Bonjour Pasteur. Nous allons nous entretenir avec vous sur les comportements vestimentaires qu’il faut avoir en milieux religieux en général et en particulier dans les églises évangéliques. Dites-nous, en matière d’habillement pour se rendre dans la maison de Dieu, que dit concrètement la Bible ?
Merci monsieur le journaliste pour cette question. En effet, la Bible n’a pas spécifié le type d’habillement à adopter pour aller à l’église, la maison de Dieu. Les principes bibliques en matière d’habillement sont ce que j’appelle les principes transversaux, c’est-à-dire qui abordent tous les domaines de la vie. Et le tout premier principe, se trouve dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 10 verset 31 : "Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu." Ce principe doit donc devancer tout ce que nous faisons. On a commencé par observer dans le jardin d’Éden au lendemain du péché d’Adam et d’Ève comme le relate la Bible, ils étaient tous nus et ne s’en rendaient même pas compte. Mais avec le péché de la désobéissance, ils se sont retrouvés nus. Et Dieu avant de les chasser du jardin, a pris des feuilles de fic pour recouvrir leur nudité. Donc de là, nous sortons le principe de couvrir sa nudité. Quand nous parlons de nudité, nous sommes Africains, humains et nous connaissons les parties de notre corps qui sont supposées être exposées. Et c’est sur la base de ces principes que mon habillement en tant qu’homme doit couvrir ma nudité. C’est dire que quand on regarde quelqu’un physiquement, on ne doit pas voir sa poitrine (de sexe féminin ou masculin), on ne doit pas voir ses cuisses, encore moins d’autres parties plus intimes que les cuisses. En un mot, on ne doit pas voir un certain nombre de parties du corps. Ça, c’est un aspect. Deuxièmement, on peut ne pas l’exposer physiquement parce qu’au regard, on ne peut pas voir ces parties. Mais si la tenue portée est tellement moulante, serrée que ça retrace toute l’anatomie de cette personne, ça aussi ce n’est pas pour la gloire de Dieu. Quelle est l’intention de celui qui s’habille comme ça ? Nous ne pensons pas que ça soit des objectifs sains.
Est-ce que la Bible impose des habits à porter par les différentes catégories de chrétiens ? (Je veux dire membres simples, ouvriers, responsables et autres)
La Bible n’impose pas un type d’habillement pour les différentes catégories de chrétiens. Cependant, selon l’organisation interne de chaque congrégation, certaines personnes qui sont appelées au service par exemple les prédicateurs, les enseignants, les membres de la chorale, ceux qui sont chargés du protocole et de l’accueil, etc, peuvent sous les auspices de l’organisation qu’est l’église ou l’assemblée avoir une tenue, un modèle un peu comme on le voit dans nos entités universitaires. Si vous êtes étudiant en médecine, vous devriez vous habiller d’une manière donnée, en enseignement secondaire également. Donc quand on vient dans une église, selon que l’église a mis l’organisation en place, ceux qui sont chargés du sacerdoce peuvent avoir des apparats qui sont différents de ceux qui sont chargés d’autres aspects de la célébration. Mais pour ce qui concerne les participants au culte, il n’y a aucune imposition en matière d’habillement. Et ce que l’église fait et que nous devons encourager c’est de continuellement exhorter nos membres, les sympathisants à ces programmes là à garder les principes bibliques, l’habillement décent. Et ce mot décent est quand même une valeur partagée partout. Ce n’est pas en effet une question d’église. Dites-moi, dans quelle famille africaine on va tolérer qu’une fille sorte de la maison mal habillée ! La présentation qui expose les parties intimes du corps, c’est ça mal s’habiller. Si déjà depuis la famille qu’elle soit chrétienne ou non on n’accepte pas ça et donc on ne peut pas accepter cela non plus dans une assemblée chrétienne. Et si nous voulons faire une petite comparaison avec d’autres types de religions, il y a des religions qui imposent qu’on ne voie rien du tout. La présentation physique est très importante pour elle. Je cite sans doute la religion islamique où on ne présente rien. Vous imaginez.
Une équipe de notre rédaction a été témoin oculaire d’une scène. En effet des frères ont été chassés pour avoir porté quelque chose qui était quand même sans polémique. Comment accueillez-vous cela ?
