L’enseignement supérieur est au beau fixe et la recherche scientifique a désormais de choix dans les politiques de développement. C’est du moins ce qu’on retient du point des réalisations dans ce sous-secteur de l’enseignement présentée par la ministre en charge du portefeuille Eléonore Yayi Ladékan. Elle a défendu une nette amélioration des conditions d’études dans les universités publiques du Bénin et surtout le retour de l’ordre et de la discipline dans les relations enseignants-étudiants.
* Vie de l’étudiant
Jusqu’en 2016 et peu après, au lieu d’être le haut lieu du savoir, l’Université publique était caractérisée par les agissements peu orthodoxes des apprenants. Ce lieu ô combien important pour la formation et la qualité des ressources humaines est arrivé à être considéré comme une zone de non-droit. Aux récurrentes manifestations souvent violentes à caractère syndical des organisations estudiantines (scènes de bastonnade de recteur d’autorités, d’enseignants ou de condisciples étudiants, qui conduisent, dans la plupart des cas, à une paralysie des activités académiques, s’ajoutent des déviances comme le droit de cuissage, la baisse de la qualité des enseignements ou la non actualisation de ces enseignements par certains professeurs. La situation était si critique que beaucoup de parents se saignent pour envoyer leurs enfants soit à l’extérieur soit dans des universités privées de la place moins sulfureuses. Ils avaient peur aussi pour la sécurité de leurs enfants. C’est à croire que le pays avait perdu le gène qui faisait de lui le « quartier latin de l’Afrique ».
Depuis 2016, ce laisser-aller a trouvé une réponse dont les différents éléments tendent à faire redorer à l’Université son blason.
• Institution de nouvelles modalités de Collaboration Etudiants-Autorités
La crise survenue sur le campus de l’UAC en 2016 a conduit le Gouvernement de la rupture à déterminer une série d’actions visant substantiellement à, d’une part définir un nouveau mode de collaboration avec les organisations estudiantines et à améliorer les conditions de vie des étudiants d’autre part.
Et comme des dirigeants responsables ne sauraient laisser perdurer cet état de choses, depuis 2016, 3 innovations majeures ont ramené la sérénité sur les campus publics : l’élection au suffrage universel dans toutes les Universités, la représentativité des organisations estudiantines et l’aide de l’Etat aux organisations estudiantines. Ainsi, il n’est plus permis de s’autoproclamer défenseur des intérêts des étudiants après avoir constitué sa « guérilla » et de vivre en seigneur de guerre sur le Campus. Le suffrage universel détermine désormais les organisations susceptibles d’être les interlocuteurs de l’administration.
Depuis lors, un climat pacifié s’est installé au fil du temps sur les campus et l’anticipation est de mise dans la résolution des problèmes est réelle à travers le fonctionnement effectif des cadres de concertation (bureaux fédéraux des étudiants (BFE), Université, COUS).
Les apprenants vont en cours en toute quiétude.
• Nouveau système d’octroi d’allocations universitaires
Avant 2016, les étudiants peinaient à entrer facilement, et ce à bonne date, en possession de leurs allocations universitaires (bourses et aides universitaires). Parfois, c’est à 3 mois de la fin de l’année académique que certains commencent à percevoir ces allocations. La misère était ambiante notamment chez les étudiants dont les parents sont loin ou issus de milieux défavorisés. Il était devenu impossible de faire une prévision de ressources pour le paiement des allocataires et les promotions de bénéficiaires s’entremêlaient.
Face à cette situation déplorable et dégradante pour nos apprenants méritants, des actions urgentes ont été menées. Le Gouvernement a augmenté les fonds alloués aux bourses en 2018. Cette année-là, 15 milliards FCFA ont été débloqués pour apurer les arriérés d’allocations.
Mieux, alors qu’avant 2016, la date de paiement était aléatoire, depuis 2016, il a été procédé à la réduction du temps de traitement des dossiers et le paiement des allocations est aligné sur le paiement mensuel des salaires.
Avant 2016, le délai de traitement des allocations universitaires était de 08 mois. Il est actuellement de 01 mois.
L’autre révolution est l’existence depuis quelques années d’une plateforme d’inscription en ligne des dossiers des étudiants qui offre un grand soulagement à ces derniers puisque jusqu’en 2016, ils étaient obligés d’abandonner leurs cours pour venir s’aligner avant le crépuscule pour espérer pouvoir déposer leurs dossiers de demande de bourses le lendemain.
PERSPECTIVES : Il est prévu de renforcer significativement le processus avec la collaboration des Universités pour payer les allocations aux bénéficiaires dès le mois suivant leur inscription dans les Universités.
