La Ministre du commerce et de l’industrie, Shadiya Alimatou Assouman, était face à la représentation nationale ce jeudi 23 novembre 2023 au Palais des gouverneurs à Porto-Novo pour répondre à la question orale avec débat posée par un certain nombre de députés dont Gniré Tony Guimba et portant sur la gestion par le gouvernement des filières cajou et soja en République du Bénin. En effet, il était question pour le gouvernement de clarifier aux représentants du peuple, les raisons qui l’ont poussé à prendre certaines mesures interdisant l’exportation des noix de cajou du soja grain même si aujourd’hui, la décision gouvernementale d’interdiction de l’exportation du soja est levée. Le moins qu’on puisse retenir est que le gouvernement veut faire la promotion de la transformation locale fasse à la concurrence sur le marché mondial. « ...Pour faciliter l’industrialisation agricole, le Programme d’actions du gouvernement a prévu la prise de mesures structurelles à savoir la facilitation d’accès aux semences, intrants et surtout l’accès aux marchés, des mesures fiscales et non fiscales incitatives en faveur de l’importance des intrants agricoles et surtout de l’accroissement de la production agricole en vue du développement d’un pacte industriel. Ainsi le gouvernement a poursuivi la mesure de prélèvement sur l’exportation des produits bruts en élargissant l’accès des produits d’exportation à savoir le coton, le cajou, le soja, le karité et le riz. Ce prélèvement dénommé Contribution à la recherche de la promotion agricole vise à davantage soutenir la production agricole au profit de la transformation locale et le développement des chaînes de valeur… », a dit la Ministre Shadiya Alimatou Assouman . Poursuivant dans le même ordre d’idées, elle a précisé que pour accélérer cette dynamique et anticiper sur les écoulements des matières premières à l’exportation en vue de garantir aux producteurs des débouchés sûres et stables, le gouvernement a pris un décret portant conditions de déroulement de la campagne de commercialisation 2021-2022 des noix de cajou qui précise que l’exportation des noix de cajou est interdite à compter du 1er avril 2024. Aussi, a t-il pris un autre décret fixant les conditions de l’exportation de la noix de cajou et du soja grain. Toujours selon elle, en décidant de transformer au Bénin la totalité de la production nationale de la noix de cajou et du soja grain, le gouvernement prenait une décision judicieuse.
Quant aux préoccupations de la représentation nationale relatives aux répressions incriminées par certains, la Ministre Shadiya Alimatou Assouman a dit qu’elles concernent la sortie frauduleuse des produits du territoire national et qu’elles n’ont rien à voir avec la précédente décision d’interdiction d’exportation rapportée depuis quelques jours par d’autres mesures incitatives du gouvernement en ce qui concerne le soja. Le gouvernement est motivé par l’accélération de la transformation locale, la création d’emplois, le développement des chaînes de valeur et la disponibilité de la matière première aux usines locale. Comme perspectives, le gouvernement envisage pour la campagne 2023-2024, environ 260.000 tonnes de cajou et 600.000 tonnes de soja. Elle a précisé que dans la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ), il existe déjà 5 unités de cajou avec une capacité de transformation de 120.000 tonnes et 3 unités pour le soja avec une capacité de transformation de 260.000 tonnes sans oublier les unités hors GDIZ estimées à une capacité de transformation de 64.800 tonnes de noix de cajou et 90.000 tonnes de soja grain soit au total au Bénin, une capacité de transformation de 184 tonnes pour le cajou et 350.000 tonnes pour le soja par campagne. Elle n’a pas manqué de préciser que le gouvernement envisage à l’horizon 2030, environ 20.000 emplois grâce à ces deux filières agricoles.
