé à raisonner et à exceller dans l’érudition. Nos Masters sont conditionnés pour régurgiter à l’identique et comme des perroquets intelligents, des théories savantes aussi extraverties que rébarbatives, parfois sans ancrage avec notre réalité.
Après, le médecin tourne le dos à la science de ses ancêtres et préfère croire exclusivement en la science occidentale avec des connaissances empruntées. L’ingénieur agronome évite de se salir les mains, préférant la fraîcheur et le confort douillet des bureaux et des voitures du projet qu’il coordonne. La construction des routes et ouvrages d’art est abandonnée à des étrangers, pendant que les spécialistes locaux sont au gouvernement ou à l’Assemblée nationale.
Notre culture, nos valeurs ancestrales, notre médecine traditionnelle, nos langues et notre héritage immatériel qui ne demandent qu’à être valorisés, se perdent et se vendangent.
Comme pour se venger, les jeunes diplômés, pour sortir de l’ennui et s’occuper, se dépravent et se déresponsabilisent. Ils masquent leur mal être sous la perversion et la perdition. Ils sombrent massivement dans la dépression. Parce qu’ils se sentent nuls et inutiles.
Cependant que le cycle des rentrées académiques se reproduit et se perpétue, laissant nos terres en friches et nos cerveaux en hibernation. Résultat, notre pays n’est propriétaire d’aucun produit manufacturé, reconnu dans le monde et labélisé « made in Bénin ».
Vers quel avenir nous conduit cette école d’emprunt ? Vivement une école qui nous ressemble !
Anicet OKE
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