Dr Jean Dossoumou, environnementaliste : "l'un des défis est d'amener le Bénin à atteindre un niveau de séquestration de carbone à travers le verdissement du pays..."

2 septembre 2024

Depuis l’avènement du Président Talon au pouvoir, plusieurs actions qui visent la protection de l’environnement sont entreprises. Dans votre posture d’environnementaliste, comment se porte ledit secteur sous nos cieux ?
Le secteur de l’environnement au Bénin se porte à merveille parce que depuis 2016, il est constaté l’amélioration de la gouvernance en matière de sauvetage environnemental et social au Bénin. Le secteur de l’environnement est tellement vaste que si on ne le circonscrit pas, on risque d’être global. La gouvernance s’est améliorée parce que l’État a initié beaucoup d’investissements et il faut dire qu’au Bénin, désormais, chaque projet ou chaque investissement initié sont soumis aux instruments de sauvegarde c’est-à-dire que les projets sont soumis aux études d’impact environnemental et social qui conduit à l’obtention auprès du Ministère du Cadre de Vie du certificat de conformité environnementale et sociale assorti des activités contenues dans le plan de gestion environnemental et social. Dans la mise en œuvre des travaux sur le terrain, les activités prévues par les experts dans le Plan de Gestion Environnemental et Social (PGES) sont mises en œuvre par l’entreprise. L’injonction lui est faite à travers son contrat notamment la partie qu’on appelle le cahier des clauses environnementales et sociales qui l’oblige à prendre en compte toutes les activités prévues dans le PGES. Il faut dire qu’aujourd’hui, les experts béninois sont très cotés à l’international en matière de sauvegarde environnementale et sociale. Donc, nous faisons un travail très pointu en termes d’analyse des impacts des activités projetées dans chaque projet. Cette analyse permet d’aboutir à des mesures d’atténuation des impacts négatifs et de bonification des impacts positifs. Ce sont ces mesures qui sont mises en œuvre pendant l’exécution des travaux. Les mesures d’atténuation n’effacent pas l’impact mais permettent d’atténuer. Donc vous allez constater dans la mise en œuvre des travaux en milieu urbain ou milieu rural quelques perturbations qui dénotent des impacts résiduels malgré la mise en œuvre des mesures. Comme le dit un adage : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ». Donc voilà, tout ce qui est avantage, c’est que la gouvernance s’est améliorée. Tout projet aujourd’hui est soumis à l’évaluation environnementale et il y a un suivi rigoureux sur le terrain pendant l’exécution des travaux. Au sein de la mission de contrôle, on met un expert environnementaliste et au sein de l’unité de gestion des projets aujourd’hui, il est obligatoirement mis en place une équipe de sauvegarde environnementale et sociale constituée d’un spécialiste en sauvegarde environnementale et d’un autre en sauvegarde sociale. Il y a l’expert environnementaliste au niveau de la mission de contrôle sur le terrain et au niveau de l’entreprise, il y a un responsable HSE (Hygiène, Sécurité, Santé et Environnement) qui met en œuvre les activités prévues dans le PGES. Et ces activités sont suivies par l’expert environnementaliste de la mission de contrôle. La loi donne également une prérogative à l’Agence Béninoise pour l’Environnement (ABE) pour le suivi de ces activités-là. Et aujourd’hui, c’est une trivialité que l’ABE envoie sur le terrain des experts pour faire l’inspection de la mise en œuvre du PGES sur les chantiers en cours d’exécution partout au Bénin. C’est du factuel. Vous pouvez questionner d’autres experts qui sont opérationnels sur le terrain, c’est ce qui se passe. Moi, j’ai déjà reçu, dans ce mois, deux missions de l’ABE sur deux de mes projets. En dehors de ça, dans l’exécution des projets qui durent plus d’un an, il y a ce qu’on appelle audit de conformité environnementale et sociale qui est réalisé parfois par le projet lui-même (audit de conformité environnementale et sociale interne) et parfois par l’ABE (audit de conformité environnementale et sociale externe). (Vous pouvez aller, pour des questions d’investigation, au niveau de l’unité de gestion de certains projets et vérifier ce que je dis). Tout ça se fait dans un cadre réglementaire qui a évolué depuis 2016. Il y a le décret 2017 qui a été pris pour améliorer le décret 2015 portant procédure d’évaluation environnementale en République du Bénin. Ce décret 2017 a été encore amélioré, toiletté avec l’ajout d’autres aspects en 2022. Autant vous dire que le cadre réglementaire a aussi évolué avec des textes réglementaires focus sur l’environnement, d’autres textes réglementaires connexes ainsi que les textes législatifs. Donc sur ce point, franchement, il y a une avancée.

