L’artiste chanteur Gérard Kpossè se veut une étoile montante dans le gospel béninois. Après son premier album, il se prépare activement, malgré son handicap physique, pour mettre le deuxième sur le marché discographique du Bénin. Dans cet entretien, le jeune artiste a apporté plus de précisions sur son parcours.
Vous êtes un chantre de l’Eternel. Que peut-on comprendre par-là ?
Un chantre de l’Eternel, c’est quelqu’un qui a choisi de chanter pour Dieu. Celui qui a choisi de chanter les merveilles de Dieu.
Pourquoi avoir choisi de chanter pour Dieu ?
C’est surtout à cause du parcours de ma vie. Ce que j’ai vécu par le passé et là où je suis aujourd’hui. J’ai compris que ce n’est que Dieu qui peut faire cela. Ce n’est que la main de Dieu qui peut transformer une vie comme la mienne. Donc, c’est pour lui être reconnaissant que j’ai choisi de chanter pour Dieu car, c’est lui qui donne la vie, c’est lui qui sanctifie toute chose. Nous devons vraiment être reconnaissants envers lui.
Faire de la musique, en l’occurrence le gospel, n’est pas chose aisée dans le contexte actuel. Pouvez-vous nous faire part de votre parcours ?
Le chemin est vraiment long avec beaucoup de difficultés et beaucoup de péripéties. Et si tu n’es vraiment pas endurant, tu ne peux pas briser les barrières. Pour moi, ce sont des barrières à la vie que je suis en train de briser petit à petit parce qu’avant, j’étais dans un autre monde. Et dans ce monde, je ne connaissais pas les réalités du monde spirituel. Ce qui a beaucoup joué sur moi et il a fallu que je noue une relation particulière avec Dieu pour savoir comment déplacer les choses. Cela m’a permis d’être à un niveau plus avancé.
Pour faire du gospel, il faut savoir d’abord chanter. Où avez-vous appris à chanter ?
Je dirai d’abord que c’est un don pour ma famille. Tous ceux que j’ai connus dans la famille ont des capacités de celui qui peut chanter, jouer le tam-tam ou d’autres instruments. C’est ce don que j’ai essayé de travailler pendant des années et c’est ainsi que j’ai pu être à ce niveau.
Avez-vous déjà des titres ou des albums à votre actif ?
Mon premier album a été lancé en 2013. Cela n’a pas connu un grand succès mais beaucoup l’ont quand même écouté. Cet album, intitulé ‘’Bonne Nouvelle’’, est composé de 7 titres. Malheureusement, sa promotion n’a pas marché comme je l’aurais souhaité. Il y a des morceaux de cet album que les gens aiment beaucoup. Je dois aussi souligner qu’au début, j’avais des morceaux qui n’étaient pas du gospel. J’ai dû écouter d’autres artistes qui font aussi du gospel. Cela m’a permis de me perfectionner et actuellement, je suis en train de travailler sur mon second album qui va bientôt sortir.
Comment préparez-vous le second album ?
Le travail est un peu dur. C’est moi seul qui suis en train de travailler avec mes propres moyens. Je vais solliciter des aides si l’occasion se présente mais je dois faire moi-même le premier pas. Je veux profiter pour dire aux artistes de ne pas attendre l’aide de quelqu’un avant d’évoluer. Dans ce domaine, il faut apprendre à se battre.
Combien de morceaux avez-vous prévus pour le compte de ce second album qui est en téléchargement ?
Cet album aura au minimum 12 titres voire 15 et il sera intitulé ‘’La Confiance’’.
Faites-nous part de vos difficultés
Les difficultés sont énormes. D’abord, être une personne handicapée et avoir une activité qui va te nourrir et pouvoir assurer les dépenses des albums, c’est vraiment difficile. Je suis une personne handicapée mais j’ai perdu un peu tôt ma maman et par la suite mon papa. Dès lors, j’essaye de faire de mon mieux. J’ai appris un métier, le stylisme et j’ai aussi mon atelier. Ensuite, j’ai cherché à entreprendre quelque chose pour devenir moi-même. Pour moi, la mendicité n’est pas une bonne chose. Si c’est ce que je devais faire, je n’allais pas me rendre compte de ce don que Dieu m’a donné et il allait s’éteindre en moi. Je pense et soutiens qu’il faut faire quelque chose soi-même pour s’en sortir.
Avez-vous eu l’occasion d’être en contact avec d’autres artistes du gospel ?
Quand, au départ j’étais catholique, j’étais sérieusement pieux. Je ne m’ouvrais pas aux autres. J’étais seul dans mon coin jusqu’à ce que j’ai compris qu’avec Dieu, il faut une relation et cette relation vient de la foi. Donc, c’est la foi qui permet de collaborer. Mais moi, j’étais resté timide et c’est cette timidité qui a beaucoup joué sur moi. C’est quelques années plus tard que j’ai compris cela et je me suis dit qu’il faut avoir une autre mentalité. Je vais actuellement dans une église évangélique pour ne pas rester à la maison les dimanches.
Êtes-vous déjà marié ?
En tant qu’handicapé, il faut d’abord se battre. Autrement, ce sera difficile de trouver une femme car, la femme dans leur pensée, c’est manger chez leur mari et être à l’aise. Il faut vraiment être prêt pour se lancer dans cette aventure. Mais, c’est quand même dans mes projets. J’y pense aussi.
Parlez-nous un peu de vos projets mis à part l’album en téléchargement
Mes projets sont nombreux. Mon grand projet, c’est d’abord de réaliser l’album et organiser des concerts pour ma visibilité afin que les gens connaissent qui je suis.
Avez-vous un message à lancer ?
Je dirai aux autorités de toujours penser à nous les artistes surtout aux personnes handicapées qui ont un talent. C’est vrai que des efforts sont en train d’être faits.
Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUN
- 9 octobre 2024