Incendie dans un entrepôt d’essence à Sèmè-Kraké : les réponses du gouvernement à la question du député Apithy

15 décembre 2023

L’incendie survenu dans un entrepôt à Sèmè-Kraké dans la Commune de Sèmè-Podji le 23 septembre 2023 et ayant occasionné plusieurs morts, des blessés et d’énormes dégâts matériels a fait l’objet de débat ce jeudi 15 décembre 2023 au Parlement à la faveur d’une question orale avec débat posée par le député Sêdozan Jean-Claude Apithy, membre du groupe parlementaire Union Progressiste le Renouveau. Plus précisément, le député Sêdozan Jean-Claude Apithy voulait entre autres savoir le bilan des dégâts humains et matériels, le délai de réaction des sapeurs-pompiers et des membres du gouvernement l’évaluation des impacts du commerce informel de l’essence Kpayo sur les personnes, et les biens de l’économie nationale, les dispositions envisagées pour prévenir les incendies dans les dépôts et dans les lieux de commercialisation de cette essence en termes de réglementation, de contrôle et d’inspection, le nombre d’acteurs impliqués dans la commercialisation et la politique du gouvernement en matière de réinsertion.

Le gouvernement solidaire des acteurs par plusieurs mesures
A toutes les préoccupations du député Sêdozan Jean-Claude Apithy, c’est le Ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, Alassane Seidou et son collègue du commerce et de l’industrie, Shadiya Alimatou Assouman, qui ont apporté des réponses. Dans son intervention, le Ministre Alassane Seidou a d’abord rappelé les actions du gouvernement dans le sens de la lutte contre les incendies et le traitement des grands brûlés à travers l’acquisition de matériels pour le groupement des sapeurs-pompiers et leur mise sous-tutelle du ministère de l’intérieur au lieu du ministère de la défense comme auparavant. Aussi, le gouvernement a-t-il mis en place un programme de mini-stations services et d’encadrement des acteurs du secteur de commerce de l’essence. En ce qui concerne le bilan de l’incendie du 23 septembre 2023 à Sèmè-Kraké, le Ministre Alassane Seidou a laissé entendre que le bilan aujourd’hui fait état de 59 victimes dont 34 morts calcinés sur le site, 12 décès enregistrés au Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (CNHU-HKM) et 1 décès au Centre de traitement des épidémies d’Abomey-Calavi et 12 survivants au nombre desquels 10 guéris et 2 en cours de traitement. Pour les dégâts matériels, il s’agit d’un entrepôt totalement consumé avec tout le matériel qui s’y trouvait, un véhicule, 5 tricycles et 12 motocyclettes détruits. Toujours selon lui, l’équipe de secours s’est présentée sur le lieu du drame sept minutes après avoir été alertée puis des renforts sont venus de Porto-Novo et de Cotonou pour maitriser l’incendie. Plusieurs membres du gouvernement sont ensuite allés sur le lieu du drame et au chevet des blessés dans les hôpitaux où ils sont pris en charge. Par ailleurs, le gouvernement a décidé de procéder au recensement des dépôts d’essence Kpayo et d’interdire sa manipulation dans les dépôts en journée tout en poursuivant la sensibilisation.

(Lire ci-dessous les déclarations des députés suite aux réponses du gouvernement)
Député Sêdozan Jean-Claude Apithy, UP le Renouveau
« Je voudrais dire avec force que les réponses du gouvernement me donnent pleinement satisfaction. Il est vrai que la fatalité est quelques fois imparable lorsqu’il y a un concours de circonstance non maîtrisable sur le plan humain. Mais les réponses du gouvernement laissent augurer qu’un drame comme celui survenu le 23 septembre 2023 ne peut plus à l’avenir avoir la même amplitude en termes de dommages humains et matériels. Gageons que je ne me trompe pas sur le pari que je fais. Pour terminer, je voudrais féliciter le gouvernement pour toutes les actions entreprises lors de ce drame et je voudrais l’encourager à approfondir la réflexion pour qu’effectivement ce genre de drame ne puisse survenir »