Les indicateurs pour apprécier ce qui est avec ou sans polémique, on doit les laisser à la discrétion de ceux qui ont organisé leur truc, ceux qui ont organisé le lieu de rassemblement. Puisque comme vous le savez d’ailleurs et même de façon je dirais séculaire, dans certains pays, il y a ce qu’appelle la police des mœurs qui n’a rien à voir avec la religion. La police des mœurs est chargée et je pense que nous avons ça aussi dans notre pays ici, de faire respecter tous les principes qui vont contre la déontologie en matière d’habillement. Puisqu’il y a une déontologie, il y a un minimum que la société reconnaît et accepte. Maintenant quand on vient sur un lieu de culte et qu’on se présente d’une certaine manière, je laisse comme je le dis la discrétion à ceux qui ont organisé ce type de rassemblement parce que figurez-vous il y a des milieux dans lesquels quand on vous invite, on vous impose la tenue et peut-être sur la carte d’invitation déjà on vous parle du type d’habillement qu’il faut adopter, peut-être le choix de couleurs, l’assortiment etc. Si on peut le faire pour des choses qui n’ont pas de valeur spirituelle ou éternelle, moi en tant que pasteur, je pense qu’on doit être encore plus rigoureux quand il s’agit de ces choses-là. Maintenant c’est une rigueur que j’appelle la main de fer dans un gant de velours. Je dois avoir un peu de discernement si j’ai à faire à des gens qui sont dans mon assemblée pour la toute première fois et qui sont habillés comme ça parce qu’ils ne sont pas informés de la façon dont nous nous comportons chez nous. On doit relativement être plus diplomatique pour les instruire, les informer dans un premier temps, parce que comme on le dis chez quand il n’y a pas de loi il n’y a pas de pêcher. Donc celui qui ne venait pas dans cette assemblée et qui n’était pas informé des principes en matière d’habillement pourrait dévier. Mais dès que toutes ces informations sont connues, il n’est pas question qu’on puisse les violer et donc je serai moi-même en tant que pasteur sans état d’âme pour faire mettre en règle avec rigueur quelqu’un qui pourrait marcher sur les principes en matière d’habillement pour se présenter en public.
Le comportement vestimentaire peut-il dépendre du degré de foi en Dieu ?
Je dirai non ! Je résume personnellement la foi en ce que j’appelle la relation personnelle avec Dieu. Parce que la Bible dit que sans la foi, nul ne peut être agréable à Dieu. Donc si je rentre en relation personnelle avec Dieu, c’est avec la foi que je vis cette relation puisque Dieu est invisible, je ne peux pas le voir. Alors est-ce que c’est quand je commence cette relation avec lui que je respecte les principes où quand je vais passer 10 ans dedans ? Non quand on adhère à une religion, un peu comme ça se passe dans nos religions endogènes, le jour où vous adhérez, on vous informe des règles et des pratiques et c’est à partir de ce jour-là qu’on respecte et principes et pratiques. Le chef du couvent ou du culte ne va pas vous laisser rester tel. Il ne vous donnera pas quelques semaines, le temps de maîtriser les choses, non. On vous dit tout au début et vous n’avez pas le choix. Si vous avez choisi adhérer, vous adhérez complètement. Donc il n’est pas question de dire que c’est en fonction du degré de foi que je dois m’habiller comme ceci ou comme cela. J’ai décidé de m’engager dans ce chemin, je m’y engage avec tous les principes. Voilà pourquoi les sociétés aujourd’hui ont le devoir parce que l’assemblée et la conférence se renouvellent à chaque séance car il y a des gens qui n’y étaient pas et donc à chaque fois qu’on n’en a l’occasion, on rappelle un certain nombre de principe qui sont des principes clés. Maintenant dans certaines assemblées comme la mienne, il y a de sous-groupes que nous appelons les cellules de soins de maison où déjà quand la personne vient pour la première fois, il y a un responsable à ce niveau qui, en se rapprochant de lui par le contact, commence déjà par l’informer d’un certain nombre de choses. Mais ce n’est pas dans l’immédiat. Non ça ne se passe pas comme ça. Quand la personne a pris l’engagement, la décision de suivre le Christ, de l’accepter dans sa vie et de s’identifier à lui, son encadrement spirituel déjà commence par prendre en compte les règles et pratiques physiques qui aussi entrent en ligne de compte avec cette nouvelle foi. De grâce, il ne sera pas question de dire on attend 1 an, on attend 6 mois avant de commencer par lui dire certaines choses. Il est informé des principes et on les lui rappelle régulièrement. S’il arrivait qu’on le retrouve en train d’enfreindre ces principes là, c’est vrai le Christ nous recommande de traiter les uns et les autres par amour donc en voulant lui faire des reproches, je vais le faire avec amour pour lui montrer que voilà un principe qui nous est cher et qui est en train d’être violé.