Quels sont les défis pressants sur lesquels le gouvernement béninois ne devra marchander d’efforts actuellement ?
En termes de défis pressants sur lesquels le gouvernement béninois ne doit pas marchander d’efforts actuellement, je mets le doigt sur deux curseurs. Le premier, c’est la gestion des questions d’inondations qui se posent aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. En milieu urbain, il est question de continuer à doter nos villes de plans directeurs d’assainissement des eaux pluviales qui consistent à délimiter les bassins versants qui constituent la ville et à projeter sur ces bassins versants des ouvrages d’assainissement pour maîtriser l’eau de ruissellement et permettre à la population de vivre dans un cadre de vie sain. Il y a un effort qui est fait à Cotonou aujourd’hui à travers les différents projets d’assainissement dont le dernier est le Programme d’Assainissement Pluvial de Cotonou (PAPC). Il y a des villes secondaires qui sont aussi touchées par des projets d’assainissement dont le dernier est le Plan d’Assainissement Pluvial des Villes Secondaires (PAPVS). Il y a la phase 1 qui a déjà commencé et la phase 2, déjà activée et dont les activités vont démarrer très bientôt. Il est question d’élargir tout ça à l’échelle de toutes les villes, principales et secondaires du Bénin, de les doter du plan directeur d’assainissement des zones pluviales et également mobiliser des ressources pour commencer à travailler c’est-à-dire à mettre en place les horaires d’assainissement dont les collecteurs primaires, secondaires, les caniveaux, etc et aménager les exutoires. L’autre chose qui constitue également un défi majeur que l’État doit amener les communes à faire, c’est commencer à amener les communes dans les plans de lotissement à délimiter les zones inconstructibles qui sont des zones d’écoulement naturel de l’eau, des bas-fonds où l’homme ne doit pas s’installer. Mais avec la pression foncière en milieu urbain, l’urbanisation galopante et anarchique d’ailleurs de nos villes, il arrive que les populations commencent à s’installer dans le canal d’écoulement des eaux pluviales et aussi dans les bas-fonds. Donc, il est question, même si les communes n’ont pas encore les ressources financières pour faire face à la mise en place des ouvrages d’assainissement, elles peuvent déjà délimiter les zones inconstructibles. l’État peut les accompagner. C’est-à-dire on peut initier carrément un projet pour la délimitation des zones inconstructibles dans toutes les villes du Bénin et je prends pour ville, tout au moins les chefs-lieux de commune et aller vers les agglomérations urbaines spécifiques qui se développent. Dans la commune d’Aplahoué, par exemple, il y a l’agglomération d’Azovè qui se distingue et qui peut aussi bénéficier de telles interventions. Cela étant, en milieu rural, c’est le débordement des cours d’eau. Le Bénin est arrosé par plusieurs cours d’eau dont l’Ouémé qui fait des dégâts depuis Bétérou jusqu’à la vallée de l’Ouémé. Donc, toutes les populations situées le long de ce cours d’eau, par exemple, doivent être suffisamment informées sur la montée des eaux. D’ailleurs au niveau de tous les cours d’eau du Bénin, que ce soit le fleuve Ouémé, le fleuve Niger, le Mono, le Couffo, on doit pouvoir informer suffisamment parce que le Bénin a travaillé à la mise en place des instruments de suivi de la montée des eaux avec un système d’alerte précoce. Tout ça doit être synchronisé surtout que l’Agence Nationale pour la Protection Civile