• Un meilleur cadre de vie pour les étudiants
Le transport, l’hébergement, la restauration sur les campus publics étaient critiques et faisaient l’objet de beaucoup de railleries à cause de leur faible taux de couverture. En effet, l’évolution galopante des effectifs estudiantins sur les différents campus universitaires a longtemps impacté négativement la qualité des prestations sociales fournies nonobstant les énormes moyens mobilisés par l’Etat pour couvrir les besoins.
Tenez ! Avant 2016, le nombre moyen d’étudiants transportés par an était de 190.000 environ à Abomey-Calavi. Depuis 2023 il est de 210.000.
En 2016, le nombre moyen de plats servis par an était de 683.000 environ à Abomey-Calavi, Cotonou et Parakou. Il est désormais de 800.000 environ.
Jusqu’en 2016, le nombre moyen d’étudiants hébergés par an était de 2000 à Abomey-Calavi et Parakou. Aujourd’hui il est de l’ordre de 3.000 soit 50% de plus qu’avant.
Un vent nouveau souffle sur ces prestations puisque, pour faire face à ces difficultés, le Gouvernement a décidé d’associer le secteur privé la gestion de ces œuvres sociales. Cette réforme est finalement rentrée dans sa phase active d’opérationnalisation notamment pour les sous-secteurs du transport, de la restauration et de l’hébergement en 2024.
• Développement culturel et sportif des étudiants
La pratique en cours avant 2016 consistait à remettre directement les fonds alloués aux organisations estudiantines. Celles-ci n’en font pas un usage judicieux si bien que les activités réalisées n’ont pas souvent un grand impact sur la communauté estudiantine. Avec la réorganisation des organisations estudiantines, l’Etat a mis en place une ligne budgétaire d’un montant de 20 millions FCFA par Université et par an. Suite à la relance des activités en 2020, un arbitrage est organisé en début d’année pour retenir les activités pertinentes à caractère fédérateur et à grand impact sur la communauté universitaire.
Les meilleures équipes de chaque centre dans les différentes disciplines participent aux Jeux Inter Campus qui se passent les mois d’août de chaque année. Ceci permet le brassage entre les étudiants des différents centres universitaires pour la mise en place des équipes universitaires compétitives en vue de la participation aux compétitions nationales, sous-régionales et internationales. La même démarche s’observe au plan artistique et culturel.
L’inclusion est également une donnée fondamentale dans l’animation des activités sportives. Suite à la prise, en juin 2023, des décrets d’application de la loi N° 2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin, les responsables des universités sont obligés de prendre en compte davantage les étudiants en situation de handicap dans les activités en général et celles sportives et culturelles en particulier. Par ailleurs, pour lutter contre la stigmatisation des étudiants en situation de handicap et contribuer à leur plein épanouissement, des activités ludiques et sportives sont organisées à leur profit.
Beaucoup d’aires de jeu ont été aménagées pour faciliter la pratique aisée des activités sportives sur les différents campus.
* Infrastructures pédagogiques et administratives
Face à une massification plus accrue et afin de garantir une formation de qualité dans des conditions décentes, nous avons construit, réfectionné et équipé depuis 2016, 44 bâtiments dont les blocs administratifs (UNA, UNSTIM, UP), blocs pédagogiques (UNA, UNSTIM, UP, UAC), bibliothèques (UNA, UNSTIM), laboratoires (UP, UAC), ateliers pédagogiques (UNA, UNSTIM), infirmeries (UNA), logements pour le personnel enseignant (UAC).
Un indicateur qui donne une idée de l’évolution positive de la situation est qu’en 2016, on était à 4 étudiants pour une place assise alors qu’entre 2021-2023, nous sommes passés à 2 étudiants pour une place assise dans les universités publiques du Bénin ; grâce à la construction ou la réfection et l’équipement de plusieurs amphithéâtres et salles de cours dans plusieurs universités.
PERSPECTIVES : Cet effort sera significativement renforcé par des infrastructures pédagogiques et administratives de type moderne qui sont planifiées pour être construites, équipées et mises à dispositions des Universités d’ici 2026. Ceci permettra d’améliorer encore plus le ratio.
* Amélioration de la qualité et de l’efficacité externe de l’enseignement supérieur
De nombreux dysfonctionnements étaient répertoriés dont : une faible qualité des offres de formation, l’absence d’une évaluation des enseignants et d’un organe opérationnel de contrôle et d’éthique dans l’enseignement supérieur. En un mot, une absence de commandement qui générait un vrai laisser-aller préjudiciable à l’efficacité du système.
