2ème session ordinaire 2023 du Parlement béninois : Le message d’enseignements de Louis Vlavonou

2 novembre 2023

Le président de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou, a procédé le mardi 31 octobre 2023 à l’ouverture solennelle de la deuxième session ordinaire de l’institution pour le compte de l’année 2023. Ceci, conformément aux dispositions de l’article 87 de la Constitution reprises par l’article 4 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. C’était au siège de l’institution au palais des gouverneurs à Porto-Novo, en présence de la majorité absolue des députés, des présidents des institutions de la République, des membres du corps diplomatique et consulaire, des représentants des organisations internationales, du préfet de l’Ouémé, Marie Akpotrossou, du Maire de Porto-Novo, Charlemagne Yankoty, des représentants du Haut commandement militaire, d’anciens parlementaires pour ne citer que ceux-là.
Comme à l’accoutumée, le président de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou, à l’occasion de l’ouverture de cette session, a délivré un discours qui a abordé plusieurs sujets d’actualité nationale et sous-régionale. Au plan national, il a évoqué les bonnes relations qui existent entre l’Executif et le législatif. De même, il a mis un accent particulier sur la nécessité du respect mutuel entre politiques d’un même Parlement voire d’une même Nation en dépit des divergences d’opinions et politiques. Selon lui, il y va de la vitalité de la démocratie. Les questions sociales comme la décision de faire des enfants selon sa capacité à les entretenir, n’ont pas été occultées.
Au plan sous-régional, le président Louis Gbèhounou Vlavonou n’a pas manqué d’afficher sa préoccupation par rapport aux attaques terroristes qui sévissent depuis quelques années dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest. Sur le sujet, il s’est réjoui du travail qu’abattent les Forces de défense et de sécurité du Bénin et grâce auquel aucune portion du territoire national n’est aux mains de groupes terroristes. Par ailleurs, le président Louis Gbèhounou Vlavonou, a tenu à rappeler que cette session ordinaire est essentiellement budgétaire et que toutes les démarches menées par le gouvernement à travers le débat d’orientation budgétaire et les réalités socio-économiques du Bénin devraient permettre l’adoption sans anicroche de la loi de finances, exercice 2024 soumise à l’appréciation des députés au cours de ladite session.

(Lire ci-dessous l’intégralité du discours du président Louis Gbèhounou Vlavonou)

