Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Honorables Députés,
Chers collègues,
Le Lundi 6 Mai 2024, le gouvernement de notre pays a notifié à l’ambassadeur de la République populaire de Chine près le Bénin, ainsi qu’à la société de gestion du pipeline, la CNPC (China National Petroleum Corporation), sa décision de bloquer l’embarquement du pétrole nigérien, à partir de la plateforme de Sèmè-Podji, où atterrit l’oléoduc traversant notre territoire national.
Le mercredi 8 mai, à la sortie du Conseil des ministres, le Chef de l’Etat, Patrice Talon, a informé l’opinion publique nationale et internationale, des raisons ayant fondé cette décision. On en retient trois points-clés :
C’est d’abord l’effort inlassable du Bénin pour la normalisation des relations entre nos deux pays à la suite des sanctions de la CEDEAO Notre pays, faut-il le rappeler, a longuement plaidé pour la levée des sanctions décidées contre le Niger, ne serait-ce que pour des raisons humanitaires.
C’est ensuite, la promptitude du Bénin à rouvrir ses frontières, dès la levée des sanctions par la CEDEAO.
C’est enfin, la disponibilité manifestée par le gouvernement, pour la relance de la coopération entre nos deux Etats, à travers l’envoi de messages aux dirigeants nigériens, mais aussi et surtout, en dépêchant à Niamey, son Chef de la diplomatie.
Malheureusement, toutes ces preuves de bonne volonté, sont restées sans suite.
A cette étape, il nous parait essentiel de rappeler que le Bénin, à l’origine de la crise, n’avait procédé à la fermeture de sa frontière, qu’en vertu des décisions de la CEDEAO prises sur la base du Traité, des protocoles et conventions ratifiés par tous les Etats membres. Les sanctions décidées et appliquées par la CEDEAO, ne sont pas nouvelles ; mais dans le cas présent, le Niger a fait fixation sur le Bénin en l’accusant à tort, de vouloir lui faire la guerre. Même le Nigéria qui a conduit les réunions de sanctions contre le Niger et qui les a appliquées fermement, n’a pas été traité d’hostile par le Niger.
Aujourd’hui encore, C’est avec stupéfaction que les Béninois constatent qu’après la levée des sanctions de la CEDEAO et l’ouverture des frontières par tous, le Niger continue de garder fermée, seulement la Frontière du Bénin. Et pour toute raison avancée, la seule ridicule et fausse information de l’existence des bases militaires étrangères à ses frontières, citées enfin par le Premier Ministre du Niger pour convaincre l’opinion nationale et internationale. Il s’agirait de Tourou (Parakou), Porga, Kandi, Madicalli (Malanville).
Chers collègues, vous comprenez avec moi, qu’il y a manifestement, une totale incohérence avec les frontières du Niger et les informations que nous connaissons sur notre pays.
Cette situation interpelle tous les Béninois.
Pour nous, le Bénin passe pour un bouc émissaire de la situation que traverse le Niger. Car réellement, aucune menace sécuritaire liée à la présence de troupes étrangères, n’explique l’attitude du Niger ; sinon c’est d’autres frontières qu’il fermerait. Il faut se rendre à l’évidence, que le Bénin devra redouter un plan de sa déstabilisation militaire, car les raisons évoquées par le Niger ne sont pas économiques.
Monsieur le Président et Chers collègues,
Dans le Préambule de notre Constitution, nous « affirmons notre volonté de coopérer dans la paix et l’amitié avec tous les peuples qui partagent nos idéaux de liberté, de justice, de solidarité humaine, sur la base des principes d’égalité, d’intérêt réciproque et de respect mutuel de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale ». L’article 1er de notre constitution clame : « l’Etat du Bénin est une République souveraine ».
En conséquence, le Président de la République du Bénin étant le garant de cette souveraineté et de notre dignité, doit prendre des décisions et avoir des attitudes qui les préservent. Le Bénin doit accepter des compromis internationaux, mais jamais une humiliation.
C’est pour cela que nous saluons et soutenons sans réserve, les décisions prises courageusement hier et aujourd’hui, par le Président Patrice TALON, devant des décisions extrêmes de fermeture de frontière contre notre pays. C’est dans ce sens que le Groupe Parlementaire Bloc Républicain exprime du haut de cette tribune, sa totale solidarité à la posture de notre Gouvernement dans cette affaire de pipeline pétrolier du Niger, car elle permet à tout notre peuple de préserver sa souveraineté, sa dignité et sa fierté d’être Béninois.
Le Bloc Républicain, tout en rejetant fermement les allégations militaires du Niger en ce moment, affirme qu’il n’appartient à aucun pays au monde, le droit de dicter au Bénin, les lieux qu’il doit occuper sur son territoire, pour implanter ses forces de sécurité et de défense.
Nous voudrions lancer un appel à tous nos collègues sans distinction et à tout le peuple Béninois, pour qu’ils perçoivent la profondeur, la justesse, et la valeur patriotique de la posture du Gouvernement sur l’acheminement du pétrole nigérien à Sèmè. La fermeture de la frontière c’est pour toute marchandise et l’attitude autour de projet commun avec d’autres Etats, doit marcher avec notre dignité. De même, il est impérieux de sortir de la posture malheureusement alimentée volontairement ou non, avec la complicité de certains de nos compatriotes, qui laissent croire au Niger, que nous ne nous en sortirons pas sans ce pays frère ou que nous lui sommes hostiles..
Le Bénin et le Niger sont des frères condamnés à vivre ensemble. Il est mieux que nous retrouvions rapidement la voie du dialogue fraternel, car nous nous sommes assez donnés en spectacle devant les autres. Nous savons que le gouvernement de Patrice TALON est prêt à cela, nous espérons voir celui du Niger donner des signes, pour que dans la dignité, et le repect mutuel, nous dépassions cette crise.
Vive le Groupe Parlementaire BR
Vive le Bénin,
Je vous remercie.
Fait à Porto-Novo le 14 Mai 2024
- 4 octobre 2024
- 4 octobre 2024