Demande de pardon, loi d’amnistie, suscitation de candidature : les vérités de Talon

26 décembre 2023

A cœur ouvert, le chef de l’Etat Patrice Talon s’est prêté vendredi dernier, aux questions des journalistes de la télévision nationale. Le locataire du palais de la Marina a servi ses vérités sur plusieurs sujets relatifs notamment à l’actualité, à la loi d’amnistie au profit de Reckya Madougou, aux suscitation de candidature en dehors du processus au niveau des partis politiques et bien d’autres sujets. Lire ci-dessous les grands extraits du verbatim du chef de l’Etat.

« La loi d’amnistie que demandent Les Démocrates n’est pas techniquement faisable. On demande de sélectionner certains délits commis dans des champs différents pour les amnistier. Dans quel pays ça se passe ? Et les 15000 autres détenus ? On peut amnistier pour un fait particulier comme on l’a fait en 2019. Même si le parlement était 100% Démocrates, une telle loi ne peut pas être votée. Une telle demande d’amnistie, c’est impossible. On ne peut pas choisir comme ça, on sélectionne des personnes dans le pays et on dit celles-là, on les amnistie de tout ce qu’ils ont fait. C’est une demande folklorique. C’est une demande politicienne. Ils savent très bien que ce n’est pas possible, une telle demande. Et puis, on fait l’amalgame, on dit TALON refuse de pardonner.
Alors je vais gracier qui ? Selon vous, si vous m’avez compris, je vais gracier qui et qui ? Reckya MADOUGOU d’accord je la gracie, ça s’arrête là alors ? Donc il n’y a pas lieu de gracier AÏVO, il n’y a pas lieu de gracier AJAVON ? Tous ceux qui ont une casquette politique, quel que soit ce qu’ils ont fait, il faut les gracier ? Parce que je ne peux gracier que les gens qui sont condamnés (…) Donc quelle est la demande réelle ? Si c’est vous, dites-moi, vous voulez que je gracie qui ? Si c’est une personne d’accord mais ils disent que non ce n’est pas la seule personne parce qu’eux même sont dans un piège. Pourquoi vont-ils demander la grâce pour une personne parce que cette personne est de leur parti politique ? Mais, il y a d’autres de leur parti politique également qui sont concernés. Donc, ils ne peuvent pas demander la grâce ou l’amnistie pour une seule personne. On va dire "ah bon ! Ce parti est au service d’une seule personne et pas les autres (…) Donc je ne sais même pas quelle est la demande qu’on m’adresse »

« Il n’y aura pas de candidats au Bénin sans les partis politiques à l’avenir »
« Vous avez parlé de mon ami Olivier Boko. Moi, je ne sais pas s’il est candidat. D’abord, un, le moment n’est pas encore arrivé. Deuxièmement, je ne suis pas du genre à faire la promotion de ma famille, de mes amis, de mes proches, ce n’est pas mon genre. Je ne suis pas dans un tel schéma. Ce n’était pas bien que des responsables politiques de haut niveau, membre du Gouvernement, qui ont été acteurs de la réforme du système partisan, (...) qui veut que ce sont les partis politiques qui produisent des candidats, qui présentent des candidats pour les communales, les législatives y compris pour les élections majeures que ce soit les partis politiques qui soient à l’initiative (...), aujourd’hui aucun parti politique ne s’est encore lancé dans le choix des candidats ; les organes des partis n’ont pas encore lancé la compétition en leur sein. Et comment on peut voir quelqu’un qui a été au cœur de la réforme, notamment le Ministre, ignorer son parti politique, ignorer cette bonne disposition et commencer par faire la promotion d’un candidat à lui au mépris de tout ce que nous bâtissons ensemble. C’est pour cela que je l’ai rappelé à l’ordre. Il n’y aura pas de candidats au Bénin sans les partis politiques à l’avenir. Ce sont eux qui vont décider de leur Candidat, leurs élus vont donner les parrainages. Et il faut souhaiter que ce soit ainsi pour qu’il y ait de l’ordre.

