Yrédée Bamidélé Challa, ingénieure culturelle et touristique sur la promotion de La culture au Bénin : « Notre spécialité, c’est de faire la promotion de la culture autrement »

La promotrice du centre culturel Espace Charme d’Afrique s’engage dans la promotion de la culture au Bénin. Dans cet entretien, Yrédée Bamidélé Challa, dans la même dynamique, a annoncé les journées portes ouvertes pour donner un aperçu sur la programmation culturelle prévue pour le dernier trimestre de l’année 2023.

Donnez-nous plus de détails sur les journées portes ouvertes que vous organisez ?
Les journées portes ouvertes que nous organisons pour le grand public les vendredi 20 et samedi 21 octobre prochains ont pour objectif de nous faire connaître davantage ainsi que les différents compartiments du centre culturel Espace Charme d’Afrique et donner libre cours aux invités de visiter tout le centre dans ses différents départements. C’est aussi une occasion pour exposer au grand public, la programmation culturelle et artistique que nous démarrons et qui prend en compte les mois d’octobre, de novembre et décembre. C’est dans ce contexte que les journées portes ouvertes sont prévues pour se tenir.

Dites-nous depuis combien de temps le centre culturel Espace Charme d’Afrique met ses services à disposition du public !
Les portes de l’Espace Charme d’Afrique ont été ouvertes au public depuis 2019 avant la COVID-19 qui nous a beaucoup éprouvé. Quatre ans après, nous sommes toujours là malgré les hauts et les bas. Notre spécialité, c’est de faire la promotion de la culture autrement en mettant un accent particulier sur la promotion des livres, de l’art culinaire traditionnel du Bénin y compris la promotion des activités aussi bien culturelles, artistiques qu’intellectuelles. Je peux dire la promotion du Bénin dans toute sa diversité. Nous organisons des activités de toutes sortes à savoir : les conférences intellectuelles, des activités d’art culinaire et notre bibliothèque est très fréquentée par les adolescents. Il y a aussi le restaurant, notre Local Food Cotonou, l’art culinaire traditionnel du Bénin, particulièrement les mets qui sont en voie de disparition et qui existent dans notre restaurant, les boissons et la promotion des produits locaux. Il faut signaler qu’ici, nous avons la particularité d’apprêter les mets à base des produits exclusivement locaux. Vous n’allez pas voir des produits importés, ni les boîtes de conserve, ni les produits congelés. Aussi, faut-il ajouter que nous faisons des prestations intellectuelles, l’ingénierie culturelle, le management artistique, l’organisation d’événements culturels et touristiques, des trips touristiques. Contrairement à ce qu’on observe habituellement, nous vivons des expériences culturelles qui amènent les touristes à non seulement visiter les sites touristiques mais aussi, à s’imprégner du vécu quotidien des Béninois et découvrir les spécialités culinaires du territoire qui restent uniques au monde.

A quoi vont s’attendre les invités aux journées portes ouvertes ?
C’est l’exposition de toute la programmation culturelle, les spectacles, les activités intellectuelles artistiques, le lancement de notre club de lecture et d’autres disciplines telles que la musique, la littérature, le slam, le conte, le cinéma, l’entrepreneuriat féminin, l’art culinaire traditionnel et bien d’autres.

Qui sont ceux qui sont précisément attendus aux journées portes ouvertes ?
Les professionnels des médias, les partenaires de l’Espace Charme d’Afrique. Il faut signaler qu’on a connu un long silence. La dernière programmation faite date déjà d’avril dernier. C’est aussi l’occasion de rappeler à nos partenaires que les activités ont repris et qu’ils peuvent nous rejoindre comme d’habitude. Nous n’oublions pas non plus d’autres partenaires qui veulent bien nous accompagner dans ce que nous faisons. Les nouveaux adhérents et le grand public sont aussi attendus.

Y a-t-il des difficultés auxquelles vous êtes confrontés dans cette aventure ?
En termes de difficultés, nous pouvons parler du manque de financement qui est devenu une difficulté commune à tous les centres culturels. C’est encore plus difficile avec l’avènement de la COVID-19 car, les plateformes de financement traditionnel qui nous permettraient d’exister sont plus portées vers l’extérieur. Malheureusement, il y a eu beaucoup de restrictions avec la COVID-19.

Un appel ?
C’est vrai que le gouvernement du Bénin mène de nombreuses actions pour la promotion de la culture mais les espaces culturels sont du reste. Nous, promoteurs d’espaces culturels, nous sommes normalement les relais quand il s’agit de jouer le rôle de la promotion de la culture et de la vie culturelle. Il serait souhaitable que des actions concrètes nous impactent financièrement parlant. Notre voeu le plus cher, c’est que nos actions soient reconnues à leur juste valeur. Que nous puissions bénéficier de l’accompagnement nécessaire et technique qu’il faut pour pouvoir continuer d’exister. C’est aussi de reconnaître l’utilité de la culture dans notre quotidien et dans le
développement de notre pays le Bénin. C’est vraiment important. Je dirai même que c’est quelque chose de vital. J’invite aussi toutes les composantes à contribuer au financement de la culture car, c’est cela qui valorise nos identités, nos potentialités culturelles et touristiques. Aujourd’hui, le tourisme s’affiche comme un grand vecteur de promotion et du développement pour l’économie nationale. Il a été prouvé que le tourisme apporte énormément au Produit intérieur brut (PIB). L’énergie nécessaire qu’il faut et qui n’est pas donnée à la culture est à déplorer. C’est la culture qui fait vivre le tourisme et sans la culture, il n’y a pas de tourisme. Notre appel va aussi à l’endroit
du gouvernement du Bénin. Que le financement puisse être à nouveau disponible, que les actions sérieuses contribuant à la promotion de la culture soient posées.
En 2019, il y a eu une enquête sur les espaces culturels à laquelle nous avons participé. C’était porteur d’espoir pour nous car, on se disait qu’ils allaient finalement nous découvrir et savoir ce qu’on fait. Ladite enquête a tenu compte de la catégorisation des espaces culturels et de la spécificité de chaque espace culturel. Malheureusement, depuis ce temps, c’est le silence total qui s’observe. Si ce projet peut être ressuscité et conduit à son aboutissement heureux, ce sera une très bonne chose et cela peut changer beaucoup de choses. On espère que les autorités fassent quelque chose pour faire bouger les lignes dans le domaine de la culture.

Votre mot de la fin
Que les populations de Cotonou et environs soient massivement présentes à nos journées portes ouvertes pour découvrir toute la programmation que nous avons. Aussi, sont sollicités les mécènes et les entreprises qui peuvent se joindre à nous pour la promotion
de la culture et leur propre visibilité. Nous rappelons que nous lançons aussi la saison artistique avec le concert live de Robinson Sipa et d’autres artistes y compris des expositions d’art pour le compte du dernier trimestre de l’année.
Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUN