L’adage dit que la langue et les dents peuvent se quereller mais, elles n’auront pas d’autre choix que de finir par s’entendre. Pour ainsi dire, entre le Bénin et le Niger liés aux plans socioéconomique et géographique, les nuages ont beau s’amonceler dans le ciel de la coopération bilatérale entretenue depuis des lustres, le beau temps ne tardera pas à apparaître. D’ailleurs, en dépit de la crise née au lendemain du coup d’Etat qui a emporté Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023 avec des positions des dirigeants politiques tranchées de part et d’autre, l’inauguration de l’oléoduc d’Agadem et le démarrage en janvier prochain, de l’exportation des premiers barils de pétrole nigérien à travers le nouveau pipeline qui traverse le Bénin ont été actés. Plus qu’un projet qui précède l’avènement au pouvoir des président Patrice Talon et Abdourahamane Tiani, le gazoduc entre le Bénin et le Niger est comme un cordon ombilical qui, à coup sûr, donnera une bouffée d’oxygène aux économies des deux pays.
Dans un tel contexte, les liens diplomatiques enrhumés à cause des positions tranchées des deux chefs d’Etat ne peuvent durer longtemps au point de surpasser les intérêts communs aux pays qu’ils dirigent. La preuve, la Cedeao sous le couvert duquel la barre a été placée très haute avec un ultimatum donné aux nouveaux dirigeants nigériens pour rétablir l’ordre constitutionnel a fini par mettre de l’eau dans son vin. A présent, il est question de dégel et de négociations. Entre-temps, les exigences du Bénin et de la Cedeao ont volé en éclats et les nouveaux hommes forts du Niger peuvent scruter l’avenir avec un peu plus de sérénité. De plus, le président Talon a été choisi pour appuyer les deux médiateurs de la Cedeao en vue de faciliter le rapprochement et la paix. Indubitablement, le Bénin ne peut qu’épouser la position de dégel de la Cedeao et mieux, en profiter pour rassurer les dirigeants aux affaires à Niamey et définitivement dissiper les nuages qui, depuis plusieurs mois, assombrissent le ciel des liens fraternels et économiques entre les deux pays voisins.
En définitive, dès lors que les intérêts convergent, la crise peut advenir mais ne saurait s’étendre sur un long terme. Le Bénin et le Niger, que leurs dirigeants le veuillent ou non, ne peuvent pas se soustraire à cette réalité surtout avec le pipeline dont les activités démarrent le mois prochain. Et là, l’or noir qui partira d’Agadem pour Sèmè-Podji circulera à flot pour cimenter un lien et un besoin permanent de paix entre deux pays qui n’ont pas choisi d’être voisins. La nature a imposé son dictat et qu’il pleuve ou qu’il neige, le Bénin et le Niger, au-delà des ressentiments des personnalités de leurs dirigeants, sont condamnés à s’entendre. Enfin, quand on parle d’un lien fort à l’instar du pipeline Agadem-Sèmè Podji, il est mieux de prendre de la hauteur et d’oublier les quiproquos. En un mot, à Talon et Tiani de faire la part des choses.
- 14 octobre 2024
- 11 octobre 2024