Bénie Quenum a très tôt su montrer son goût et son attachement aux arts de la peinture malgré d’autres casquettes à son actif notamment cosmétologue, styliste et comédienne. Dans cet entretien, elle donne plus de détails sur le petit bonhomme de chemin qu’elle fait et qui fait d’elle, l’étoile montante dans ce domaine au Bénin.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans la peinture ?
Parlant d’expression, quels messages transmettez-vous à travers la peinture ?
Les messages que transmettent mes œuvres sont diversifiés. Par exemple, le thème de ma première exposition, faite à la galerie No Rules de Germain Lanha était ‘’Femme et Education’’. C’est pour évoquer l’impact féminin dans l’éducation des enfants, dans l’éducation des cadres de la société. Ainsi, je peins la femme en tant qu’éducatrice et mère au foyer pour ne pas dire la femme avec toutes ses casquettes. Ma deuxième exposition avait pour thème ‘’La Désillusion’’. C’est-à-dire que ce qu’on pense de la réalité n’est pas forcément ce qu’on vit, que ça soit dans le domaine du développement, de la politique et dans beaucoup d’autres secteurs. Pour moi, c’est en même temps un moyen de pouvoir désamorcer certains mensonges et avancer. Ma troisième exposition a pour thème ‘’Hommage à Virgil Abloh’’. A travers ce thème, j’ai voulu mettre en exergue la mode masculine, celle féminine, la pudeur, la créativité, le respect de soi et le respect des autres aussi. Virgil Abloh est la figure noire dans l’univers de la mode européenne surtout. Il a travaillé chez Louis Vuitton et il a été emporté par un cancer à l’âge de 41 ans. Il a ouvert une grande porte aux noirs parce qu’il était le premier noir à être directeur artistique chez Louis Vuitton, et l’école a trouvé juste de lui rendre hommage lors de notre soutenance. C’est aussi une occasion pour moi de témoigner ma reconnaissance à la sœur Henriette Goussikindey, le peintre Ulrich Gbaguidi, Germain Lanha etc… Je passe par ce canal pour saluer le soutien que m’apportent chaque jour tous ceux qui m’accompagnent et m’encouragent dans ce que je fais.
Parlez-nous de vos débuts dans le domaine
Je voulais me faire former avec des méthodes occidentales, des méthodes venues d’ailleurs pour pouvoir aussi apprendre à d’autres personnes parce que le savoir n’est pas fait pour être gardé pour soi mais pour être partagé et permettre à chacun de pouvoir apporter sa touche. C’est mon objectif et aussi permettre à d’autres personnes de donner de la valeur à la peinture béninoise. J’ai constaté que c’est un domaine assez caché. On n’en parle pas assez et beaucoup ne connaissent pas encore la valeur du travail qui se fait alors que c’est une œuvre de l’esprit qui mérite la considération. Les œuvres de chez nous, nos sœurs et frères doivent avoir l’habitude de les acheter pour soutenir ce domaine en essor au Bénin. Depuis toute petite, Je dessinais tout ce que je voyais et qui attirait mon attention. Je dessinais partout sur les carreaux, sur les murs etc… Donc en classe de première, quand la sœur Henriette m’a donné l’occasion de m’exprimer à travers la peinture, j’ai saisi cette opportunité. C’est elle qui m’a tout appris comme le mélange des couleurs et tout le reste avec la barre de fer. Après, je me suis rapprochée des ainés. J’ai fait également beaucoup de recherches sur le net.
Quels sont les différents supports que vous utilisez ?
Comme différents supports utilisés dans la peinture, il y a d’abord le papier, ensuite la toile faite avec le pagne, le tissu notamment les tissus 100% coton. J’aime mettre le reste de mes peintures dans mes vêtements parce que c’est une peinture qui ne part pas même dans l’eau.
Avez-vous déjà fait des expositions en solo ?
En solo, non mais en groupe, j’ai exposé avec des aînés comme Germain Lanha, Éric Mededa, Ulrich Gbaguidi, l’artiste congolaise Vanessa Manta et Anne Marie Akplogan qui étaient aussi de la partie.
La peinture vous a-t-elle déjà fait voyager notamment au-delà de l’océan ?
La peinture ne m’a pas encore fait voyager. Mais le théâtre, oui. J’ai fait des voyages en France, Guadeloupe et en Allemagne. Cela a d’ailleurs été une occasion d’acheter là-bas les pots de peinture et d’autres matériels de travail car, ils coûtent un peu chers ici. Quand j’allais là-bas pour le théâtre, je profitais pour prendre mes peintures pour pouvoir travailler ici.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le domaine de la peinture ?
D’abord, il y a l’entourage parce qu’on te voit dépenser des centaines de mille pour une œuvre difficile à vendre. Parfois, l’entourage perçoit cela comme une perte. Il y a aussi la santé. Des fois lors du travail, on s’oublie, on ne mange pas et ce n’est pas sans répercussion sur la santé. Il y a aussi l’aspect financier. Les fournitures sont souvent chères ici.
Un appel à lancer ?
Je dirai d’abord merci à vous et à votre organe pour l’occasion offerte. Aux artistes, je dirai de rester ouverts aux personnes des médias et je crois que lorsque chacun reste dans son couloir, c’est plus facile de réussir au même moment. Cela permet d’avoir moins de frustrations. J’invite les populations à s’intéresser à nos œuvres. Que les autorités à divers niveaux nous soutiennent davantage. Ainsi, c’est tout le Bénin qui sera porté au pinacle dans le domaine de la culture en général et celui des arts en particulier.
Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUN
- 14 octobre 2024
- 14 octobre 2024