Un chrétien qui, après une réprimande abandonne la foi, à qui la faute ?
Vous savez le principe du salut, c’est-à-dire quelqu’un qui a quitté les pratiques de vie qui n’est pas conforme à la parole de Dieu et qui s’inscrit désormais dans la ligne de suivre le Christ, d’être son disciple, la personne là le fait d’abord avant tout et même après tout pour elle-même. Si tu as décidé d’être disciple de Christ, de Jésus-Christ et que sur ton parcours, dans ta marche de disciple, il arrive que tu enfreignes des lois et qu’on te ramène sur le bon chemin, on te réprimande, ce n’est que normal. Dans quelle famille on n’éduque pas ? L’éducation, c’est tout au long de la vie. Maintenant là où je vais un peu compléter ma position, c’est que cela doit se passer dans l’amour. On ne peut pas par exemple faire ce genre de correction en public et honnir publiquement la personne. Comme le disent les anglophones, l’embarrasser, non. On ne va pas le faire comme ça. On va l’appeler de façon discrète et le faire. Maintenant si on le fait dans les formes et dans les normes et que sur cette base-là, tu estimes que tu ne peux plus être disciple de Christ, je ne parle pas d’assemblée, je ne parle pas de congrégation, si c’est ça qui fait que tu ne peux plus être disciple, tu refais le choix de ne plus être disciple et tu vas assumer. Donc tu ne fais du mal à personne. Je suis pasteur, je fais mon devoir en aidant, et en tant que berger, en aidant les brebis à rester dans la bonne direction. Donc si une brebis estime que sur la base de ce que je viens de faire, elle ne peut pas rester dans la bergerie, elle expose sa vie à des dangers incalculables. Voilà, donc ce n’est pas la faute du berger. Le berger aurait fait son boulot en mettant la brebis qui s’égarait loin du troupeau sur la bonne voie donc si cette brebis-là décide de son propre chef, de renoncer à sa foi à cause de ses remontrances-là, je pense qu’elle aurait choisi et c’est un choix quand même dangereux.
Entre l’habillement et le dévouement à l’œuvre de Dieu, lequel devrait être l’important ?
Il n’y a pas l’un sans l’autre parce que la Bible déclare dans 1 Corinthiens 6 verset 18 que notre corps est le temple du Saint Esprit et si nous avons de la révérence, du respect pour le temple de Dieu, la façon dont nous nous habillons est importante et de la même manière la façon dont nous nous dévouons pour servir ce Dieu dans son œuvre, dans l’activité est également importante. Je vous donne un exemple, pouvez-vous me dire qu’en tant que chantre, choriste, membre du groupe musical, ayant reçu un talent de Dieu que vous mettez au service de Dieu je peux vouloir me montrer en public en tant qu’homme vertu d’une tenue peu recommandable ? Non. Être un choriste ou chantre de la musique chrétienne ne vous permet pas de vous habiller en une star de la musique mondaine. Vous devez être dans le respect et les règles de la Bible car tout commence là. Donc un choix ne peut se faire entre l’habillement et le dévouement à l’œuvre de Dieu car c’est de me demander comme exemple si le médecin est libre d’entrer dans la salle d’opération sans avoir respecté le protocole y compris la tenue. Non, car les deux vont de pair. Le soldat n’a pas le choix de son habillement, son apparence pour aller au front.
Un mot pour mettre un terme à cet échange ?
Mon message à tous les chrétiens, tous les disciples de Jésus-Christ est de commencer par respecter scrupuleusement les principes, les enseignements, les règles bref, tout ce qui gouverne la vie d’un vrai disciple. La Bible déclare que le disciple n’est pas plus grand que son maître mais un disciple accompli est comme son maître. Est-ce que Jésus Christ s’habillerait comme tu penses le faire pour venir dans un temple ? Est-ce que si Jésus-Christ était un chantre, il allait s’habiller comme ça ? S’il devrait participer à une célébration, un mariage quelle que soit l’occasion, s’habillerait-il ainsi ? Si Jésus ne peut le faire, le disciple que tu es ne peut le faire et ce principe n’a pas de limite, de frontière peu importe le lieu, le pays où l’on se trouve. La parole de Dieu, les révélations du Maître doivent être respectées à tout moment et partout. Voilà mon appel aux chrétiens. Dieu les bénisse et que tous ceux qui suivent sa parole le fassent en toute connaissance de cause.
Réalisation : Mahussé Barnabé AISSI (Coll.)
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