Depuis 2016, le Gouvernement a initié une série d’actions visant à restaurer l’image de l’enseignement supérieur et à promouvoir la recherche et l’innovation au service du développement durable. Ces réformes ont déjà commencé à changer de façon très significative l’environnement académique, scientifique et social de nos Universités.
Il s’agit notamment des organes de régulation, de contrôle, d’évaluation qui doivent produire le corpus de textes et assurer l’information et la sensibilisation des acteurs à la base et leur préparation aux changements. Le Conseil National de l’Education (CNE), les Conseils d’administration et la Délégation au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur (DCE) sont nés. Ce sont désormais les marqueurs de la nouvelle gouvernance administrative, académique, financière et sociale des Universités et autres structures opérant dans les milieux universitaires.
• Le recrutement, le suivi administratif et pédagogique des enseignants
En avril 2016, l’effectif du personnel enseignant du supérieur était estimé à 1403. En deux ans (2016 à 2018), 178 enseignants ont été recrutés et une politique de recrutement de 100 enseignants par an sur 5 ans a été décidée pour relever l’effectif d’enseignants. Elle entre incessamment en vigueur avec les prochains recrutements planifiés pour lesquels les candidatures sont déjà enregistrées sur la plateforme dédiée.
• Un nouveau mode de recrutement plus crédible et plus efficace
Jusqu’en 2017, le processus de recrutement des enseignants des Universités Publiques s’assimilait plutôt à une cooptation. Une telle méthode ne valorisait pas forcément les plus méritants et affectait d’ailleurs négativement la qualité de la formation des étudiants.
Il a donc été décidé de la mise en place d’une plateforme pour l’inscription au fichier national des aspirants au métier d’enseignant du supérieur car au-delà d’un simple devoir de délivrance des cours aux apprenants, il devient urgent de mettre en place un processus assez transparent, libre et performant qui passe au filtre les futurs enseignants du supérieur, aptes et très responsables vis-à-vis des apprenants. Dès lors, tout processus de recrutement d’assistants se nourrit de tels profils disponibles dans un fichier. Cela met hors des Universités, des personnes désirant tenter leur chance en attendant de trouver mieux ailleurs. La preuve, une première expérience a confirmé la règle avec plus de 4000 postulants inscrits et environ 1500 candidats jugés éligibles au prochain recrutement d’assistants au profit des Universités publiques au titre de 2024.
PERSPECTIVES : Il est programmé un plan spécial de recrutement de plus de 1600 enseignants d’ici 2026. A cela s’ajoutera la mise aux normes des offres de formation qui offrira une meilleure redistribution des ressources humaines pour une prise en charge conséquente des apprenants et un véritable gain de compétitivité.
*Adéquation Formation-emploi
• Professionnalisation des formations
Jusqu’en 2016 et au-delà, il est fait grief à notre enseignement supérieur de beaucoup plus former au chômage ou au sous-emploi. Depuis la rentrée 2016-2017, le gouvernement a donc créé les Instituts Universitaires d’Enseignement Professionnels dont l’objectif est de dispenser une formation supérieure courte et focalisée sur les besoins économiques du pays. C’est une innovation car il s’agit d’une formation universitaire de type nouveau, orientée vers des corps de métier, plus pratique que théorique et qui ne dure que 2 années académiques à l’issue desquelles est décerné un diplôme, le Diplôme Universitaire de Technologie (DUT-Métier). On a dès lors des ressources humaines qui provenant de l’université et qui savent faire quelque chose de leurs mains et surtout dans les domaines prioritaires de l’économie nationale. Cette innovation au niveau du supérieur a déjà été mise en œuvre à Djougou et forme les jeunes aux métiers d’entrepreneur agricole.
PERSPECTIVES : A l’horizon 2030, au moins 5 000 jeunes seront impactés dans des secteurs prioritaires ouvrant sur une perspective d’emploi avérée.
• Cité internationale de l’innovation et du savoir : CIIS Sèmè City
Dans la dynamique d’avoir des offres de formation focalisées sur les besoins économiques du pays mais aussi sur les défis du monde actuel et futur, le Gouvernement a créé un campus hub qui servira de catalyseur pour les formations innovantes. Cette vision est portée par la Cité internationale de l’innovation et du savoir : Sèmè City qui offre des formations de pointe dans de nombreuses disciplines à débouchés professionnels sûrs, sans avoir besoin d’aller en Europe ou en Amérique.
Ce centre offre aux jeunes béninois en particulier et aux africains en général une opportunité unique de se former, d’entreprendre, d’expérimenter et d’innover au sein d’un cadre dynamique et stimulant où toutes les ressources sont réunies afin qu’ils repensent collectivement l’Afrique de demain.