évolue dans ses fonctions et dans la mobilisation des ressources humaines aujourd’hui où les sapeurs pompiers ont intégré cette agence. Il est question de synchroniser tout ça et d’aider la population à faire face à la récurrente problématique du débordement des eaux de ses cours d’eau. Faire face, c’est d’abord apporter l’information à la population et ensuite aménager des zones qui peuvent accueillir de façon temporaire la population avant leur relogement, avant la descente des eaux et qu’ils aillent regagner leur domicile. Et c’est là, le maillon faible de la chose parce que c’est souvent laissé à la portée des communes qui n’ont pas trop de moyens pour faire face à de tels défis. Il est vrai que les mairies sont dotées de plans de contingence qui permettent de prendre en charge ces genres de catastrophes mais, hélas, ces mairies manquent de beaucoup de ressources. L’État devrait donc travailler à ce que ces situations soient maîtrisées. Le second défi, c’est d’amener le Bénin à atteindre un niveau de séquestration de carbone à travers le verdissement du pays. Le verdissement du pays passe par deux axes majeurs, à mon avis. Le premier axe, c’est la mise en place, l’aménagement des forêts classées c’est-à-dire doter les forêts classées de plan d’aménagement et mettre en œuvre ces plans en termes de reboisement intensif, la protection de ces forêts classées des prédateurs que sont les exploitants forestiers. Il y a aussi l’encouragement et la mise en place des plantations privées. L’État devrait aller dans ce sens. Je sais que beaucoup de projets vont dans ce sens, par exemple, le projet des forêts classées (PFC) qui travaille dans ce sens. Il y a beaucoup de projets qui aident les populations à la mise en place de plantations d’arbres fruitiers ou d’arbres à croissance rapide. Donc il est question de poursuivre l’élan dans ces domaines et de travailler à ce que nous améliorions notre capacité d’absorption de CO2. En milieu urbain, il est question de poursuivre l’effort de verdissement des villes où la libération du CO2 est très élevée et il faut avoir des [puits] de carbone pour pouvoir séquestrer ces CO2 et carbone qui sont libérés dans l’air. Alors, il est question de mettre l’accent sur la foresterie urbaine et savoir choisir les essences qui sont adaptées et qui présentent une grande capacité de séquestration. Ça fait partie des grands défis que je suis en train d’envisager. Je mets le curseur de l’État dessus pour qu’on en tienne compte. C’est vrai qu’il y en a plein mais voilà ceux sur lesquels j’aimerais attirer l’attention de l’État de ma position. C’est vrai que dans la séquestration du carbone en milieu urbain, il y a ce qu’on appelle les poumons verts (Foresterie urbaine) et les trames bleues pour permettre à ce que la vie puisse aussi avoir des points d’arrêts d’eau pour divers besoins (l’agriculture urbaine, maraîchage). Les trames bleues sont aussi des défis. Normalement, la question d’assainissement en milieu urbain ne devrait pas consister à recueillir l’eau et à l’évacuer vers les exutoires naturels mais également à les stocker à travers les bassins de rétention pour permettre à la ville d’avoir aussi des trames bleues pour la respiration de la ville, pour les besoins divers.

Des lois sont votées mais à peine on constate leur mise en application. J’en veux pour preuve, la loi sur l’usage du sachet plastique, la loi N° 2o17-27 DU l8 DECEMBRE 2017 où l’article 04 interdit de fumer en plein air et bien d’autres. N’est-ce pas aussi un défi ?
