Disons-le d’emblée : le système éducatif béninois, à l’instar de celui des autres pays francophones d’Afrique, est aux antipodes des objectifs de développement. Si la colonisation peut être tenue pour responsable une telle situation, il faut bien admettre que depuis l’indépendance, aucun pays ne se distingue par des réformes révolutionnaires introduites dans un système éducatif repensé et mis en œuvre avec méthode et efficacité.
Tenez ! Soixante-quatre ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale, le Bénin ne sait toujours pas dans quelle direction orienter l’éducation nationale.
Formation inadaptée
En parcourant les curricula de formation, du cours primaire à l’université, on note une absence notoire d’ambitions dans la confection des politiques de l’éducation. Du moins, si on s’entend pour dire que le but de l’instruction et de l’éducation est de doter le pays d’une force de travail et d’une intelligentsia, formatée pour puiser dans les richesses endogènes, afin de transformer les connaissances empiriques des ascendants, en une science moderne, porteuse de progrès.
Or, nos écoles et instituts livrent sur le marché, des jeunes gens qui ont lu des tonnes de livres et qui, pour cette seule prouesse, reçoivent un parchemin qui les dispense de l’obligation de compétence. De sorte que le pays est empli d’habiles théoriciens qui savent tout comprendre et tout expliquer, mais qui ne savent rien faire de leurs mains.
Le mythe du diplôme
Le mythe du diplôme qui, de fait, n’est qu’un document de présomption de connaissances, s’en est ainsi trouvé renforcé. Contrairement au système anglophone dans lequel le savoir-faire est primordial, les francophones vouent un culte au diplôme qui est l’alpha et l’oméga. La connaissance théorique prime sur la compétence.
Résultats, les jeunes sont bardés de diplômes mais il n’y a pas d’ouvriers spécialisés ou d’inventeurs. ils sont si peu nombreux à envisager de faire des recherches sur notre médecine naturelle, notre pharmacopée, ainsi que sur les legs ancestraux qui font la spécificité de notre continent.
Quels modèles d’hommes ?
Ce qu’il a manqué depuis plusieurs décennies, c’est la définition précise du type d’hommes qu’il fallait former pour concrétiser les espoirs de développement de nos états. Hier, il s’agissait pour le colon, de former des cadres noirs pour le suppléer en travaillant pour son compte, dans l’administration des colonies. Personne à ce jour, n’a pensé à revoir et réadapter des programmes véritablement nouveaux, en opposition à cet objectif initial. Aujourd’hui, l’ambition serait de former quantité d’ingénieurs qui sachent valoriser et transformer tout ce qui nous entoure, de créer tout ce dont nous avons besoin. Le Bénin prend du retard du point de vue de la définition claire de cette politique nationale de l’éducation. Une politique claire, inscrite dans le marbre d’un programme au moins cinquantenaire, qui projette le Bénin sur l’orbite des systèmes éducatifs les plus performants d’Afrique. Car, en définitive, Nelson Mandela a bien raison quand il prophétisait que : « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ». Que dire de plus ? A part constater que nous nous trompons de priorité. Qu’on se le tienne donc pour dit. Aujourd’hui comme demain, l’éducation est et demeurera l’arme la plus puissante pour changer le Bénin.
Anicet OKE
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