10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres : Un projet admirable, la flore en quête d’appui

Patrice SOKEGBE 1er juin 2022

Aujourd’hui plus qu’hier, l’on s’en rappelait. Ce projet dont les actions étaient visibles sur toute l’étendue du territoire national et inondaient quotidiennement les médias, reste encore gravé dans les esprits : « 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres ». A l’époque, toutes les parties prenantes, du Président de la République aux citoyens en passant par les ministres, députés, maires et autorités locales voulaient inscrire leurs noms dans les annales en restaurant la nature. Ce fut un projet très ambitieux dont les traces sont, aujourd’hui, de moins en moins visibles. En effet, de juillet 2013 au 8 octobre 2014, avec l’appui des partenaires techniques, le projet « 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres » a été lancé et mis en œuvre dans le but de procéder à la densification progressive du couvert végétal et à la reconstruction des habitats dégradés afin d’atténuer les effets des changements climatiques mais aussi de lutter contre la désertification et de protéger la biodiversité.
8 ans plus tard, mille et une questions restent sans réponses quant au suivi-évaluation, à l’entretien des plants et à la pérennisation du projet. Visiblement, le slogan « 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres » ne retentira plus jamais, car les ambitions du gouvernement de la rupture sont certainement ailleurs. Depuis 6 ans, il a donné priorité à l’aménagement et au reboisement des zones balnéaires et lagunaires. Ceci, manifestement à des fins touristiques. Cette nouvelle initiative est salutaire, car elle permet d’instaurer la propreté et de vendre la Destination Bénin. Pour autant, l’initiative ne doit pas faire oublier les campagnes de reboisement. Attendre chaque 1er juin pour manifester son amour pour l’environnement n’est qu’une farce qui ne fait plus rire. Adopter une telle posture laissera le Bénin dans un désastre sans précédent. Car, le dérèglement climatique ces dernières années montre qu’il faut craindre le pire. D’ailleurs, il est aisé de remarquer une dualité entre la viabilisation ou l’attractivité et le désir de faire du Bénin un espace vert.

En définitive, le reboisement massif des villes et campagnes est indispensable pour contrôler le changement climatique surtout quand on sait que les arbres jouent un rôle prépondérant dans un écosystème. Même si le gouvernement n’entend pas exhumer le projet « 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres », il faut tout de même des campagnes de reboisement plus fréquentes. Pourquoi pas de façon semestrielle, trimestrielle ou mensuelle ? Enfin, face à la nature laissée à elle-même, il ne serait pas exagéré d’affirmer que la quête de beauté sans le naturel risque fort bien au Bénin de n’être que ruine de l’âme.



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