Que veut le peuple ? Nul ne prendra plus jamais le risque de répondre ¨Panem et circenses¨, en empruntant l’humour noir de Juvénal, sans verser dans le ridicule. En 2024, plus aucun peuple ne saurait se contenter de pain et de jeux. Du reste, l’évolution politique de certaines sociétés a fait progresser les paradigmes, faisant prévaloir une variété de choix dans les aspirations des peuples, qui résultent de la vision et de l’action des dirigeants que chaque peuple a mérités.
En considérant les valeurs et les habitudes sociétales héritées de l’histoire, on observe que ces choix vont de la liberté primordiale au pain beurré préalable, en passant par l’indépendance obsessionnelle et le souverainisme néo panafricaniste. Tous les chemins mènent au bonheur des peuples.
Le modèle chinois
En visite au Bénin dans le cadre des échanges de civilités entre partis politiques, un haut responsable du parti communiste chinois a laissé entendre que la Chine s’est créé une idéologie spécifique découlant de son histoire particulière et de sa sociologie incomparable : le socialisme chinois. Un concept résultant de l’adaptation du socialisme primaire d’hier aux réalités locales, au contexte mondial ainsi qu’aux objectifs visés.
Les chinois, au regard de la place qu’occupe leur pays sur l’échiquier national, ont-ils eu raison d’opter pour cette orientation politique spécifique ? La réponse coule de source : la Chine, venue des tréfonds du sous-développement et dirigée depuis 1949 par le parti communiste, a initié des réformes pour devenir la deuxième puissance mondiale, avec un produit intérieur brut par habitant qui avait déjà plus que décuplé entre 1979 et 2005, en fondant son avenir sur un système éducatif aux performances stratosphériques, qui a donné naissance à une ingénierie locale de pointe. D’où la propulsion du développement.
Après, il faut se demander si les Chinois sont heureux de la moitié de pain quotidien sans beurre qu’ils ont tous, ou s’ils auraient préféré avoir toutes les libertés et vivre en toute dépendance, en ayant que les libertés comme référence.
Nous servir de notre génie
La réponse à cette question relève du bon sens et devrait nous interpeller. Pas pour copier les Chinois, ni personne d’ailleurs parce que la copie textuelle et l’imitation sont dévalorisantes. Mais pour nous inspirer de cet exemple qui prouve à souhait que, chaque peuple a un génie qui peut lui permettre de tracer sa propre trajectoire et déterminer ses objectifs à termes échus. A condition d’en prendre conscience.
Car dans son déroulement actuel, le renouveau démocratique ne semble pas se préoccuper d’avenir. Comme si, plus la liberté est plus grande, plus on prospère. Mais le cas chinois et tous les autres exemples des pays résilients sont sous nos yeux et témoignent de ce que la liberté n’est pas une fin en soi. Seul le travail libère. Le travail assure l’indépendance, la prospérité et vous vaut le respect du monde. Et quand on s’est contenté de chanter la démocratie sans se préoccuper de travailler, dans l’organisation, la rigueur et la discipline, quand vient l’heure du bilan, l’héritage des enfants se trouve hypothéqué. À bon entendeur…
Anicet OKE
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