Au nombre des journées en l’honneur à la gent féminine, figure la Journée Internationale de la Fille. Célébrée le 11 octobre de chaque année depuis l’an 2012, cette journée met l’accent sur la nécessité de relever les défis auxquels sont confrontées les filles et de promouvoir l’autonomisation des filles et le respect de leurs droits humains. Et pour cette édition, le thème qui servira de tremplin à cet évènement d’envergure est : « Génération numérique, notre génération ». Dans cet entretien, Ariane Ayhitè Assavedo, sociologue, juriste spécialiste des droits de l’Homme en sciences du mariage et de la famille et présidente de l’ONG ‘je suis’ qui milite pour la protection de l’enfance, livre les tenants et les aboutissants de cette journée.
Depuis 2012, le 11 octobre est consacré aux filles. De façon concrète, quels sont les objectifs de cette journée ?
Je dirais concrètement que l’objectif de cette journée pour les filles, c’est de voir se réaliser dans leur vie et sur leur vie, les dix-sept (17) Objectifs de Développement Durable (ODD) résumés comme tels : Finir avec la pauvreté des filles en leur permettant de trouver de quoi manger pour être en bonne santé et connaître le bien-être adéquat grâce à une éducation de qualité reposant sur l’égalité de droits entre les sexes. Ce qui leur permettra d’avoir un travail décent pour opérer le changement et la croissance économique souhaitée aussi bien pour elles-mêmes que pour leurs communautés pouvant être impactées isolément ou collectivement grâce à un environnement sain, favorable à l’innovation et à la création d’infrastructures. Etat de choses qui réduira les inégalités et l’émergence de villes et communautés durables favorables à la production et consommation responsables, faisant donc attention aux effets de serre voire aux changements climatiques en vue de préserver la vie terrestre et aquatique. Toute chose opérant de façon latente et insidieuse pour la paix, la justice et l’érection d’institutions fortes sur lesquelles elles (les filles) peuvent se fier pour espérer réparation dans leurs relations aux autres. Cette journée dédiée à la fille et au respect de ses droits met donc l’accent sur la nécessité de la promotion et de la protection des filles dans leurs droits au regard des défis auxquels elles font face et qui constituent pour elles de véritables enjeux du fait de leur limitation dans l’accès aux moyens financiers puis à une éducation de qualité.
Cette journée est-elle dédiée à tout type de filles ou d’une certaine catégorie ?
A toutes les filles, toutes catégories confondues. Cette question met en évidence, justement, la problématique de la restriction de la jouissance des droits. Et qui seraient réservés à une certaine frange mieux qualifiée qu’une autre ou encore à une autre mieux discriminée qu’une autre. Certes, il convient de préciser que la jouissance de leurs droits par les filles devrait être un acquis plénier pour toutes. La sacralité de la vie relevée par l’article 8 de notre Constitution, partant, de la personne humaine fait que, dans le rang des filles encore plus, l’Etat a l’obligation absolue de lui garantir la pleine jouissance de ses droits dont le premier en particulier est le DROIT DE NAÎTRE EN TANT QUE FILLE.
En terre béninoise, comment cette journée est-elle célébrée ?
Après Beijing (la conférence mondiale sur les femmes) en 1995 où la promotion des droits des femmes et filles a été abordée pour la première fois, l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 19 décembre 2011, déclarait dans sa résolution 66/170, le 11 octobre comme Journée Internationale de la fille en reconnaissance à ses droits et aux obstacles qu’elle rencontre. Dès lors depuis 2012, le Bénin a jugé utile que sa population majeure constituée des filles méritait d’être prise en compte. S’inscrivant dans la logique des grandes nations, l’Etat béninois se déploie pour garantir aux filles le droit à l’éducation, à la santé physique, mentale et financière pour une vie sûre, des communications, formations et sensibilisations à leur endroit autour des thématiques telles que les inégalités d’accès à l’éducation, le mariage forcé, l’inégal accès aux soins de santé, les violences, le leadership. Des actions concrètes pour leur éducation telles la gratuité de l’école pour les filles, l’aide à certaines familles en ce sens pour l’achat de leurs fournitures (par des ONGs), de prévention de leur santé, sont initiées. Cette année, le Ministère du numérique et de la digitalisation a organisé en partenariat avec le Ministère en charge des trois ordres de l’enseignement, une série de formation à l’endroit des jeunes du primaire, secondaire et du supérieur du 24 au 28 avril 2023. Des avancées notables en matière de droits des filles sont perceptibles pour leur autonomisation et la lutte contre les violences auxquelles elles sont exposées de même que l’accès à l’instruction, l’éducation. L’encadrement juridique des textes de lois relatives aux droits de l’enfant dans notre pays représente pour elles, le gage d’une meilleure prise en charge et d’un avenir serein.
