Elle a fait l’effet d’une bombe. La nouvelle, invraisemblable au départ, s’est répandue dans l’opinion à la vitesse de la lumière. Sévérin Quenum, le Garde des sceaux, ne fait plus partie de l’effectif des membres du gouvernement. Ainsi en a décidé Patrice Talon qui se sépare ainsi d’un collaborateur loyal et d’un partenaire de premier plan. Pourtant, il y a quelques petites semaines, précisément le lundi 13 mars dernier, devant Mohamed Bazoum, son homologue nigérien, le chef de l’Etat avait fermement rejeté l’idée d’un remaniement ministériel. Il n’a suffi que d’un mois pour que « l’équipe qui gagne » laisse un de ses membres les plus influents sur le carreau.
Un partenaire de combat
Tout comme Joseph Djogbénou, Sévérin Quenum a pris sa part de feu courant 2012-2015 aux côtés de Patrice Talon alors que celui-ci était accusé par le régime précédent de tentative d’empoisonnement sur la personne de Boni Yayi et de complot contre la sûreté de l’Etat. Avocat, il s’est jeté corps et âme dans la bataille juridique et médiatique afin d‘obtenir gain de cause pour son client. Plus tard, sa participation discrète à la campagne électorale comptant pour la présidentielle de 2016 fut remarquée. Elu, Patrice Talon fit appel au prime abord à Joseph Djogbénou pour tenir les rênes de la maison justice. Deux ans plus tard, quand celui-ci fut désigné pour siéger à la Cour constitutionnelle, son remplaçant ne fut personne d’autre que Sévérin Quenum qui venait ainsi d’être à nouveau placé sous les projecteurs, cette fois dans un rôle institutionnel. Pendant un peu plus de quatre années, on l’a vu au front défendant bec et ongles le gouvernement et son chef dans la gestion des dossiers à polémique. Puis, patatras. Alors qu’on s’y attendait le moins, il est appelé à sortir par la petite porte.
Une éviction sanction
Tout porte à croire que cette éviction du gouvernement est une sanction. Pour qui connaît l’attachement de Patrice Talon à ses hommes de main, il faut croire que la faute imputable au désormais ex Garde des sceaux n’est pas légère. Si Sévérin Quenum avait été sorti de l’équipe gouvernementale aux termes d’un remaniement ministériel, on ne trouverait pas tant à redire sur son sort. Qu’il soit remercié de la sorte après avoir rendu de bons et loyaux services à son chef laisse entrevoir une grosse mésentente entre les deux hommes qui a abouti à la séparation. L’absence de Sévérin Quenum, non justifiée par le Secrétaire général du gouvernement, à la séance du Conseil des ministres de ce mercredi 12 avril est le signe du divorce entre lui et Patrice Talon. Sachant déjà qu’il était tombé en disgrâce et que sa présence était désormais indésirable à ce conclave hebdomadaire, il a gardé ses distances.
La situation de Sévérin Quenum est semblable à quelques exceptions près à celle de Modeste Toboula, alors préfet du Littoral. Sûr de lui et de la confiance du chef de l’Etat, celui-ci n’a pas vu venir la sanction qui lui a fait perdre son poste encore moins les ennuis judiciaires qui s’en sont suivis. Bien qu’il garde en estime les siens, Patrice Talon sait également les laisser tomber quand ceux-ci en viennent à poser des actes qu’il ne tolère pas.
Un scénario semblable à celui de Hervé Hehomey ?
Bien qu’il vive actuellement des moments difficiles, il n’est pas exclu que Sévérin Quenum revienne en force aux côtés de Patrice Talon. On a vu Hervé Hehomey débarqué du gouvernement revenir quelques mois récupérer le même portefeuille ministériel. Ou encore, Quenum à l’instar de Marie-Odile Attanasso et Lucien Kokou peut être casé ailleurs afin de continuer à contribuer à l’atteinte des objectifs du Programme d’actions du gouvernement. Mais en attendant, comme Joseph Djogbénou. il peut retourner officier dans son cabinet en tant qu’avocat. En guise de consolation, il peut se frotter les mains d’avoir une profession honorable dans laquelle il peut s’épanouir sans les prébendes politiques. D’autres, parachutés en politique, sans emploi ou sans profession stable, n’ont pas la chance de retomber sur leurs deux pieds, quand vient le moment de quitter la scène, momentanément ou définitivement.
La ministre du travail et de la fonction publique, à travers un (...)
- 26 mai 2023