Discours du Bénin aux Nations Unies : ‘‘Panafricanisme moderne’’, un concept et des interrogations

1er octobre 2024

Le ministre des affaires étrangères du Bénin, Bakary Olushegun n’est pas passé par mille chemins pour afficher la position du Bénin vis-à-vis de la politique occidentale en Afrique. Du haut de la tribune de l’Organisation des Nations Unies, à l’occasion de la 79ème session de son Assemblée Générale, le ministre, droit dans ses bottes, a craché ses vérités à la face du monde, tout en mettant un accent particulier sur une manière totalement différente de faire le panafricanisme. Contrairement à la méthode de ‘‘va-t-en guerre’’ appliquée par certains pays africains, le Bénin opte plutôt pour un ‘‘panafricanisme moderne’’ axé sur le travail acharné. Pour Bakary Shegun, il faut un nouveau type de panafricanisme pour une Afrique du 21è siècle. A ce titre, les actions du gouvernement de la rupture confortent à suffisance les propos du ministre. Au nombre de ces actions, il y a la restauration de l’identité africaine en général et béninoise en particulier. Conscient de l’importance que l’Africain se reconnecte avec ses racines, le gouvernement, sous l’égide du Président Patrice Talon, a affirmé en décembre 2016, malgré les tabous, que le Bénin était de culture Vodun. Ensuite, il a créé des comités officiels pour la réhabilitation des cultes endogènes qui devront œuvrer à dédiaboliser et vulgariser le vodun et les autres cultes endogènes. Aussi, a-t-il investi des centaines de millions Fcfa pour faire du Festival Vodun, un évènement mondialement incontournable.
Toujours au titre des actions, le Bénin a œuvré pour le retour en 2021 des trésors royaux pillés par la France à la fin du 19è siècle. C’est le premier pays à avoir ouvert le chemin à la récupération par l’Afrique des biens dans les puissances coloniales. Cela a été accompagné de la restauration de la mémoire des ancêtres à travers la réhabilitation des palais royaux, des musées, des places d’où les aïeux ont été déportés pour ne jamais oublier leur histoire. A cela s’ajoutent la suppression de visa pour les Africains, l’érection des monuments qui place le Bénin parmi les pays les plus en vue au monde, la restauration de l’autorité de la chefferie traditionnelle et le retour des afro descendants acté par une loi votée par l’Assemblée nationale. A ce sujet, il est désormais accordé la nationalité béninoise à toutes les personnes qui prouveront une descendance avec l’Afrique et ainsi réaliser le grand rêve des pères du panafricanisme.

Duel panafricanisme-géopolitique !
Au regard de ces résultats, le Bénin peut se targuer d’avoir réalisé des exploits qu’aucun pays dit panafricaniste n’a pu faire. Mais, il faut remarquer ici que le panafricanisme appliqué par le Bénin est purement orienté vers la restauration de l’identité africaine et des valeurs endogènes, alors que celui appliqué dans d’autres pays africains est géopolitique.
D’entrée, au plan sécuritaire, les pays africains subissent les affres du terrorisme, mais à des degrés différents. Et donc, les réalités au Mali, au Burkina et au Niger sont diamétralement opposées à celles du Bénin. Pendant qu’on enregistre des centaines de morts par jour dans ces pays, on n’en compte qu’une dizaine au Bénin. Pour les pays de l’Alliance des Etats du Sahel, l’urgence est de véritablement s’armer pour vaincre ce phénomène au risque de voir ces pays aux mains des terroristes. Mais ne disposant pas d’équipements militaires, en raison du refus de leurs alliés occidentaux à leur en fournir, ils étaient obligés d’aller à l’assaut d’autres partenaires fiables, d’où la Russie. De ces épisodes de l’histoire, il faut déduire que l’instinct de survie peut pousser n’importe qui à trouver la solution où qu’il se trouve et quoi que cela puisse coûter.
Autre aspect non moins négligeable, le monde est en pleine ébullition et les pays travaillent quotidiennement à raffiner leurs systèmes d’attaque et de défense, à multiplier les accords militaires et économiques afin de repousser toutes velléités des prédateurs. C’est dire qu’en fonction des réalités et des intérêts de chaque pays, le concept ‘‘Panafricanisme’’ a des variantes. Il n’empêche, que chaque concept a indéniablement des côtés positifs et qu’au finish, l’idéal ne serait pas une guerre autour d’un mot mais plutôt, une convergence vers l’unité qui fonde une Afrique émancipée et prospère.



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