C’est un sursaut patriotique. Le président Patrice Talon a pris une décision difficile mais audacieuse pour affirmer la souveraineté de son pays. Le Bénin d’abord, lit-on à travers les lignes de sa prise de position vis-à-vis du jusqu’au boutisme des dirigeants du Niger. En effet, le chef de l’Etat Béninois a interdit l’embarquement du pétrole nigérien à Sèmè Podji et la sortie des produits vivriers du territoire national. Dans sa première mesure, il s’explique par la sourde oreille de Niamey à la main tendue de Cotonou pour le dégel de la crise née au lendemain du coup d’Etat du Général Tiani. Malgré les efforts du gouvernement Béninois pour rétablir la coopération, la discussion entre les deux pays est restée au point mort. Dans son amour pour son pays, Patrice Talon a décidé de taper du poing sur la table pour faire entendre raison. Ainsi, le pétrole nigérien ne passera plus sur le territoire béninois sans discussions directes entre les deux parties. « Nous avons dit que cela ne peut se faire de façon informelle comme c’est le cas des denrées qui vont au Niger. C’est à croire que les autorités nigériennes préfèrent que le pétrole nigérien traverse le Bénin de manière informelle, soit chargé dans nos eaux de manière informelle parce qu’ils estiment que le Bénin est un pays ennemi ou peut-être que les autorités béninoises sont des ennemis », a déploré le chef de l’État béninois. « Si vous voulez charger vos pétroles dans nos eaux alors vous devez considérer que le Bénin n’est pas un pays ennemi », a-t-il précisé.
Le président Patrice Talon reste ouvert à la collaboration avec le Niger. C’est du moins ce qu’il convient de retenir sur sa récente intervention en date du mercredi 08 mai dernier. Une intervention survenue au lendemain du refus du Bénin d’embarquer le pétrole nigérien. Il ouvre toutefois la porte aux échanges et au dialogue avec les autorités nigériennes. « Je saisis cette occasion pour leur adresser un message de fraternité et d’amitié, de solidarité et dire que le Bénin restera dans cette dynamique aussi longtemps que, eux, ils le voudront », a-t-il laissé entendre à la presse. « Je suis malheureux de le constater et j’appelle de tous mes vœux les autorités nigériennes pour que le Bénin et le Niger retrouvent la fraternité qui a toujours existé. Je voudrais les rassurer que le Bénin n’agressera jamais le Niger. Il n’est pas de notre intérêt », a-t-il poursuivi. Patrice Talon a déploré la posture des autorités nigériennes qui considèrent le Bénin comme un pays ennemi. « Pourquoi le Bénin serait un pays ennemi, adversaire du Niger ? Pourquoi les autorités béninoises seraient des adversaires des autorités nigériennes », se demande le premier béninois.
La politique protectionniste
Les produits vivriers n’iront plus ailleurs jusqu’à nouvel ordre. C’est une decision qui va impacter plus le Niger qui est le principal importateur de certaines denrées telles que le maïs. Le gouvernement prend ainsi une seconde decision de souveraineté en mettant un embargo sur la sortie des produits vivriers du territoire national. C’est suite à un point de la situation présenteé par le ministre de l’Industrie et du Commerce. Il a indiqué que la production nationale à l’issue de la campagne agricole écoulée, s’est avérée suffisante pour satisfaire la consommation intérieure. Le ministre explique la situation par le fait d’activités illegales dont des trafics incontrôlés qui entraînent une envolée des prix sur les marchés. “En effet, de nombreux producteurs et commerçants sont portés à satisfaire les demandes en produits vivriers venant de pays étrangers au détriment du marché national. S’il est vrai que dans un contexte de libéralisme économique c’est l’offre et la demande sur les marchés qui déterminent les prix et que la libre circulation des biens est admise dans notre espace communautaire, il n’en demeure pas moins vrai que le phénomène prend une ampleur telle que le consommateur béninois en subit les consequences”, a déclaré Alimatou Shadiya ASSOUMAN. C’est pourquoi, dans le but d’assurer la disponibilité des produits à un coût raisonnable pour les populations, le Conseil des ministres, après avoir évalué et apprécié la situation, a décidé d’interdire temporairement et ce jusqu’à nouvel ordre, toute exportation de céréales. Il s’agit du maïs, du riz, du mil, du sorgho, du niébé, de même que des tubercules et leurs dérivés, comme les farines dont le gari, etc.
Ange M’poli M’TOAMA
- 4 octobre 2024
- 4 octobre 2024