On ne va pas se mentir : Pitié pour les souffre-douleurs

26 septembre 2024

Avec l’air chaud et fétide de l’espace confiné que brassent des pâles poussiéreuses et souvent défectueuses, les corps transpirent abondamment, le cerveau est enfiévré à force de réflexion, et le sommeil est comme un luxe dans cette atmosphère pesante de douleur. Sur le sol froid, les pieds s’entremêlent aux bras. Les râlements des souffreteux et les ronflements des dormeurs se confondent. Lorsque les besoins naturels, refrénés autant que possible deviennent hors de contrôle, le supplice de la puanteur s’impose plusieurs fois dans la nuit et le malaise respiratoire s’installe, le reste du temps, entre les pets mal mal odorants et les rots bruyants ; le temps qui reste suspendu, se jouant des prières désespérées. Et quand apparaissent enfin les prémices de l’aurore qui marquent la fin du supplice, le cerveau est engourdi, les membres sont ankylosés et on ne sait plus s’il faut se réjouir ou pleurer. C’est la routine d’une nuit dans l’univers carcéral, dans l’antichambre de la mort. Là où le prix de la dette à payer à la société n’a plus de mesures à la dimension humaine. Pitié pour les souffre-douleurs de nos turpitudes.
Anicet



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