Menaces sur la cohésion de l’UP le Renouveau à Abomey-Calavi : Houdé et Topanou dos-à-dos

16 novembre 2023

Elle n’est jamais de tout repos. La gestion des Hommes, de leurs humeurs, caprices, desiderata et ambitions inavouées est une entreprise délicate. Les leaders de l’Union progressiste le Renouveau de la 6ème circonscription électorale et particulièrement ceux d’Abomey-Calavi l’apprennent à leurs dépens. Puisqu’ils ne peuvent rester indifférents à ce qui se passe dans cette cité dortoir, les responsables au plus haut niveau du parti ne sont pas épargnés par cette « guéguerre » qu’ils souhaitent voir conjuguée au passé le plus tôt possible. De quoi s’agit-il ? Ces derniers jours, une interview accordée par le député Victor Topanou abondamment relayée sur les réseaux sociaux met au grand jour, les griefs qu’il nourrit contre Valentin Houdé, son aîné en politique. Si à l’entame de cette interview, Victor Topanou clame d’emblée qu’il n’existe aucune guerre de tranchée entre les deux, il se base néanmoins sur des déclarations qui auraient été tenues dans un cercle privé pour porter le « différend » sur la place publique.
En gros, Topanou ne conçoit pas que la longue carrière politique de Houdé et son adhésion à l’UP le Renouveau avant lui suffisent pour qu’il soit perçu comme le leader de la circonscription électorale. Actuel député, Topanou propose deux principes simples pour écarter Houdé de son chemin. Le premier, c’est le respect de la hiérarchie protocolaire et le second est de considérer la commune et non la circonscription électorale comme l’unité d’animation politique du parti. Pour ce qui est du premier principe, Topanou n’entend pas qu’un non élu, fût-il une personnalité politique (allusion faite à Houdé) puisse « diriger un élu » (Topanou). Quant au second principe, l’animation du parti à la base doit se faire au niveau de la commune et non au niveau de la circonscription électorale. Ce qui fait dire à Topanou que « c’est à force de parler de circonscription électorale aujourd’hui que le ministre Houdé, personnalité non élue se croit devoir donner des leçons à des députés dans une commune qui n’est pas la sienne ». Il invite par conséquent, le parti à remettre les choses à « l’endroit ».
D’où est partie cette guéguerre subite entre les deux hommes alors qu’il y a à peine un an, à l’occasion de la campagne électorale pour les législatives du 08 janvier dernier, ils ont sillonné ensemble la commune de Calavi ? A cette occasion, le public averti a pu s’apercevoir que Houdé, alors qu’il n’était pas candidat, jouait les premiers rôles en se présentant face aux foules pour les haranguer au profit de Topanou et des autres candidats. Pourquoi le député Topanou, jaloux de son titre, en est venu à indexer publiquement Houdé, alors que jusqu’ici, celui-ci n’a pas daigné piper mot ?

