Les mesures prise par le gouvernement sont pour ma part une bonne chose. Cela va dans la bonne direction des taxes. Le gouvernement se rend compte de son erreur à vouloir intervenir de façon flagrante dans la filière Soja et autres. C’est un problème que l’Etat intervienne et se retrouve à être en première ligne pour fixer les prix des biens économiques. Nous sommes en train de renter dans quelque chose qui est contraire à nos droits et aux principes fondamentaux de l’économie parce que nous avons choisi l’économie libérale. Dans cette économie, c’est le marché qui définit les prix. Le principal souci est que les producteurs du soja ont produit compte tenu du contexte favorable de ces denrées car les prix étaient meilleurs l’année passée et dans les pays de la sous-région parce qu’il y a une très forte demande aujourd’hui dans beaucoup de pays. Les prix sont très élevés pour cette matière première. Déjà au niveau borchon, c’est à plus de 350 F, 400 ou 500 Fcfa. L’Etat a eu quand même la bonne idée d’installer des unités de production au Bénin pour pouvoir capter la valeur ajoutée. En théorie, si les usines qui ont quitté des milliers de kilomètres pour venir s’installer dans la zone industrielle sont maintenant là, en principe elles devront offrir des prix encore plus élevés car, aucun producteur n’est déconnecté et ils peuvent aller sur google et voir le prix à l’international. Les industriels qui sont installés devront ainsi proposer des prix encore plus élevés parce qu’ils font des économies par rapport à la distance, au transport maritime et ils préservent leur qualité parce qu’ils achètent directement la matière première dans le pays où ils peuvent la transformer. L’Etat avait d’abord décidé de mettre des taxes de près de 150F sur le kilo, ce qui est totalement exorbitant. Ce ne sont pas des taxes mais des prix prohibés au taux d’exportation du coton. L’Etat lui-même sait que le prix est nettement meilleur donc les commerçants ont répercuté leur manque à gagner sur les producteurs. Cette intervention de l’Etat n’a pas été acceptée par les producteurs, les intermédiaires et les commerçants. Les producteurs sont restés avec leurs produits sous leurs bras, ce qui a entrainé le découragement. Quand c’est l’Etat qui est en ligne de mire dans un secteur économique, les mécontentements se dirigent vers lui. Si les usines ne sont pas capables de payer au prix du marché, elles auront de difficultés à l’avenir et ce n’est pas sûr qu’à chaque fois, l’Etat aura le courage de mettre la main dans la poche pour pouvoir fournir des matières premières à un tel prix. Ils n’ont donc pas développé les mécanismes qu’il faut pour avoir suffisamment les denrées alimentaires à des prix abordables. Donc, il n’y a pas eu de réflexions sur ce volet. L’Etat ne peut pas aujourd’hui se mettre comme un gardien pour prendre les matières premières et les vendre aux usines. C’est une distorsion flagrante du marché. Je ne conseille pas au gouvernement de renter dans ce jeu. Ça va décourager les producteurs et entrainer l’effondrement du secteur parce que les producteurs ne vont pas tirer bénéfice de leur effort et par ricochet, notre agriculture aura assez de problèmes. L’Etat devrait laisser les usines développer leur propre politique d’approvisionnement et rentrer dans la compétition et être en mesure de supporter. Ils ne doivent pas bénéficier d’un appui quelconque de l’Etat sinon, le producteur n’a pas le droit de subir encore les affres des décisions de l’Etat qui devrait plutôt encourager la libre concurrence. C’est le principe dans une économie libérale. Ils peuvent vendre à l’extérieur si le prix est bon, Ils peuvent vendre à Cotonou si le prix est bon mais je ne pense pas qu’un producteur aille à l’extérieur si on lui achète le produit à 400 ou 450 Fcfa même si c’est à 800 F, il n’y ira pas. L’Etat devrait plutôt encourager les producteurs en enlevant les taxes qu’il a mis sur le produit, chercher à gagner les emplois qui seront créés, de la valeur ajoutée à l’exportation après transformation de ces produits au lieu de chercher à prendre des taxes directement. C’est donc de cette façon que l’Etat pourra stimuler le développement du secteur agricole. L’Etat doit également appuyer la recherche parce que les rendements sont encore très bas donc imaginez qu’un hectare de Soja donne plus de 800 kilos à l’hectare ou 700 kilo à l’hectare en moyenne. Mais si le producteur arrive à obtenir les deux tonnes ou les trois tonnes à l’hectare régulièrement, il pourra tirer un meilleur revenu. Il n’y a donc pas de politique pour le moment dans ce sens. Les rendements sont bas et cela crée des difficultés pour le producteur. C’est donc des réflexions à mener avec les chercheurs et les ONGs.
Lancée le 20 avril dernier, la deuxième édition du concours Green (...)
- 12 mai 2023