Réactions de quelques députés suite aux explications de la députée Shadiya Alimatou Assouma
Abdoul Malick Seibou, Député Bloc Républicain
« Dans une volonté d’améliorer les recettes de l’Etat, le gouvernement s’est trouvé dans l’obligation de taxer la filière agricole. Ce n’est pas propre au Bénin. Tous les pays sont confrontés à la même situation. D’ailleurs en Côte d’Ivoire, les taux sont plus élevés. Le Bénin a fixé une taxe qui s’est révélée trop élevée pour la première année d’expérimentation et seul celui qui n’agit pas ne se trompe pas. Il y a eu des concertations avec les acteurs de la filière, les sojaculteurs et le gouvernement a accepté de ramener aujourd’hui la taxe à 30 Fcfa. Il faut saluer cette clairvoyance du gouvernement et souhaiter qu’on continue de suivre cette filière de près pour en faire une grande filière pour notre pays parce que le soja, depuis 2019 que le gouvernement s’y est intéressé, sa production est montée en flèche. Il ne faut pas voir seulement ce qui s’est passé l’année dernière. Il faut voir d’où nous sommes partis de 2019 pour arriver à la situation actuelle. Le gouvernement a été aux côtés des sojaculteurs pour que nous puissions avoir cette production record et il faut persévérer dans l’effort. Contrairement à ceux qui pensent que c’était une volonté de tuer la filière, bien au contraire, c’était une volonté de faire profiter la filière à notre pays. Il est quand même inadmissible que nous puissions produire et que ça soit des pays voisins qui puissent exporter nos produits dans leur balance commerciale alors que ce ne sont pas leurs terres qui sont utilisées pour la production. C’est bon qu’aujourd’hui, il y ait une lueur d’espoir, mais il faut les acteurs de la filière, le gouvernement et tout le monde pour que les problèmes qui se posent soit réglés et que la filière soja puisse trouver un meilleur essor... »
Nourénou Atchadé, Député Les Démocrates
« ...Dans le groupe parlementaire Les Démocrates, nous ne faisons pas seulement le débat du soja sur les réseaux sociaux (...) La première question orale au gouvernement a été déposée à l’Assemblée nationale par l’un des camarades du groupe parlementaire Les Démocrates le 30 mars 2023 (...) La décision du gouvernement de faire de la transformation est salutaire. Nous au parti Les Démocrates, nous ne sommes jamais contre la transformation de nos produits parce que nous savons que nous ne pouvons pas nous développer en exportant de façon brute nos produits. Mais cela ne peut pas se faire au détriment des producteurs sinon, les usines que nous installons n’auront pas de la matière première. Aujourd’hui, les producteurs sont en train de délaisser le coton. Si les gens ne trouvent pas leurs intérêts dans une filière vous ne pouvez pas les obliger à aller produire. C’est ce que nous disons. Ce que la Ministre dit par rapport à la capacité de transformation du soja dans les usines est théorique. Nous avons reçu la chambre d’agriculture ici qui nous a dit que la capacité de transformation des usines dans la zone industrielle spéciale de Glo-Djigbé est d’environ 100.000 tonnes Qu’est-ce qu’on va faire du reste de la production ? C’est aussi simple que ça. La stratégie a été mal planifiée. Mais ce qu’on est en train de corriger, c’est ce que nous avons demandé dans l’intérêt des populations (...) La dernière mesure prise par le gouvernement est salutaire (…) Il faut maintenant fermer les tranchées au niveau des frontières afin de faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Il faut dédommager ceux qui ont subi des dommages »
Aké Natondé, Député Up le Renouveau
« …En contrôlant les 500 et quelques pistes, ça n’a pas seulement pour objectif d’empêcher le ’’fayawô’’, mais ça permet aussi de sécuriser le pays. La libre circulation des personnes et des biens, oui ! La libre circulation des personnes et des biens n’a jamais empêché de protéger une économie. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont aussi instauré des mesures pour empêcher des exportations de leurs produits par voie terrestre. Nous ne sommes pas les premiers à le faire. Je suis d’abord très content de la décision prise par le gouvernement et je voudrais ici remercier solennellement le gouvernement du président Patrice Talon pour avoir été à notre écoute, pour avoir été à l’écoute de sa population en baissant le taux de prélèvement de 140 FCFA à 30 FCFA. C’est ce que nous demandions en disant le prix d’achat aux producteurs. Si nous ne tirons rien des produits que nos braves populations sortent par la sueur de leur front, comment pouvons-nous construire des marchés que vous voyez partout, comment pouvons-nous construire les écoles, les routes, et les hôpitaux (...) C’est grâce aux efforts de mobilisation des ressources internes que nous réalisons tout ça. Nous devons éduquer nos populations et leur expliquer que les décisions de l’Etat doivent être respectées. Il ne sert à rien de penser uniquement aux échéances électorales… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN
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