La classe politique est divisée sur la question de la révision de la Constitution. A ce sujet, deux fronts sont formés. D’un côté, les initiateurs et leurs défenseurs. Pour eux, le salut en 2026 ne viendra que d’une relecture de la loi fondamentale. De l’autre, ceux qui réfutent cette perspective et proposent des cheminements alternatifs pour corriger les erreurs constatées dans le code électoral. Si dans le camp de l’opposition, la voix est unique, ce n’est pas le cas de ceux qui se réclament de la mouvance. Certes officiellement, les principaux partis de la mouvance siégeant au parlement sont unis pour soutenir la révision. Cependant dans la réalité et au sein de la grande famille de la mouvance présidentielle, il y a des voix dissonantes. C’est le cas de Renaissance Nationale (ancienne Udbn).
En effet, le parti de Claudine Prudencio pourtant soutien du chef de l’Etat a clairement indiqué son désaccord quant à une révision de la loi fondamentale. « Toute révision constitutionnelle forcée, notamment par voie parlementaire risque d’être considérée au-delà de nos frontières comme un coup d’Etat institutionnel et traitée comme tel », a-t-elle lancé dans une confidence à la presse.
A contrario, au sein de l’opposition dite radicale, les partis sont unanimes sur la nécessité de faire échec à la proposition de l’Honorable Assan Séibou. Du moins, Les Démocrates conduit par l’ancien président Boni Yayi ont réussi dans cette perspective, à rallier le GSR, le MPL et le NFN. Même la FCBE qui actuellement fait cavalier seul, reste dans la même logique que ses compères de l’opposition. Au total, 8 partis se sont prononcés sur le débat autour de la révision de la Constitution et forment deux versants. 6 partis, toutes obédiences confondues, sont rangés contre la proposition de loi portant révision de la Constitution alors que seuls le BR et l’UPR sont dans la démarche de la relecture. Par ailleurs, Moele-Bénin n’a pas donné une position claire sur la question. En revanche, le parti des élites engagées est dans un combat contre l’exclusion par une saisine de la Cour Constitutionnelle sur une disposition du code électoral. Candide Azannai est également attendu même si sa position est connu où il s’est déjà ligué contre la révision.
Dans cet imbroglio, un maillon est, certainement pour l’instant, abandonné sur le quai. Il s’agit de la société civile qui, pourtant est une force vive et qui, depuis l’ère du renouveau démocratique, a toujours eu son mot à dire. Bizarrement, dans le débat qui se mène actuellement sur la révision, cette frange de la vie socio-politique n’a pas été invitée à donner sa position lors des discussions engagées par le chef de l’Etat. Il n’empêche que les forces de la société civile peuvent s’inviter dans le débat surtout que l’heure est grave. Car, une fracture dont les conséquences peuvent être désastreuses s’observe sur l’échiquier politique national. Alors, pour de meilleures réflexions sans parti pris, des démarches judicieuses et une issue objective, la voix neutre s’avère nécessaire et aidera à mieux éclairer l’opinion publique. Mais avant, il est à noter que le premier débat sur la révision de la Constitution aura lieu au cours de cette session parlementaire pour une prise en compte ou non de la proposition de loi. Par ailleurs, cette prise en compte nécessite les ¾ des députés soit 82 sur 109.
- 14 octobre 2024
- 11 octobre 2024