La loi sur l’usage des sachets plastiques a été votée et promulguée. Il y a un délai moratoire qui a été donné, c’est passé. Il faut dire que le bilan est mitigé. Sur ce point, le bilan est vraiment mitigé. Parce qu’on continue de voir des sachets non-biodégradables qui sont toujours vendus au pays. Là-dessus, c’est une volonté politique et le premier axe à aborder par rapport à ça, c’est de favoriser l’installation des unités de production des sachets biodégradables abordables à la population. Parce que si la population sait qu’elle peut avoir le même produit à coût réduit, le choix est vite fait. Il faut aider ces unités à s’installer et aussi leur permettre de mettre sur le marché des produits abordables à la population. Ça c’est la première des choses. Ça permettra de lutter contre les sachets non-biodégradables. Les autres, ce sont des slogans et on fait. On ne peut pas lutter contre ça si on ne fait pas un effort d’installation des sachets biodégradables. Pour parler de fumée, ce n’est pas les mêmes choses. Parce que vous évoquez l’article 4 qui interdit de fumer en plein air. Il y a une loi qui règlemente l’importation, la commercialisation et la consommation de cigarettes. Je ne sais pas si c’est de ça vous parlez ou bien de brûler les déchets plastiques. Il faut dire que la loi interdit même de brûler les déchets. Les déchets ne devraient pas être brûlés, les déchets doivent être enfouis, et gérés par des structures agréées. Donc la Sgds fait l’effort pour y parvenir aujourd’hui.

Quid des gaz à effet de serre ?
Oui, les gaz à effet de serre, c’est dans la moindre mesure, les gaz issus de l’utilisation des équipements électroménagers, frigo, climatiseurs, etc. Dans la grande mesure, c’est le gaz carbonique qui est libéré dans la nature, à travers non seulement le fonctionnement normal de la ville c’est-à-dire tout ce qui est utilisé pour préparer à la maison, la fumée qui se dégage ; le CO2 qui est émis dans l’air ; la mobilité de la population à travers les motos, les véhicules, c’est vraiment de gaz carbonique libéré dans l’air. Sur nos chantiers, le fonctionnement des engins de chantiers, les véhicules, les camions de chantiers, tout ça, participe à la libération de gaz carbonique dans l’air avec la consommation de gasoil. Donc normalement, la première des choses, c’est de mettre en place des outils de maîtrise ou bien de renseignements, d’informations sur la quantité libérée par exemple chaque mois, chaque année et la capacité de séquestration que nous avons mise en place. Les CO2 sont libérés mais les éléments qui doivent les capter ce sont les arbres. Quelle est la quantité libérée et quel est l’effectif des arbres capables de séquestrer les gaz carboniques émis. Parce qu’il est question par exemple de pouvoir séquestrer pour purifier l’air et libérer de l’oxygène. Donc nous devons mettre l’accent sur la foresterie urbaine à travers les arbres d’alignement, la création des espaces verts en milieu urbain, améliorer le poumon vert. Il y a des initiatives qui sont prises en périphérie de Cotonou ; à Cotonou, il y a des espaces verts, des arbres d’alignement, mais en périphérie de Cotonou, dans la ville d’Abomey-Calavi, en périphérie, vers Zinvié, il y a quand même des périmètres qui sont réservés pour les poumons verts. Au niveau de Houèdo, il y a l’initiative de M. Agoua avec aussi l’apport des animaux vers Ouidah après Pahou, il y a le terrain reboisé d’Ahozon. Ce sont des poumons verts qui sont là, qui doivent être entretenus et améliorés ; augmenter la superficie. L’autre chose dans la réalisation de nos travaux, il y a ce qu’on appelle le reboisement compensatoire et il est question aujourd’hui, que l’administration forestière travaille à ce que le reboisement compensatoire soit non seulement des réalités, surtout en termes de suivi des plants mis en terre mais également en termes d’équité écologique. Est-ce que la qualité et la quantité des arbres abattus pendant l’exécution des travaux sont remplacés ? Est-ce que ce nombre-là est réellement remplacé après l’exécution des travaux. L’administration forestière doit veiller à ça, et l’entreprise ayant un an, deux ans, trois ans, quatre ans au plus, quand l’entreprise finit, il faut que l’administration forestière prenne le relai pour poursuivre le suivi des plants mis en terre. Sinon vous voyez des plants mis en terre avec une bonne foi des entreprises mais des années ou des mois plus tard, le taux de mortalité est très élevé parmi ces plants mis en terre. Donc vraiment il faut améliorer les poumons verts en milieu urbain et poursuivre ça aussi en milieu rural comme je l’ai dit avant avec les reboisements intensifs dans les forêts classées et la création des plantations privées, pour encourager.