Et quels sont les enjeux d’une telle journée quand on considère les précédentes éditions ?
Il faut amplifier le leadership des filles en leur mettant en place un cadre de formation continue depuis une célébration X de la JIFI à une célébration y pour les doter d’un savoir et savoir-faire ou compétence en des matières identifiées, devant déboucher sur une formation complète de l’être des filles sachant allier les informations adéquates à chaque tranche d’âges et catégories. Tout en n’oubliant pas que, tout ce qui est dit en français ou toute autre langue étrangère jugée officielle peut être transmis à la petite fille lambda dans des conditions quasi identiques pour amplifier son potentiel, son leadership pour son bien-être. Permettre aux filles d’avoir une autre corde à leur arc en matière digitale de nos jours est salutaire quand on connait la force de transmission et d’ouverture sur le monde que constitue le monde du numérique et du digital en opposition aux usages pervers et néfastes qui en sont faits. Pour nous donc, il convient d’en faire un usage sain et ne pas atterrir hors du décor.
Pour vous qui militez pour la cause des filles, quelles sont les dispositions que vous avez prises pour la célébration de cette journée ?
Eh bien en collaboration avec deux autres collègues au grand cœur, deux merveilleuses amazones du RéFI (Réseau des Femmes d’Impact), Dr Irène MITCHODIGNI HOUNDOLO et Adeline ZANNOU, nous nous préparons pour une descente au Lycée Agricole Médji de Sékou (LAMS) pour une conférence sur ‘’le leadership féminin dans le processus d’autonomisation de la femme, le mercredi 18 octobre prochain.
Selon vous, le 11 octobre est-il une autre version du 08 mars ?
Je dirais que OUI et en mieux. Ne dit-on pas qu’il faut instruire l’enfant dès le jeune âge, et que, devenu grand, il ne s’en détournerait pas ? Ce qui aura manqué en amont aux femmes des 8 mars de notre pays sera relevé par les filles des 11 octobre d’aujourd’hui. La qualité est dans la relève qualitative que nous aurons laissée en ces filles, qui sont nos filles.
Avez-vous un appel à lancer ?
C’est d’investir dans l’avenir des filles, de toujours semer du bon dans leurs cœurs, pour espérer bénéficier du bon venant d’elles et leur offrir la vie de qualité à laquelle elles ont droit et qui n’est pas négociable. Un bon père, une bonne mère ne saurait négliger les plus faibles, les plus vulnérables et se consacrer aux bien portants. Et, dans le cas d’espèce, ce sont les filles qui ont besoin juste du minimum requis pour explorer tout leur potentiel et le déployer de la plus belle des manières.
Votre mot de fin ?
Garçons et filles, hommes et femmes devraient bénéficier des mêmes droits, mêmes attentions et mêmes valorisations pour savoir évoluer en équilibre dans la société et pour faire barrage à l’auto-sabotage, l’auto-destruction dans le rang des filles, et, pour outiller les filles à se surpasser toujours dans la recherche de la perfection et des valeurs. J’inviterai les filles à conserver leur candeur de l’enfance qui fait qu’elles aiment à jouer ensemble, à apprécier à d’être ensemble pour ne pas laisser place à l’animosité et à l’amertume. La force est en nous pour parfaire le monde.
Réalisation : Mahussé Barnabé AÏSSI (Coll.)
- 14 octobre 2024