Distingués invités, en vos rangs, grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux du grand honneur qui m’échoit d’avoir à vous présenter les souhaits de bienvenue dans ce sanctuaire de la démocratie qu’est l’hémicycle. Je saisis cette opportunité pour nous inviter à prendre la juste distance afin de disposer notre regard à embrasser le faisceau des exigences politiques, sécuritaires, sanitaires, sociales et démocratiques qui engagent le développement durable et intégral de notre monde en général et de notre cher pays le Bénin en particulier. La perspicacité de nos analyses avisées va redonner espoir à nos populations dont nous sommes les hauts dignitaires pour que la confiance qui renait soit davantage soutenue pour augurer un lendemain meilleur. J’ai la ferme conviction que les valeurs de la République : la fraternité, la justice et le travail peuvent constituer le socle commun d’une société pluraliste et prospère. Dans ce sillage, votre esprit cultivé, votre jugement sain et droit, vos idées claires sur les atouts, les opportunités et les différentes compétences constituent un tremplin pour l’évolution nécessaire et inexorable des objectifs que nous nous sommes assignés depuis le début de cette législature.
La présente cérémonie marque le démarrage de la deuxième session ordinaire de l’année, conformément aux dispositions de l’article 87 de la Constitution de notre cher pays, reprises par l’article 4 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. La première moitié de cette session sera essentiellement consacrée à l’examen et au vote du budget de l’Etat pour la gestion 2024. Comme nous le savons tous, l’adoption de la loi de finances, expression chiffrée de la gestion du pays dans tous ses compartiments, est une prérogative constitutionnelle et un acte politique majeur qui va au-delà des relations entre le Gouvernement et le Parlement. Elle interpelle et intéresse toutes les composantes de la communauté nationale.
Qu’il me soit permis à l’entame de mes propos, de rendre grâce à Dieu le Tout-Puissant et le Miséricordieux, pour sa sollicitude particulière à l’égard de notre cher pays et de ses populations. Que ses bénédictions continuent de jaillir sur le Bénin et sur l’ensemble de notre peuple.
C’est aussi avec une grande joie que je salue la présence très appréciée des Présidentes et des Présidents des différentes institutions de notre pays et je tiens, au nom de tous les Députés et en mon nom propre, à les remercier, pour l’honneur qu’ils nous font d’être à nos côtés en pareilles circonstances, bousculant au besoin, leurs agendas respectifs.
Mes sincères remerciements vont également à l’endroit des membres du Gouvernement pour leur présence, en me félicitant au passage et une fois encore, de l’excellente qualité des relations fonctionnelles qu’entretiennent, si heureusement, la Représentation nationale et l’Exécutif. Tel est en effet, l’esprit des décisions de la Conférence des forces vives de la Nation et par ricochet, de la Constitution du 11 décembre 1990.
Aux membres des corps diplomatique et consulaire, aux représentants des institutions internationales, interafricaines, sous régionales et autres partenaires au développement de notre pays ici présents ou empêchés, je voudrais leur dire, au nom de l’Assemblée nationale, combien le peuple béninois est sensible à leur amitié et à leur solidarité. En tant qu’institution législative, nous continuerons de jouer notre partition pour aider le Gouvernement béninois à maintenir et à renforcer ces liens d’amitié et de fraternité.
A vous, sages et notables de la ville de Porto-Novo présents par l’esprit et la pensée, faute de places ici même, à travers vous, à ceux de la nation tout entière que vous représentez, je voudrais vous dire merci pour vos prières quotidiennes et vos contributions respectives et inestimables pour l’entretien d’un climat de paix et de concorde dans notre cher et beau pays, le Bénin. La paix, faut-il le rappeler ici, est un élément nécessaire du développement durable ; elle fait le lien entre ses différents piliers et concourt à l’épanouissement des uns et des autres sur toute l’étendue du territoire national. C’est la raison pour laquelle, dans son Agenda 2030, l’Organisation des Nations unies a retenu la promotion de l’avènement de sociétés pacifiques au nombre des dix-sept (17) objectifs à atteindre pour promouvoir le développement durable dans le monde.
A vous-mêmes, Mesdames et Messieurs les Honorables Députés, mes chers collègues, je m’en voudrais énormément, de ne pas vous remercier du fond de mon cœur pour votre présence massive à la présente cérémonie ; je voudrais y déceler le présage de votre assiduité réitérée aux travaux, tant en commissions qu’en séances plénières, tout au long de la présente session.
Du reste, comment ne pas rappeler, ne serait-ce que pour m’en féliciter, que, grâce au sérieux dont vous avez toujours fait montre dans l’exercice de vos fonctions respectives, l’intersession, souvent considérée comme une période de vacances, fut très riche en activités parlementaires ?
Vous avez été particulièrement assidus aux ateliers, séminaires et autres activités de renforcement des capacités organisés à votre intention. Grâce à votre disponibilité, nous avons pu tenir également deux sessions extraordinaires pour évacuer des dossiers urgents. A cet égard, je ne peux que me féliciter de l’adoption à bonne date par notre Parlement, le lundi 2 octobre dernier, du budget de l’institution dont le montant a été intégré tel quel dans le projet de loi de finances que nous nous préparons à examiner. Cette adoption qui s’est faite dans le respect de la Constitution, de la loi organique relative aux lois de finances et du Règlement intérieur, confirme s’il en était besoin, la séparation des pouvoirs et l’autonomie nécessaire qu’elle implique au profit de l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, certains d’entre vous ont été très actifs sur le front de la diplomatie parlementaire. Je reviendrai plus en détail sur ces diverses activités dans le Rapport d’activités qui couvre la période indiquée, mais d’ores et déjà, soyez-en infiniment remerciés et félicités.
