A quelques jours de la fête de la Tabaski : les marchés de moutons sans clientèle

4 juin 2024

La fête de la Tabaski approche à grands pas. Mais à quelques jours de la célébration, le marché de moutons s’anime très peu. Les sites de vente qui, généralement, accueillent les troupeaux de mouton un mois plus tôt, sont tous déserts.

Le site de moutons communément appelé marché Gbô Sô Dji au marché Dantokpa est vide de monde et de bétail contrairement à l’habitude en période de l’Aïd El Kébïr. Seuls trois vendeurs, l’air hagard vont et viennent au milieu d’un petit troupeau. L’ambiance est quasi-inexistante, la clientèle est rare. « Les clients ne viennent pas cette année et on s’ennuie ici », déclare Léandre Hounwanou, un vendeur de moutons. Ce désert observé sur le site annonce une fête de la Tabaski plutôt très sobre. Certains mettent en cause la cherté de la vie pour justifier le calme qui règne à quelques jours de la fête. En dehors de la clientèle qui se fait rare, il y a le manque criant de bétail notamment les animaux venus du Nord du pays qui ont de l’embonpoint. A 11 jours, le site ne compte qu’une cinquantaine de têtes de moutons contrairement aux années antérieures où le nombre allait au quadruple. En explication de ce déficit, les commerçants mettent en cause la fermeture de la frontière entre le Bénin et le Niger. « Cette situation ne nous arrange pas du tout. Jusqu’à présent, les moutons ne sont toujours pas sur les marchés car les animaux qui viennent du nord et plus particulièrement du Niger, ne traversent pas la frontière pour entrer dans notre pays », se plaint Léandre. C’est ainsi que le marché de moutons est désert à Dantokpa, Zongo et autres.
En plus des situations qui précèdent, les rares clients qui viennent sur le site de vente de moutons se plaignent du prix. Les moutons sur le site coûtent entre 35 000 et 150 000 selon la taille de l’animal. Et Ils craignent une augmentation des prix mais ils espèrent l’arrivée d’autres vendeurs à moins d’une semaine de la Tabaski sur les sites de vente. Les années précédentes, le prix de vente des moutons allait de 90 000 à 700 000. Igor Hounwanou est le seul vendeur en possession d’une quantité importante de moutons en provenance du Nord. Néanmoins, les animaux sont un peu maigre. Il affirme que la fermeture de la frontière nigérienne contraint l’arrivée des troupeaux de moutons à vendre et la situation financière du pays fait que les acheteurs ne se manifestent pas. « Les clients n’affluent pas. Face aux prix des moutons, ils se désolent ». Seulement quelques-uns viennent acheter. Et à cause de leurs plaintes, il est obligé de vendre ses moutons sans grand bénéfice. « Les moutons que j’ai pris à 35 000, je les revends à 25 000 afin de liquider ma marchandise mais aussi pour venir en aide aux clients. Même si cela signifie ne pas faire de bénéfice, on essaie de faire avec. A la mosquée de Dantokpa, les musulmans habitués des lieux déclarent ne pas être en mesure de s’offrir un mouton pour la fête de l’Aïd el Kébïr. « Tout est cher sur le marché. Personnellement, je compte acheter des poulets pour la fête », a déclaré un fidèle musulman rencontré sur place. D’autres envisagent former des groupes de 4 ou 5 personnes pour s’offrir un mouton pour le bon déroulement de la fête. « Avec mes voisins, on a décidé de cotiser ensemble pour pouvoir acheter le mouton pour la Tabaski. » Ailleurs en ville, Une fidèle musulmane réaffirme la même chose : « on ne sent pas du tout la fête. Moi personnellement, je ne pense pas que nous puissions acheter de mouton pour la fête. Sincèrement, il n’y a pas d’argent dans le pays. C’est décourageant. Nous espérons qu’Allah fera grâce
Notons que la Tabaski est la fête la plus importante de la religion musulmane. Une célébration en mémoire du prophète Ibrahim pour son dévouement envers Allah. C’est un moment de partage entre les croyants. C’est aussi un moment de partage et de générosité à l’endroit des pauvres et des nécessiteux. Malgré le contexte particulier de cette année dû à la tension Bénino-nigériene, la fête prévue pour le 16 juin prochain, aura lieu dans le respect des règles de l’Islam.
Antoinette KOYA (Stag)



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