Député Eric Houndété, Les Démocrates
« …Les mini-stations, comment ça va fonctionner ? C’est pour qui ? Est-ce que les femmes que je vois avec bébé au dos et qui ont douze bouteilles et un bidon, auront de mini-stations ? Quelle réponse concrète apporte t-on au phénomène ? Le gouvernement dit qu’il y a des dépotés de dépôts de contrebande et il veut les déplacer vers les endroits où il n’y a pas de risque. C’est peut-être une façon de faire face à la réalité, mais dans le même temps on ne peut pas tenir des discours sur l’essence de contrebande par le gouvernement. Est-ce que vous prélevez oui ou non des taxes et quelle est la loi qui vous permet de prélevez ces taxes ? Quelles sont les sanctions auxquelles sont assujettis ceux qui prélèvent ces taxes ? C’est une question de responsabilité. Il faut apporter une réponse claire à l’affaire et cesser d’appeler ça essence de contrebande sinon vous êtes en faute… »

Député Lambert Agongbonon, Bloc Républicain
« Le problème de l’essence frelatée est un problème à géométries variables. Tous les gouvernements de Kérékou révolutionnaire à Soglo, de Kérékou 1 à Kérékou 2, de Kérékou 2 à Yayi Boni et jusqu’au président Talon ont tenté de faire quelque chose de ce commerce de l’essence communément appelée Kpayo. Mais avouons-le, ils ont simplement échoué. On ne peut faire autrement vu la longue distance que nous partageons avec le Nigeria. Ce commerce est devenu une activité secondaire pour nos populations et pour le moment, on ne peut que les accompagner malgré les risques que cela comporte. Heureusement, c’est cela que le gouvernement de la rupture a commencé en évaluant le nombre d’acteurs dans la filière, l’apport qu’il peut leur faire. Nous ne pouvons pas empêcher le commerce de l’essence Kpayo aujourd’hui. Cela va créer d’autres problèmes sociaux ingérables (…) Tous ceux-là qui sont dans le commerce de l’essence frelatée, c’est parce qu’ils n’ont pas trouvé d’autres choses à faire (…) J’encourage le gouvernement à continuer dans ses mesures d’accompagnement »

Charlemagne Honfo, UP le Renouveau
« Je crois que je n’apprends rien à personne en rappelant que la position géographique de notre pays, surtout celle de la Commune de Sèmè-Podji avec le géant voisin, la République Fédérale du Nigeria, fait forcément que nous devons nous attendre à un certain nombre de choses. Certes, cette proximité comporte des avantages pour les populations, mais aussi des inconvénients comme le commerce de l’essence de contrebande communément appelée ‘’essence kpayo’’ de laquelle nous avions tiré des avantages à un moment donné et qui n’a jamais manqué de nous montrer sa dangerosité à travers les différents incendies aggravés par de nombreuses pertes en vies humaines. Depuis des décennies, aucun gouvernement de notre pays n’a pu élaborer une politique de gestion de ce qui semble s’imposer aujourd’hui comme filière et génère des intérêts colossaux pour ses acteurs. Ce commerce semble être indispensable et nécessaire parce que la couverture du territoire national en stations-services de carburant demeure très faible (…) Cette activité qui, jadis, se menait dans les brousses et non des habitations se retrouve aujourd’hui dans nos agglomérations, dans les enclos et mêmes dans les dortoirs. Je suis vraiment préoccupé par cette situation particulière du 23 septembre 2023 survenue à Sèmè-Kraké et qui a endeuillé toute la Commune de Sèmè-Podji. Je voudrais d’ailleurs profité de cette occasion pour remercier le gouvernement. Les réponses données par le gouvernement dans cet hémicycle sont exactes. Je voudrais vraiment remercier le gouvernement et son Chef pour leur prompte réaction dans la prise en charge des blessés et la récupération des corps pour des mesures conservatoires jusqu’à la fin de l’enquête judiciaire. Je voudrais ensuite dire mes remerciements à l’endroit de toute la classe politique toutes tendances confondues pour leur grande mobilisation et leurs déplacements auprès des familles éplorées, Je n’oublie pas la Conférence épiscopale du Bénin avec à sa tête Monseigneur Roger Houngbédji pour son déplacement, sa visite aux familles frappées par ce drame et les différents cultes et prières dits pour le repos des âmes des victimes. Nous tendons vers la fin de l’année. C’est le moment où les vivants célèbrent l’entrée dans la nouvelle année en communion avec leurs morts. Je voudrais me rassurer que les familles qui n’ont pas encore récupérer les corps de leurs parents les auront très bientôt pour faire leur deuil… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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