De même, il est important de le souligner, vous avez, Honorables Députés, pour la plupart, mis le reste du temps à profit pour rendre compte de vos activités à vos mandants respectifs et recueillir, le cas échéant, leurs diverses préoccupations en vue d’améliorer la qualité de votre travail parlementaire.
C’est donc de tout cela, et de bien d’autres activités encore, que je tenais à vous féliciter car elles ont toutes contribué, d’une manière ou d’une autre, à rendre l’institution parlementaire plus visible et c’est tout à l’honneur de chacun d’entre nous.
Veuillez également recevoir mes vives et sincères félicitations pour les distinctions honorifiques qui vous ont été décernées par le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, Grand-Maître de l’Ordre national du Bénin, par décret n° 2023-4408, du 04 septembre 2023, portant nomination à titre exceptionnel et civil dans l’Ordre national du Bénin, des membres de l’Assemblée nationale, neuvième législature. Ces distinctions vous seront officiellement remises dans quelques instants par la Grande Chancelière de l’Ordre national du Bénin ou son représentant, au cours d’une autre cérémonie solennelle.
Néanmoins, tout ceci est beau et donne à croire que nous sommes dans le meilleur des mondes dans le sens de ALDOUS HUXLEY qui publia en 1931 le roman dont le titre en anglais est BRAVE NEW WORLD avec des personnages reflétant la complexité de la nature humaine, des rapports sociaux, des émotions. Autrement dit, le meilleur des mondes nous décrit une société dystopique où les maladies ont été éradiquées, les effets de la vieillesse arrêtés, les naissances sont totalement contrôlées et les enfants se voient formater très tôt pour leur futur rôle social par l’hypnopédie. Mais cela relève de la science-fiction. En effet, nous ne prenons pas en compte le respect de l’autre qui doit caractériser nos relations au sein de l’hémicycle. Le respect est une réalité complexe car, à l’inverse de l’attirance et de la crainte qui se glissent en lui, il n’est pas naturel. Il est cette retenue qui pose le regard porté sur l’autre. Regard qui relève souvent de la pression sociale et s’accompagne de formules lisses et de gestes convenus. Bien loin d’être le simple reflet d’une crainte naturelle devant plus imposant que soi, le respect n’est pas non plus le fruit d’un intérêt calculé. C’est la mémoire qui lui donne sa forme en trouvant les mots et les gestes appropriés. Mémoire de ce qui a été socialement acquis, mais aussi mémoire plus enfouie de notre corps diversement accueilli et respecté lors de sa venue au monde. La manière de se rendre présent à l’autre en reste marquée et sera parfois le fruit d’un rude combat intérieur. Elle peut être aussi extrêmement difficile à mettre en œuvre chez quelqu’un qui souffre d’une trop grande mésestime de soi. Le respect ne se laisse donc réduire ni à une injonction sociale produite par l’éducation, un semblant de politesse superficielle, ni à un affect, une sorte de prédisposition sensible à autrui, positive ou négative. Il est un sentiment spirituel à proprement parler, au sens de la considération de l’autre et le travail de la mémoire ne cessent de retenir l’élan positif ou négatif qu’autrui suscite en moi. Son visage, sa voix, son attitude appellent à suspendre jugement et action pour se tourner vers lui.
Le respect trace ainsi une limite infranchissable qui dessine l’espace sacré de chacun, celui de sa liberté inviolable, et permet alors de s’engager peu ou prou avec l’autre dans une relation de vérité et de confiance. Toute rencontre réussie, toute relation épanouie, a fortiori l’amitié ou l’amour, repose sur un respect mutuel et nécessaire que fortifie en retour la croissance de ces relations. Respect de l’autre et respect de soi se construisent et grandissent l’un pour l’autre, créant une mémoire commune qui permet de dépasser le jeu trop immédiat des affects ou des attentes.
Toutefois, le respect va bien au-delà du sentiment spirituel et des attitudes personnelles qu’il inspire. Il est au fondement de la vie démocratique. Comment en effet respecter autrui dans sa dignité si l’on ne se sent pas considéré et traité, de manière égale ?
Comment être vraiment soi-même, avoir confiance en soi et ses potentialités si l’on est insuffisamment reconnu et protégé ?
Le respect s’incarne aussi dans des Institutions qui le médiatisent et le concrétisent à l’échelle de la société. Ces institutions sont elles-mêmes à respecter pour le service qu’elles accomplissent. Mais elles appellent plus encore à respecter la reconnaissance et la volonté du vivre-ensemble qui les fondent. Ce cœur de la vie démocratique en est à la fois, la force et la fragilité. C’est une grande force de pouvoir construire un tel ensemble de services performants et enviés par bien d’autres modèles sociaux. Mais sa fragilité éclate au grand jour quand ce bien commun n’articule plus le « vivre-ensemble » où il trouvait l’autorité dont il a besoin, devenant l’enjeu d’intérêts ou de rivalités attachés à la finance ou encore liés à des pratiques culturelles, cultuelles et idéologiques. L’espace du respect en est alors soit déchiré, soit saturé par un unique mode d’expression. Je souhaiterais que nous tenions compte de ce respect mutuel pour le temps que nous avons à passer ensemble pour la vitalité de notre démocratie.

Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

A l’ouverture ce jour de cette session, je voudrais vous renouveler ma confiance pour discerner avec vous les signes des temps dans un monde où abondent les signes de la Grande Crise, à commencer par la confusion universelle qui en est le symptôme. La crise revêt des figures multiples : crise de la rationalité, crise de l’identité, crise de la dignité de la personne, crise des systèmes politiques... Elle induit de nombreuses pathologies sociales aggravées par la peur, le chômage, l’individualisme, le rejet de l’autorité et la désespérance devant un monde déboussolé et bouleversé. Sortir de cette confusion exige que ces signes soient ordonnés et interprétés à l’aune des valeurs fondamentales de nos institutions républicaines. Quelle portée sociologique, anthropologique, politique et socio-culturelle pourrions-nous y voir ? Quel doit être le rôle des représentants de ce peuple indivisible dont nous émanons ? La présente session s’ouvre donc dans un contexte de résilience de l’économie nationale face aux chocs exogènes et aux effets néfastes des changements climatiques. En dépit d’un contexte mondial peu favorable, le Gouvernement prévoit un taux de croissance de 6,5% en 2024 contre 6,1% à fin 2023, avec un déficit budgétaire qui s’établirait à 3,7% contre 4,3% projeté pour la fin de l’année en cours. Ces performances globales appréciables seraient principalement dues aux efforts d’assainissement en cours depuis quelques années dans la gestion des finances publiques et qui mériteraient alors d’être poursuivis et consolidés, afin de produire un effet véritable sur le développement économique de notre pays.
Il est un fait, et cela est heureux, que nous avons été associés en amont, notamment à travers le débat d’orientation budgétaire qui a eu lieu ici même à l’Hémicycle du Palais des Gouverneurs, le mardi, 13 juin 2023, à l’élaboration du projet de loi de finances, pour la gestion 2024 soumis à notre examen. En effet, conformément aux dispositions pertinentes de la loi organique n° 2013-14, du 27 septembre 2013, relative aux lois de finances, le Gouvernement nous a exposé ses choix à cette occasion et nous avons eu l’opportunité d’en discuter, de faire nos observations et de formuler des avis et recommandations qui ont certainement été pris en compte lors de l’élaboration dudit projet.
Cet exercice a été marqué cette année, comme vous vous en souvenez sans doute, par une participation significative des Organisations de la société civile qui ont été conviées en ces lieux ; ce qui témoigne de l’importance accordée à la transparence et à l’inclusion des acteurs non-gouvernementaux dans la planification économique et financière de notre pays.
Permettrez-moi d’ouvrir une parenthèse ici pour adresser, en votre nom à tous et en mon nom propre, nos chaleureuses félicitations au Gouvernement à travers le Ministre de l’économie des Finances ici présent, pour le rang plus qu’honorable occupé par notre pays sur l’indice mondial de transparence des dépenses fiscales, tel que publié par le Conseil sur les politiques économiques et l’Institut allemand pour le développement et la durabilité, le lundi, 09 octobre dernier. C’est un motif de satisfaction et de fierté pour chacun d’entre nous.
Au regard de tout ce qui précède et sans toutefois dénier à la Représentation nationale son droit d’amendement tel que prévu et encadré par les dispositions de la Constitution et de notre Règlement intérieur, j’estime, pour ma part, que toutes les conditions sont a priori réunies pour un examen et une adoption, sans heurts significatifs, du projet de loi de finances pour la gestion 2024.

Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

A l’ordre du jour de la présente session qui démarrera ses travaux proprement dits, comme à l’accoutumée, par la présentation et l’adoption de mon Rapport d’activités pour la période du 1er avril au 30 septembre 2023, il est également inscrit, l’examen et le vote de plusieurs projets et propositions de loi qui participent de la nécessité de poursuivre, voire de renforcer les réformes engagées, en vue de faire du Bénin un pays de mieux en mieux gouverné et, surtout, de le placer résolument sur l’orbite du développement économique et social. En effet, comme le disait si bien l’ancien Président français, Monsieur Nicolas Sarkozy : « il n’y a pas d’ascenseur pour la réussite, il faut prendre l’escalier et gravir les marches une à une ».
Au demeurant, dans un monde en pleine et perpétuelle mutation, s’adapter n’est pas une option mais plutôt un impératif de survie et se montrer proactif, un gage de succès. A cet égard, la Représentation nationale doit continuer de jouer entièrement sa partition en accompagnant ou en inspirant, au besoin, les réformes qui visent à améliorer constamment la gouvernance de notre pays et à garantir un avenir meilleur aux générations montantes et futures, même si elles doivent éventuellement s’accompagner de lourds sacrifices. Au vu de ce qui s‘observe ailleurs sur le continent, nous nous devons en effet de donner à nos enfants des raisons de vivre dans leur pays et d’espérer y trouver le pain et la paix qu’ils pourraient être tentés d’aller chercher ailleurs, au péril de leur vie pourtant si précieuses pour la Nation car l’homme est à la fois le moteur et la finalité du développement.

Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Quand votre maison brûle, vous ne pouvez pas vous permettre de regarder ailleurs. C’est pourquoi je m’en voudrais de clore mon propos sans évoquer les difficultés que traverse la sous-région ouest-africaine, en relation avec la montée du terrorisme au cours de ces dernières années. De fait, ce qui n’était qu’un phénomène localisé au nord de la République sœur du Mali, il y a environ une dizaine d’années, s’est propagé progressivement au point d’atteindre certains pays côtiers, dont le nôtre. En son temps, des contingents militaires avaient été envoyés sur place sous mandat des Nations Unies pour voler au secours du peuple malien en détresse. Le Bénin, n’avait pas manqué de participer à cet élan de solidarité et d’entraide fraternelles. Mais aujourd’hui, tous ces pays-là se trouvent également attaqués et contraints de se défendre seuls, face à ce phénomène tentaculaire que tous ces efforts déployés collectivement n’avaient pas permis d’endiguer, encore moins, de neutraliser. Naturellement, cette situation est très préoccupante à maints égards car, non seulement elle compromet les efforts de développement et la paix sociale dans les Etats concernés, mais aussi, et il faut se rendre à l’évidence, elle constitue une grave menace pour la stabilité des institutions républicaines et, par ricochet, pour le processus d’intégration en cours dans notre sous-région.
A mon humble avis, la principale leçon à tirer de cette expérience, c’est que le salut sera collectif ou ne le sera pas car, tant que le terrorisme survivra dans l’un quelconque des pays de notre sous-région, les autres seront constamment sous la menace de la contagion.
Il s’avère alors nécessaire d’établir une étroite collaboration entre tous les Etats concernés pour pouvoir mener efficacement la lutte contre ce fléau qui est et doit demeurer la priorité des priorités. C’est ma conviction profonde et j’avais déjà eu l’opportunité de l’exprimer en d’autres temps et en d’autres lieux, notamment à la cérémonie d’ouverture de la Deuxième Session ordinaire de l’Assemblée nationale de la République sœur du Niger, le lundi 27 septembre 2021, où j’avais déclaré en substance : « l’histoire et la géographie nous condamnent, en tant que dirigeants, à œuvrer inlassablement au renforcement et à l’approfondissement de ces relations de fraternité et de bon voisinage, porteuses de paix et de développement pour nos deux pays et nos deux peuples ».

