Une initiative salutaire. Les anciens présidents du Bénin Nicéphore Soglo et Boni Yayi ont pris sur eux, la lourde responsabilité d’aller échanger avec le Président du Niger en vue de la résolution de la crise bénino-nigérienne. Mais cette démarche doit aller au-delà de la seule rencontre avec le président du Niger quand bien même, judqu’ici ce dernier reste campé sur sa position. En effet, le Bénin a déjà joué sa partition en envoyant son ministre des Mines à Niamey mais il n’a pas été reçu et ce fut un échec quant à la volonté de la partie béninoise d’établir le dialogue. Il fallait donc une nouvelle démarche et l’initiative est encore venue du Bénin à travers les deux anciens chefs d’Etat. Même s’ils ne sont pas mandatés par le président Patrice Talon, ils s’y sont visiblement rendus au nom des intérêts de la nation. Maintenant qu’ils sont de retour, il urge qu’ils initient une rencontre de restitution avec le président de la République. Au cours de cet échange crucial, ils pourront donner leurs avis, conseils d’anciens et faire des suggestions à l’actuel locataire de la Marina.
Au-delà du devoir de compte-rendu, les patriarches doivent, par devoir de moralité, écouter les versions de l’autre partie. Ceci leur donnera une légitimité de concevoir objectivement des pistes de solutions. Sans cet échange avec leur successeur, l’initiative prise n’aurait pas sa raison d’être et ils donneraient bonne foi à ceux qui y voient déjà d’autres intentions derrière leur noble démarche. Or, Soglo et Yayi sont bien placés pour donner des conseils et faire des suggestions à leur jeune frère car, plus expérimentés. En temps de crise qui touche à la souveraineté de l’Etat, les acteurs politiques doivent savoir transcender leurs divergences pour l’intérêt supérieur de la nation. Ainsi, les deux doyens de la République qui ont pris leur bâton de pèlerin doivent échanger avec le chef de l’Etat Béninois.
Dans cette perspective, Boni Yayi est appelé à mettre de côté sa casquette du chef de fil de l’opposition. Quant à Nicéphore Soglo, il doit mettre de côté ses griefs contre Talon. Ainsi, se revêtiront-ils de leur tunique d’anciens chefs d’Etat. Car, ce n’est qu’à ce prix que la mission qu’ils se sont eux-mêmes assignée pourrait être efficace et bénéfique pour toute la nation.
Enfin, au terme de la médiation improvisée, les présidents Yayi et Soglo doivent absolument obtenir des compromis de part et d’autre pour décanter la situation. De l’autre côté, Patrice Talon doit également se débarrasser de préjugés sur ses prédécesseurs et s’ouvrir à eux. Dans les pays pris comme modèle de développement et de démocratie, les camps divergents s’entendent toujours pour faire face au danger qui menace leur nation. C’est arrivé en France où Emmanuel Macron a reçu à l’Elysée à maintes reprises ses opposants les plus radicaux notamment Marine Le Pen et Jean-Luc Melenchon pour les consulter sur des questions très cruciales. Au Bénin, le même mouvement de solidarité doit s’observer à l’occasion de cette crise. Nul n’a l’apanage de la vérité. Alors, l’actuel chef de l’Etat doit écouter Nicéphore Soglo et Boni Yayi, sur la crise entre le Bénin et le Niger. Autrement, le bout du tunnel s’éloignera davantage et ce se serait dommage.
Ange M’poli M’TOAMA
- 14 octobre 2024
- 11 octobre 2024