S’il y a quelque chose qui caractérise le gouvernement Talon, c’est bien l’amélioration sinon la rénovation des villes en infrastructures. Ça aussi participe à la protection de l’environnement ? Si oui, jusqu’à quand ?
Effectivement le gouvernement de Talon a opté pour la modernisation des infrastructures en milieu urbain. Que ça soit les infrastructures immobilières, le routier, la voirie, l’assainissement. Il faut dire qu’un accent particulier est mis là-dessus. Et comme je le disais à l’entame, chaque initiative de notre Etat, qu’elle soit financée par le budget national ou un financement extérieur, vraiment est soumise aux instruments de sauvegarde environnementale et sociale. Il y a une étude environnementale qui est faite et après l’étude, toutes les recommandations sont mises en œuvre pendant l’exécution des travaux. Je l’ai beaucoup détaillé dans ma première intervention. C’est ce qui est fait, et ça c’est factuel. Et franchement, en tant qu’expert, c’est mon métier, j’ai un technicien, j’avoue qu’il y a vraiment beaucoup d’amélioration. Une attention particulière est accordée à ce secteur-là. Je peux vous faire une confidence, seulement hier j’étais à une réunion de chantier et le PDG de l’entreprise disait à ses collaborateurs que quand on vient sur un terrain, parfois le volet technique n’est pas trop abordé mais c’est au volet environnemental que les gens accordent beaucoup d’attention. Que ça soit les membres du gouvernement ou les partenaires techniques ou financiers, lorsque leurs équipes arrivent sur le terrain, c’est sur le volet environnement qu’ils s’attardent. Alors, tout le monde a pris conscience de ce que l’environnement est un enjeu majeur aujourd’hui dans la mise en place des investissements, dans l’exécution des investissements, dans la mise en place des infrastructures que ça soit en milieu urbain ou en milieu rural. C’est vraiment cette prise de conscience qu’il faut vraiment saluer et les choses bougent dans ce milieu-là, c’est très dynamique. Et on peut dire qu’il y a vraiment beaucoup d’amélioration et s’il y a beaucoup d’amélioration, on peut à coup sûr le dire avec une certaine aisance et évidence que ça participe à la protection de l’environnement. Déjà, les infrastructures d’assainissement participent à la lutte contre les inondations qui sont des problèmes à l’environnement. Et ça permet d’améliorer le cadre de vie de la population. L’aménagement des rues permet à la population de vite circuler et ça évite la concentration des fumées par endroit et lorsque vous êtes à ces niveaux-là, vous êtes étouffé, les yeux vous irritent. La circulation est fluide, et lorsque la circulation est fluide, il n’y a pas trop de concentration de gaz carbonique. Donc on peut avouer que les investissements participent à la protection de l’environnement. Quoique mettant un peu de bémol, on peut mieux faire, on peut améliorer encore des choses. L’un des aspects que je veux évoquer, c’est le suivi des plants mis en place en termes de reboisement compensatoire. D’abord, il faut pouvoir identifier les endroits pour faire de bons reboisements compensatoires et qu’après le départ de l’entreprise, l’administration forestière puisse prendre le relai pour le suivi des plants. Le choix d’un bon endroit parce que parfois, le plan de gestion environnementale et sociale demande le reboisement de telle superficie, mais il arrive que la commune n’arrive pas à mettre à la disposition de l’entreprise, la superficie demandée pour le reboisement compensatoire. Donc, il y a un effort à faire à ce niveau. L’autre chose, c’est de travailler vraiment en symbiose avec ces acteurs à la base, c’est-à-dire l’administration forestière décentralisée, la mairie, pour pouvoir faire en bonne et due forme les reboisements compensatoires. Et j’encourage aussi l’État à poursuivre les investissements dans la mise en place des ouvrages d’assainissement en milieu urbain.

Que recommande l’environnementaliste que vous êtes pour la protection de l’environnement au regard des changements climatiques qui secouent le monde entier ?