« Moi, personne ne m’a pardonné, de rien du tout »
« Cela m’amuse. J’ai entendu dire ici et là que Patrice TALON lui-même a bénéficié du pardon de son prédécesseur et puis aujourd’hui, il refuse le pardon à des exilés politiques et à des condamnés politiques. Vous voulez savoir vraiment ? Il est important que le peuple béninois sache ce qui se passe parfois au sommet de l’Etat, au niveau des responsables à qui ils confient, pour un temps, notre destin commun. Moi, personne ne m’a pardonné, de rien du tout. Ça me fait rire quand les gens disent que j’ai été pardonné. Moi, personne ne m’a pardonné de rien du tout parce que je n’ai été coupable de rien du tout. Il y a eu plusieurs procès engagés contre moi et j’ai tout gagné, tant ici au Bénin qu’en France. Ce n’est pas moi qui ai sollicité la réconciliation avec mon aîné Boni YAYI. C’était l’ancien président Boni YAYI qui a fait cette demande parce qu’il a vu que j’étais très actif politiquement et comme je n’étais coupable de rien, il a voulu de la réconciliation. Et c’est de là où l’ancien président Sénégalais Abdou Diouf m’a appelé pour me dire que je dois me réconcilier avec mon aîné. Ce que j’ai accepté sur sa demande. Donc personne ne m’a pardonné de rien du tout. Ça me fait rire quand certains disent que j’ai été pardonné. Je vais demander à mon ainé Président Yayi Boni, mon prédécesseur, d’accepter que nous ayons des discussions, à faire ce qu’on appelle Atchakpodji, sous l’arbre à palabre. On va s’assoir avec certains puis on va parler et rappeler les faits qui se sont passés à cette époque, notamment entre lui et moi. Ces choses qui ne concernent pas vraiment le Bénin. J’ai été soutien du Président YAYI Boni, après, nous ne l’étions plus sur la façon dont le pays fonctionnait et sur la projection politique. Ça a été un conflit entre deux personnes. Et cela a tellement abîmé nos relations au point où cela a été l’occasion d’une tragicomédie entre deux hommes, qui a amusé le pays, mais qui a inquiété le pays. Dieu merci, les choses ne sont pas allées plus loin que ce théâtre qu’il y a eu. Je vais vous dire, moi personne ne m’a pardonné de rien du tout. Vous savez, il y a eu une procédure judiciaire ici contre moi, notamment en ce qui concerne les accusations une fois que je suis parti du pays. Il y a eu une conférence de presse d’un certain Maître AGBO le 18 septembre 2012 je crois. Et Maître AGBO aurait dit à cette conférence de presse que le Président YAYI Boni passerait sur les cadavres des Béninois pour un troisième mandat ou pour continuer ce qui se fait, que le pays allait très mal et qu’au moment opportun, le régime plie ses bagages. Et le président d’alors a dit ou a compris ou a imaginé que je suis à la base de cette conférence de presse, que c’est moi Patrice TALON qui aurait commandé cette conférence de presse. Le lendemain il était à Abuja, a instruit les services d’Etat, de défense et de sécurité et la justice d’aller me chercher. Quelqu’un parmi ceux qui ont été instruits m’a appelé et m’a dit « Monsieur TALON, nous savons que vous êtes de nature casse-cou, téméraire, mais cette fois-ci, c’est sérieux. Nous avions été instruits pour aller vous chercher par tous les moyens, quittez le pays. Ne soyez pas suicidaire ». J’ai informé mon épouse et je lui ai dit que moi, je ne suis pas un fuyard. Je vais voir ce qui va se passer. Mon épouse m’a dit « Patrice debout hors du pays, tu feras le combat, mais sous terre, non alors, tu ne feras pas le con ». Comme je suis parfois quelqu’un d’assez docile quand certaines personnes me parlent, je suis parti. Et puis s’en ai suivi tout ce que vous savez… tentatives de coup d’État, d’assassinat, d’empoisonnement et tout le reste. Je vous passe des détails, on va en parler le jour d’Atchakpodji. La justice de mon pays a dit que tout ce dont j’avais été accusé n’a jamais existé. Même si les juges qui étaient sous ordre à l’époque ont prouvé par tous les moyens que Talon a eu l’intention de le faire, mais enfin de compte ça ne s’est pas passé…. Bref, et il y a eu un non-lieu…"

