Entre le Bénin et le Niger, le mercure est à son paroxysme. La dernière actualité, c’est la sortie médiatique du Premier ministre nigérien, Lamine Ali Zeine au sujet du ministre en charge des Mines qui n’a pas été reçu par le Président du Niger Abdourahmane Tiani, ceci en marge des travaux du Comité inter-Etats de gestion du pipeline. Selon le Premier ministre nigérien, les autorités béninoises ont commis la maladresse de dire qu’il y a eu refus de recevoir le ministre béninois chargé des mines. « Le ministre béninois des mines a été bien reçu par son homologue nigérien. Le chef de l’Etat que j’ai personnellement eu, a donné des instructions pour que le ministre de la santé puisse le recevoir et prendre le message du président Patrice Talon. Le ministre de la santé, c’est un membre du gouvernement. Il est membre du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) et colonel-major. Il est donc digne de recevoir un message destiné au président Tiani », a-t-il indiqué. A l’en croire, le ministre Samou Adambi n’a pas été reçu, parce que Abdourahmane Tiani présidait une rencontre urgente de sécurité suite à une récente attaque terroriste à Boni. « Si le jour là, le ministre béninois n’a pas été reçu, c’est parce que le président était en train d’analyser avec toutes les équipes de sécurité, la situation de l’attaque qu’il y a eue à Boni. Nous savons d’où viennent ceux qui sont venus provoquer le désordre et la désolation », a-t-il précisé. Plus loin, Lamine Ali Zeine a désapprouvé le contenu de la lettre qui devrait traduire une volonté d’apaisement. En outre, il a aussi dénoncé le renvoi des inspecteurs nigériens lors du chargement du pétrole brut de la station terminale de Sèmè-Podji.
Depuis cette guéguerre, après la levée des sanctions contre le Niger, l’on note un silence assourdissant de la part des institutions régionales telles que l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union Africaine. Pourtant, leur mission, c’est de promouvoir l’intégration économique dans "tous les domaines de l’activité économique, notamment l’industrie, les transports, les télécommunications, l’énergie, l’agriculture, les ressources naturelles, le commerce, les questions monétaires et financières, les questions sociales et culturelles. Mais force est de constater que, dans cette crise entre deux pays frères, aucune action concrète n’est entreprise par ces organisations sous-régionales en vue d’un retour au calme. Les attentions sont plutôt focalisées sur le retour des pays de l’Alliance des Etats du Sahel au sein de la Cedeao. Un peu comme si elle est toujours aux ordres des puissances étrangères.
Il faut rappeler que le Bénin a appliqué les décisions de la Cedeao, au regard des mouvements de putsch qui tendaient à se généraliser dans la sous-région. Après la Guinée Conakry, c’était le Mali, le Burkina-Faso et enfin le Niger. Le Bénin n’a fait qu’appliquer une décision commune. Une fois que les sanctions sont levées, et que malgré tout, la crise perdure entre les deux pays, ces organisations devraient les inviter autour de la table de négociations. Mais l’on assiste à un silence coupable de leur part, et les peuples qui n’ont jamais été invités à cette crise en paient le lourd tribut. A croire que selon ces organisations, la crise entre le Niger et le Bénin est un épiphénomène. Cette attitude relève d’une fuite de responsabilité, et montre qu’en réalité, les sanctions mises à exécution à l’encontre du Niger ne sont que l’œuvre d’une manipulation.
La politisation à outrance de la Cedeao la met en difficulté, de sorte qu’il lui est désormais difficile d’assurer la moindre médiation. Rattrapée par ses décisions ‘’va-t-en guerre’’, elle s’enlise davantage en maintenant le silence autour d’une situation qu’elle a, elle-même, créée. Si elle se trouve dans l’incapacité d’assurer cette médiation, rien ne l’empêche de faire appel à l’Union Africaine qui, au-delà de tout, suit aussi la situation de près. Sauf qu’ici, l’Ua ne s’est pas montrée plus radicale que la Cedeao. Il faille donc éteindre le feu au plus tôt, car la survie des organisations en dépend.
- 14 octobre 2024
- 11 octobre 2024