De façon spécifique, le dernier coup d’état intervenu au Niger le 26 juillet 2023 a fortement ébranlé notre vivre ensemble au sein de la communauté nationale et sous-régionale.
Pour les populations du Bénin en général et celles du septentrion en particulier, le fléau du terrorisme a cessé d’être un sujet lointain. Nos populations apprennent à mener une vie quotidienne ponctuée d’annonces d’évènements terroristes. Les mesures prises par le gouvernement pour assurer la défense de l’intégrité du territoire national ont montré leur efficacité dans le cadre de la gestion de cette lutte et jusqu’à la date d’aujourd’hui, aucune portion de notre territoire n’est aux mains des terroristes. Toutefois, même si l’on assiste à la diminution des attaques contre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), il a été noté une augmentation des attaques lâches contre les populations civiles sans défense. Tout en félicitant le gouvernement et en encourageant nos FDS, notamment ceux qui en ce moment sont dans l’Opération Mirador, face au danger, la représentation nationale voudrait du gouvernement, des mesures supplémentaires à travers l’augmentation des crédits alloués au Ministère de la défense pour la protection des populations des zones à risque. Elle continuera à jouer sa partition en donnant plus de moyens consacrés à la lutte contre le terrorisme et en mettant un accent particulier sur le contrôle des actions entrant dans le cadre de la protection civile.

Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Comment en cette occasion solennelle, ne pas évoquer une question qui taraude l’esprit de tout le monde et qui oppose parfois les uns aux autres : La problématique population/ développement.
D’un côté, les partisans de l’économiste britannique Thomas Malthus dont la doctrine prône la restriction démographique par la réduction de la natalité, qui est soit planifiée par une Autorité (politique malthusienne) ou soit adoptée par une population (un comportement malthusien). Pour ceux-là, la misère des travailleurs découle de l’accroissement démographique.
Pour d’autres, à l’instar de Gilbert Bladorne, ils démontrent avec pertinence que la pression démographique ne constitue pas un obstacle au développement de la production, que les meilleurs résultats dans le processus de développement sont acquis par l’accroissement de la population active et de la productivité et que les politiques pour accroître la production doivent avoir le pas sur les politiques pour faire décroître la population. Dans ce registre, l’un de mes éminents et respectés devanciers à ce perchoir n’avait-il pas raison d’intituler son livre « il n’y a de richesse que d’hommes » ?
Face à ce dualisme, les esprits s’échauffent inutilement à notre humble avis : les conférences par-ci, les débats par-là, économisons un peu notre énergie pour réfléchir au-delà des passions.
Le point commun de tous ces débats, c’est d’agir pour le bien-être des populations. Le Chef de l’Etat en abordant la question démographique ne veut œuvrer que pour le bien-être des populations et que le béninois se porte mieux. L’église catholique, en prônant la paternité responsable n’enseigne pas autre chose : faire le nombre d’enfants qu’on est capable de supporter et ce, par des méthodes naturelles.
En effet, le pape Paul VI dans sa lettre encyclique HUMANAE VITAE aux paragraphes n° 20 et 21 enseigne que « la doctrine de l’Eglise sur la régulation des naissances, qui promulgue la loi divine, pourra apparaître à beaucoup difficile, pour ne pas dire impossible à mettre en pratique. Et certes, comme toutes les réalités grandes et bienfaisantes, cette loi requiert une sérieuse application et beaucoup d’efforts, individuels, familiaux et sociaux. On peut même dire qu’elle ne serait pas observable sans l’aide de Dieu qui soutient et fortifie la bonne volonté des hommes. Mais si l’on réfléchit bien, on ne peut pas ne pas voir que ces efforts sont ennoblissants pour l’homme et bienfaisants pour la communauté humaine.
Une pratique honnête de régulation de la natalité exige avant tout des époux, qu’ils acquièrent et possèdent de solides convictions sur les vraies valeurs de la vie et de la famille et qu’ils tendent à acquérir une parfaite possession d’eux-mêmes. La maîtrise de l’instinct par la raison et la libre volonté impose sans nul doute une ascèse pour que les manifestations affectives de la vie conjugale soient dûment réglées, en particulier par l’observance de la continence périodique. Mais cette discipline, propre à la pureté des époux, bien loin de nuire à l’amour conjugal, lui confère au contraire une plus haute valeur humaine.
Elle exige un effort continuel, mais grâce à son influence bienfaisante, les conjoints développent intégralement leur personnalité, en s’enrichissant de valeurs spirituelles : elle apporte à la vie familiale des fruits de sérénité et de paix, et elle facilite la solution d’autres problèmes ; elle favorise l’attention à l’autre conjoint, aide les époux à bannir l’égoïsme, ennemi du véritable amour, et approfondit leur sens de responsabilité.
Les parents acquièrent par-là la capacité d’une influence plus profonde et plus efficace pour l’éducation des enfants ; l’enfance et la jeunesse grandissent dans la juste estime des valeurs humaines et dans le développement serein et harmonieux de leurs facultés spirituelles et sensibles.
Au niveau du Saint Coran, nous notons au verset 233 du chapitre deuxième que : « les mères qui veulent donner un allaitement complet à leurs enfants devront les allaiter deux années entières. Et à celui dont l’enfant est né incombe sa subsistance et ses vêtements convenablement. Personne n’est imposé plus que ses capacités. La mère n’a pas à subir de tort à cause de son enfant, ni le père à cause de son enfant ».
Autrement dit, chrétiens catholiques et certainement tous les chrétiens ainsi que les musulmans regardent dans la même direction que le chef de l’Etat c’est-à-dire la paternité responsable ou plus simplement exprimé, « faire le nombre d’enfants qu’on peut supporter pour le bien être de nos familles respectives ». Mais les méthodes d’y parvenir pourraient peut-être poser problème.
Avant de clore définitivement mon propos, je voudrais réitérer mes sincères remerciements à vous tous qui avez sacrifié de votre temps pour répondre à notre invitation. L’Assemblée nationale et moi-même vous en savons infiniment gré.
A tous les Honorables Députés ainsi qu’au personnel parlementaire qui nous appuie quotidiennement dans nos travaux, je voudrais souhaiter une excellente santé pour nous faciliter l’accomplissement de notre mission constitutionnelle au service du Bénin et du peuple béninois.
Il y a un proverbe bouddhiste qui dit : « lorsqu’on regarde dans la bonne direction, il ne reste plus qu’à avancer », alors, avançons pour un Bénin plus fort, plus uni et plus prospère.
C’est sur cette exhortation pleine d’espérance, que je déclare ouverte, ce jour, mardi 31 octobre 2023, la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale du Bénin.

Plein succès à nos travaux !
Que Dieu vous bénisse et qu’il bénisse notre cher pays, le Bénin !
Je vous remercie pour votre aimable attention.



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