Aujourd’hui, de par son rayonnement mondial, Sèmè City est une fierté nationale et sa réputation ne fera que grandir.
PERSPECTIVES : Avec les nombreux partenariats mis en œuvre, nous entendons créer grâce aux formations dispensées par Sèmè City, plus de 100 000 emplois, dont au moins 1/3 d’auto-emplois avec 40 % de femmes.
* Institutionnalisation et organisation des examens de Licence et du Master
L’état des lieux en 2016 était que l’on doutait de la qualité des diplômes délivrés par certains établissements d’enseignement supérieur du Bénin. L’environnement était tel que les textes en vigueur dans le secteur depuis 2008 n’étaient pas vraiment respectés et la perception qu’avait l’opinion publique des établissements privés d’enseignement supérieur (EPES) n’était pas bonne. Les parents investissaient beaucoup mais n’étaient même pas sûrs que leurs enfants recevraient des formations de qualité et obtiendraient des diplômes reconnus par l’Etat.
Depuis 2016, des réformes ont été effectuées pour mettre les EPES aux normes. Dans le même temps, des examens nationaux sont organisés pour sanctionner les formations données par ces EPS, délivrer des diplômes d’Etat.
De 2017 à 2023, le nombre de candidats inscrits aux examens nationaux de licence est de 41 668 et le nombre d’admis est de 26.980, soit un taux de réussite de 64,75%. Pour ce qui concerne le Master, sur 6.715 candidats inscrits, 4.667 sont admis, soit un taux de 69,5%. Les diplômes délivrés à l’issue de ces examens sont exemptés d’équivalence ou de cosignature et permettent aux apprenants des établissements privés d’enseignement supérieur de postuler à des emplois ou à des opportunités au même titre que ceux des Universités publiques du Bénin.
Au regard de la satisfaction générale qui s’est dégagée de l’expérience menée au cours des 7 années écoulées, il a été décidé d’institutionnaliser lesdits examens.
PERSPECTIVES : Veiller à l’amélioration continue de la qualité de la formation au niveau des établissements privés, notamment à travers l’organe de contrôle de qualité et la dématérialisation des examens nationaux pour certaines filières.
• Modernisation du processus de délivrance des équivalences de diplômes
Après avoir travaillé pour réussir à son examen, l’apprenant devait encore faire le parcours du combattant, traîner des paperasses pour se voir délivrer son diplôme ou des actes y afférents. C’était la situation avant 2016. Et souvent, très peu d’impétrants obtenaient à temps ces actes. Face aux nombreux désagréments que causait la délivrance tardive de ces actes aux bénéficiaires, il a été décidé expressément la mise en place de e-services :
E-service authenticité : le dépôt, le traitement des dossiers et la délivrance de l’attestation se font désormais en ligne. De même, le requérant peut faire le suivi en ligne et demander à son établissement de formation de répondre à la demande de la DGES. Plus de contact avec les usagers et moins de corruption. (Https. ://Service-public.bj/private/application)
E-service équivalence : le dépôt et le traitement des dossiers se font en ligne. Le requérant peut suivre en ligne l’évolution du traitement de son dossier et prendre connaissance de l’avis donné par la Commission, en cas d’avis défavorable ou réservé, il peut connaître le motif. La délivrance de l’attestation se fait en ligne, avec pour avantage l’absence de file d’attente des usagers pour le paiement des quittances et le retrait des attestations. (Https. ://Service-public.bj/private/application)
Exit les pages sombres de tracasseries inutiles amenant les requérants à faire de longs trajets pour venir s’aligner et payer les quittances qui sont de 3000 F pour l’authenticité et 5000 F pour l’équivalence.
*Recherche scientifique et innovation
• Nouveau mode de gouvernance du secteur de la Recherche
Le sous-secteur de la recherche scientifique et de l’innovation a souvent été perçu comme le parent pauvre de notre secteur.
Avant 2016, le diagnostic de ce sous-secteur aura révélé :
• un cadre institutionnel, législatif, réglementaire et de pilotage inopérant, des ressources humaines et financières insuffisantes et mal attribuées ;
• un accompagnement insuffisant du secteur pour la réalisation des objectifs de développement du pays ;
• des infrastructures et les équipements obsolètes ou insuffisants.
Afin de permettre à ce sous-secteur de contribuer efficacement au développement du Bénin, le gouvernement a déjà conçu un document de politique disponible depuis 2022. Il sera bientôt mis en place d’une agence assez autonome pour impulser une nouvelle dynamique en matière d’organisation, de financement et de promotion de la recherche au Bénin.
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