En tant qu’environnementaliste, que recommander pour la protection de l’environnement. Dans le monde, c’est trop dit, je préfère dans mon pays. Dans mon pays par exemple, c’est de continuer à travailler sur la maîtrise des inondations que ça soit en milieu urbain ou en milieu rural. Vraiment la maîtrise des inondations, aussi les questions de pouvoir mettre à la disposition des populations, les informations météorologiques. C’est à dire les périodes de pluie. Parce que vous savez nos populations attendent toujours la pluie pour faire le champ parce qu’aujourd’hui les activités agricoles sont assujetties à la manifestation de la pluie. Donc, il faut vraiment mettre à leur disposition des informations liées à la fréquence des pluies. Alors, vous savez il y a des COP qui s’organisent pour définir ce que les états doivent faire. J’oubliais aussi par rapport aux changements climatiques. Il y a l’érosion côtière. Vous savez l’Etat béninois travaille dans la maîtrise de l’érosion côtière et ça se fait sur deux axes majeurs à mon avis. Le premier fond, c’est la mise en place des épis pour engraisser des parties de la côte du Bénin. Également le dragage de certains chenaux qui conduisent l’eau vers la mer océan. Donc, aujourd’hui le lac ahémé est en train d’être drafté, le lac d’eau est projeté et ainsi de suite. Donc, quand on drafte, ça permet d’ augmenter la capacité de contenance de l’eau et ça fait que l’eau est stockée là et ne pas vers la mer. Donc, des actions sont faites dans le sens de protéger notre côte. Parce que au plan mondial, la fonte des glaces fait que le niveau de l’eau augmente dans la mer et c’est imparable pour les villes côtières comme Cotonou, chez nous. Donc, voilà le travail qui est fait par l’État. Je pense que d’ici là, ça peut nous permettre de résolver les problèmes que nous avons. C’est vrai que c’est une lutte perpétuelle, ce n’est jamais gagné d’avance. Les investissements seront toujours de génération en génération. Notre génération est en train de mettre en place des épis, peut-être des générations après nous vont concevoir d’autres technologies pour permettre de réduire les effets de l’érosion côtière.

Alerte rouge sur le fleuve Niger. Un mot à cet endroit.
Le fleuve Niger a fait des dégâts, principalement dans les communes du Bénin, Malanville et Karimama. Et à ce niveau, il est question d’alerter la population sur la montée de l’eau. Vous savez, le Niger est généré par l’autorité du bassin du Niger donc ils ont mis en place vraiment un système d’alerte dont le Bénin devrait profiter suffisamment. Et il y a des projets qui interviennent dans les bassins de ces cours d’eau là. Alors, souvent la plaine inondable est prise d’assaut avec la montée des eaux et en plus il est question d’alerter la population pour récolter vite les produits agricoles et aussi évacuer les plaines inondables pour vraiment aller sur des zones très sécurisées. Ça, c’est la première des choses. La deuxième chose, c’est de réguler la mobilité des populations sur le cours d’eau et ça, il est question d’avoir une base navale qui est très équipée et qui est capable de surveiller l’eau pendant la période des pluies et empêcher des populations de faire des embarquements à risque. Il faut surveiller les populations parce qu’elles vont forcément se déplacer et vous savez qu’il y a des peuples qui sont spécialisés pour ça. D’autres vont faire la pêche dedans mais pendant la période des crues, on doit pouvoir réguler la circulation, voir l’embarquement, est-ce que c’est à risque, les suivre pour les secourir au cas où il y aura vraiment de chavirement. Il y a également que la brigade devrait surveiller aussi tout ce qui se fait comme activité pendant cette période de crue où même donner les alertes pour permettre à la population même d’embarquer dans la période où c’est rouge. Donc, le rouge peut descendre d’une semaine à l’autre. Donc, voilà un peu des efforts qui restent à faire sur ce cours d’eau pour éviter que chaque année, on enregistre toujours des cas de noyage.

Propos recueillis par Mahussé Barnabé AÏSSI (Coll.)



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