Ambiance de Toussaint à PK14 de Cotonou : Du rituel au spirituel pour honorer la mémoire des défunts

4 novembre 2024

Les habitants de la ville de Cotonou et environs ont sacrifié à la tradition en célébrant la fête de Toussaint. Une descente au cimetière PK14 le vendredi 1er novembre 2024 a donné l’occasion d’assister à une ambiance commémorative riche au plan spirituel.

Une marée humaine impressionne à l’entrée principale du cimetière PK14 de Cotonou. Cette foule écrasante rappelle la solennité du premier novembre. Il s’agit évidemment de la célébration de la fête de Toussaint et les membres des familles et alliés des âmes qui reposent au cimetière PK14 ne comptent pas rester en marge de cette commémoration. Nombre de pratiques sont prévues à cet effet pour honorer la mémoire de ceux dont l’affection a été arrachée à leurs proches.
Malgré les menaces de pluie de ce vendredi matin, le son d’une fanfare qui résonne entre les tombes se fait entendre, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention des passants et des visiteurs. Dans l’enceinte du cimetière, il y avait aussi une célébration eucharistique pour implorer les grâces de sanctification du Très Miséricordieux et ses faveurs.
A cela, s’ajoute un ensemble de rituels qui se poursuivent sur les sépulcres. Ils consistent pour ceux qui sont commis pour la circonstance, de nettoyer les tombes d’en refectionner d’autres et d’allumer des cierges en l’honneur des défunts. Et tout ceci, dans une bonne humeur avec en main, sceaux, chiffon, balais, houes, pelles et bien d’autres matériels pour le nettoyage. Aisément, ils se faufilent parmi les tombes soit pour apporter de l’eau ou pour passer du nettoyage d’un tombeau à un autre.

Tombeaux parés de fleurs et de bougies
De nombreux visiteurs, notamment ceux qui viennent se recueillir sur la tombe de leur regretté défunt semblent avoir le moral dans les chaussettes. Munis de cierges, des bouquets de fleurs, de l’eau bénite, d’ensens, de la poudre blanche, du parfum ou d’huile d’Olive, ils savent ce pour quoi ils sont là. Il s’agit de déposer les fleurs et d’allumer les bougies sur les tombeaux aspergés d’eau bénite ou oints d’huile. Cet ensemble de rituels est souvent accompagné d’un silence de quelques instants suivi de chants et de prières. C’est aussi un moment où facilement les larmes coulent des yeux de ceux qui ne peuvent plus se retenir. « Que ton âme repose en paix ! », « Depuis que tu nous as laissés, les choses ne sont plus les mêmes », « Rien ne peut combler ce vide », « Sache que tu es toujours présent dans nos mémoires, et veille sur nous de là où tu es ! », sont, entre autres, les propos qui sortent des bouches lors du recueillement. Une dame, toute seule, assise sur une tombe carrelée de couleur grise, tout en chantant ‘‘Viens, esprit de sainteté’’, fond en larmes. Approchée, elle laisse entendre : « Je ne sais pas si je verrai un homme bon, tendre et affectueux comme lui. C’est comme on dit que les bonnes personnes ne vivent pas longtemps sur terre ».
Comme elle, bon nombre de personnes sont présentes pour renouveler leur affection à leur disparu. « C’est le jour pour honorer la mémoire de ceux qui nous ont laissés pour la félicité céleste. Nous sommes venus leur rendre un hommage mérité et leur témoigner notre affection. Nous sommes là pour sacrifier à la tradition », confie un visiteur.

Même constat chez les musulmans
Le cimetière PK14 réservé à l’enterrement des musulmans vit dans la sobriété la célébration de la fête de Toussaint. Même si ce n’est pas avec le même faste observé de l’autre côté, visite pour recueillement, aménagement du tombeau, sarclage sont, entre autres, les gestes qui marquent la solennité du jour. « Nous ne sommes pas des musulmans. Notre papa l’a été jusqu’à sa mort. Nous sommes venus nous recueillir sur sa tombe et lui rendre hommage. Il nous aimait de son vivant et nous l’avons aussi aimé comme toujours », fait savoir le représentant d’un trio de visiteurs. Pendant ce temps, l’ambiance des allers-retours entre les tombes ne faiblit pas et les âmes qui reposent au cimetière PK14 bénéficient de leur part d’hommage à l’occassion de la fête de Toussaint.
Fidégnon HOUEDOHOUN



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