La genèse de la discorde…
Selon des confidences reçues à compte-gouttes cà et là, tout est parti d’une réunion qui s’est tenue au siège du parti courant avril 2023 à laquelle toutes les têtes de pont (élues et personnalités politiques) de la commune d’Abomey-Calavi avaient été conviées. Ont dirigé, entre autres, cette séance, Joseph Djogbénou, président du parti ; Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, Gbénonchi Gérard, Lazare Sèhouéto… Comme s’ils s’étaient passés le mot, la plupart des intervenants (élus de Calavi notamment) se sont insurgés contre le fait que les autochtones de la localité ne soient pas valorisés et que ce sont plutôt des gens venus d’ailleurs qui bénéficient de traitements de faveur. Ces propos clivants n’ont pas été du goût de Valentin Houdé qui n’a pas caché sa gêne de les entendre en une telle occasion. Abomey-Calavi étant devenu une commune cosmopolite qui sert de gîte à des Béninois venus de toutes les régions du pays, vouloir faire une séparation entre les autochtones et les « autres » plus nombreux qui s’y sont établis, est un choix à hauts risques. Ayant flairé le danger, la direction du parti a mis en place, séance tenante, une coordination composée de cinq (05) personnalités à savoir Feu Liamidi Houénou de Dravo qui sera remplacé quelques mois plus tard suite à son décès par Angelo Ahouandjinou, le maire de la localité ; Victor Topanou, Jean-Mejor Zannou, Amoudatou Ahlonsou Gbadamassi et Valentin Houdé désigné pour prendre la tête de ce groupe. Leur mission, la pacification et le rassemblement des militants de la commune. Très vite, ils se sont mis au travail en initiant des rencontres avec les acteurs de tous les arrondissements. Alors que ce groupe donnait l’impression de former un bloc, Victor Topanou a semblé prendre ses distances à un moment donné. Mais cela n’a pas émoussé l’ardeur des autres membres de cette coordination à aller au bout de leur mission.
Satisfaite des résultats produits par cette coordination, la direction du parti a confié, quelques mois plus tard, une nouvelle mission à Valentin Houdé, celle de désigner trois personnes par comité de supervision de recensement des membres. Pour éviter tout favoritisme, les consignes étaient claires. Les membres du bureau politique, les maires et chefs d’arrondissement sont d’office membres desdits comités locaux. Il ne restait alors qu’une poignée de militants actifs et dynamiques à identifier pour étoffer lesdits comités. Ce qui fut fait et la liste transmise aux dirigeants du parti a été validée et signée. Refusant de reconnaître la liste produite par Houdé sollicité par le parti à cette fin, Topanou, en se basant sur sa qualité d’élu, tête de liste, a alors décidé de produire la sienne. Pour éviter une situation confuse sur le terrain, le parti a dépêché Christian Houétchénou, maire de Ouidah et membre de la haute direction politique du parti, pour tenter d’arrondir les angles. C’est ainsi que les personnes proposées par Topanou ont été ajoutées à la liste initiale produite par le ministre Houdé. C’est dans ces conditions que l’interview accordée par le Professeur Topanou à un média de la place a révélé la « guéguerre » qui l’oppose à son aîné, avec qui il a entretenu les meilleures relations lors de la campagne électorale.

Les prétentions de Topanou
Parce qu’il est député, tête de liste par surcroît, Topanou veut légitimement être la référence politique dans la commune d’Abomey-Calavi et regarde d’un mauvais œil l’activisme politique de Houdé qu’il considère comme étant déjà à la « retraite ». Pourtant, c’est en sa présence que le parti a porté son choix sur lui pour conduire une mission bien déterminée. La carrière politique de Houdé, élu député lors de six élections législatives consécutives vaut son pesant d’or. A chaque fois, il a récolté des voix à Zè, sa commune d’origine, mais également à Sô-Ava et à Abomey-Calavi où il a élu domicile depuis des décennies. Son aptitude à s’impliquer dans la vie politique de la commune qui l’a porté, s’explique aisément.

La loi de l’omerta
Approchées pour faire la lumière sur cette situation, plusieurs personnalités politiques de la commune et même du parti ont préféré donner leur langue au chat. Il a fallu frapper à d’autres portes pour soutirer des informations de nous avons recoupées pour donner une consistance à ce différend. Les deux principaux concernés ont également adopté la même attitude. Si Victor Topanou n’a pas donné suite à notre demande, Valentin Houdé par contre qui a été joint au téléphone s’est contenté de prendre fait et cause pour la paix et la concorde. « Seule l’harmonie au sein des militants d’Abomey-Calavi et de toute la sixième circonscription électorale nous préoccupe », a-t-il soutenu. Même son de cloche du côté du maire Angelo Ahouandjinou qui a soutenu mordicus qu’« il n’y a aucun problème » entre les leaders du parti de sa commune.
Egalement contactés, les membres de la haute direction de l’Union progressiste le Renouveau ont assuré œuvrer pour arrondir les angles, car ce qui leur importe, « c’est la cohésion interne du parti ».



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