C’est le jour J. Steve Amoussou bataille avec le parquet, défendu par une belle brochette d’Avocats pour se soustraire aux accusations du procureur qui voudrait voir en lui le Frère Hounvi.
L’affaire remonte au 12 août 2024, jour où Steeve Amoussou a été capturé au Togo et ramené dare-dare au Benin, puis remis à la police. Cette capture a fait grand bruit parce que des lanceurs d’alerte avaient ameuté l’opinion publique nationale et internationale sur cet enlèvement qualifié d’illégal et crapuleux.
Des Avocats avaient aussitôt pris l’affaire en mains. Des députés de l’opposition, bardés des attributs officiels ont fait bloc autour de Steeve Amoussou et déployé leur parapluie protecteur pour dénoncer le forfait des « kidnappeurs » et exiger le respect de ses droits, à commencer par une libération immédiate.
Peine perdue. Au contraire, moins d’une semaine plus tard, la CRIET jugeait l’affaire, sous un aspect inattendu. Une dette de dix millions qui serait à l’origine du kidnapping.
Mais là n’est pas l’objet de la passion que déclenche ce dossier chez les Béninois. Ce qui polarise l’attention, c’est que le procureur, selon sa propre version des faits, soupçonne Steeve Amoussou d’être frère Hounvi, l’intrépide web activiste, « opposant sans peur », qui depuis plusieurs années, trempe Patrice Talon et ses proches dans du vitriol et plonge sa gouvernance dans un caniveau dont la puanteur n’a d’égal que sa profondeur.
Steeve Amoussou est inculpé « d’incitation à la rébellion, initiation et publication de fausses nouvelles, et harcèlement par voie électronique ». Du coup, on se demande si c’est un ectoplasme qui sera jugé ou si Steeve Amoussou sera confondu dans ses moyens de défense, lui qui prétend ne connaître Frère Hounvi, ni d’Adam ni d’Ève.
Le procureur a manifestement une longueur d’avance, avec l’erreur grossière commise au départ par les Avocats du prévenu qui ont d’emblée sous-entendu que Steeve Amoussou et Frère Hounvi sont une seule et même personne. Sans compter la levée de boucliers des opposants qui ont défendu l’intéressé avec une rare mobilisation, ce qui laisse supposer que Steeve Amoussou n’est pas un quidam.
Au demeurant, les moyens existent (et le Bénin en dispose manifestement) pour identifier et reconnaître une empreinte de voix avec autant de précision qu’une empreinte digitale.
Au cas où la preuve sera faite que Steeve Amoussou est bien frère Hounvi, celui-ci pourrait risquer gros.
Pour avoir fait fuiter des documents par un moyen électronique, Julien Assange, fondateur de Wikileaks faisait prévaloir la liberté d’expression. Bien que les États-Unis soient perçus comme le symbole de la liberté d’expression et que les documents publiés soient authentiques, Julien Assange a subi 1 901 jours de prison et 14 ans d’une saga judiciaire hors normes. Il a fini par être condamné à 62 mois de prison, peine déjà purgée en détention provisoire.
Comme quoi, les Avocats ont du pain sur la planche. À moins que de sa voix de stentor, d’un ton impératif et de la diction glaçante qui le caractérisent, Frère Hounvi nous gratifie très rapidement d’une de s es chroniques pamphlétaires qui innocenterait définitivement Steeve Amoussou. Ce serait une façon de narguer le pouvoir avec son habituelle arrogance provocatrice, pour mettre le procureur au défi : attrapez-moi si vous le pouvez !
Anicet OKE
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