« Nous vivons de nos efforts, de nos économies de ce que chaque Béninois met dans la caisse de l’État »
« Je dois avouer que le rythme de progression du PAG ne me satisfait pas. Vous savez je suis un perfectionniste. Je suis impatient. J’aurais bien voulu que les choses aillent bien plus vite. Mais nous venons de si loin qu’aller plus vite peut relever de l’utopie. Nous ne sommes pas riches que ça. Nous n’avons pas de pétrole, nous n’avons pas de diamant, nous n’avons pas assez de forêts que nous vendons. Mais nous vivons de nos efforts, de nos économies de ce que chaque Béninois met dans la caisse de l’État. Et aujourd’hui, c’est avec ça que nous parvenons à améliorer nos infrastructures, à satisfaire nos besoins essentiels. Nous sommes dans un contexte mondial difficile mais le Bénin arrive à avancer mieux que les autres. Parfois, pour savoir qu’on avance, il faut regarder les autres. Le Bénin arrive à tirer son épingle du jeu. C’est pourquoi tout le monde nous envie. Je continue d’affirmer que le Bénin avance parce que nous ne reculons pas. Nous avançons. Je compare à celui d’hier qu’ont dit certains, un pays fracassé et du désordre, où tout manquait ; les villes, notamment les villes urbaines sont inondées à la moindre saison de pluie. L’assainissement, l’asphaltage, on n’a jamais connu cela à ce haut niveau. Vous achetez une voiture il y a dix ans, au bout de 4 à 5 ans, vous tombez en panne parce qu’il n’y a pas de rue, les rues ne sont pas asphaltées. Nous venons de si loin. De manière globale, en voyant tous les secteurs de vie aujourd’hui, je le dis avec fierté que le Bénin va bien. C’est vrai, le monde va mal mais le Bénin arrive à tirer son épingle du jeu. C’est ça qui fait que les pays nous envient. Ce n’est pas parce que le Bénin est déjà un paradis. Mais nous progressons. Je compare le Bénin d’aujourd’hui au Bénin d’hier et je le dis avec fierté que nous progressons parce que nous ne reculons pas. Je vais donner un exemple pour être un peu plus concret. Vous connaissez Kouandé ? J’allais dire même à Parakou, même à Nikki. Kouandé qui est une commune du Bénin, il n’y a jamais eu un centimètre de Goudron. C’est ça le Bénin d’hier. Aujourd’hui, le goudron est en train d’aller à Kouandé. Nikki, il y a eu un semblant de goudron. Cette voie a été badigeonnée et quand vous allez à Nikki aujourd’hui, vous avez l’impression que c’est tout sauf une route bitumée. La reprise est en cours. Ça y est ! Nous démarrons bientôt les travaux. Le progrès est tangible ».

« Je comprends, j’approuve les citoyens qui nous mettent la pression »
« C’est vrai que la nature humaine est exigeante, et c’est d’ailleurs cela qui fait avancer le monde. Ce n’est pas parce que nous avons des routes, d’électricité et d’eau, d’une offre de santé, de l’éducation qui fonctionne mieux que nous allons applaudir des deux mains et dire que la vie est belle, tout peut s’arrêter. Je comprends, j’approuve les citoyens qui nous mettent la pression pour que les choses aillent encore plus vite et que chacun sente dans son assiette que le progrès se ressent partout ».

« … des gens sont allés intoxiquer et salir leur pays »
« Le Nigeria n’avait pas fermé ses frontières parce qu’il y avait de problème entre nos deux peuples. Non. Le Nigeria avait fermé ses frontières parce que des gens sont allés intoxiquer et salir leur pays. Et je peux vous le dire : Le Président Buhari m’a exprimé ses regrets »



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