Dr Tanguy Agoï au sujet du 03 mai : « Il n’y a de liberté de presse effective nulle part sur la planète terre »

6 mai 2024

Les hommes des médias ont, le vendredi 03 mai dernier, célébré les noces de basane de la journée internationale de la liberté de presse. Cette journée à l’initiative de l’Unesco est une occasion franche pour les professionnels des médias de mener des réflexions sur les questions de liberté de la presse et d’éthique professionnelle. L’Ecole nationale des sciences et techniques de l’information et de la communication (ENSTIC) de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) l’a organisée à sa manière. L’occasion était donnée au Dr Tanguy Agoï de présider un panel de discussions. A la fin de sa présentation, nous lui avons tendu notre micro.

Les médias et par ricochet les journalistes doivent davantage militer dans le secteur de l’environnement. Qu’en dites Dr Tanguy Agoï ?
Aujourd’hui l’environnement est un domaine transversal parce que quand on dit environnement, on parle de la santé, d’économie, de politique, c’est aussi un enjeu diplomatique et il est vraiment urgent d’en parler. Il serait donc très facile que les journalistes se spécialisent davantage en environnement. Il suffit de suivre l’actualité sur l’environnement, se documenter au quotidien, suivre les émissions sur l’environnement, s’informer sur les actions de l’Etat dans le domaine ainsi de suite.

Quelle a été votre réaction suite à la publication du thème (qui porte sur l’environnement) de la 31e édition de la journée internationale de la liberté de presse ?
Evidemment je me réjouis du fait qu’on puisse consacrer cette journée aussi cruciale que ça sur une problématique de l’environnement. Mais l’environnement étant transversal et l’avenir de l’humanité résidant dans la question de l’environnement, je peux comprendre que juste pour cette journée, on puisse quand même se taire sur nos difficultés au sein de la corporation et qu’on fasse place à une thématique qui concerne l’ensemble de la planète. Par ailleurs, ça me dérange un peu parce que le 03 mai, c’est pour la liberté de la presse. On devrait s’asseoir et demander si nos conditions sont en bon point. On devrait s’asseoir et se demander si on doit se taire et continuer à assister à ce qu’on nous tue chaque année. On devrait s’assoir pour savoir si nous avons véritablement les moyens de faire notre job normalement, on devrait constater que les journalistes n’ont pas un bon salaire, analyser le bilan des journalistes qui sont passés de vie à trépas courant l’année dernière, etc. Ce sont ces questions que nous devrions aborder au cours de cette journée. Malheureusement, il y a un dévoiement de l’esprit du 03 mai. Et là, je suis un peu dérangé.

Est-ce que Dr Tanguy Agoï au vu de ces nombreuses années d’expériences professionnelles pense que la liberté de la presse est une réalité dans le monde ?
Non ! Il n’y a de liberté de presse effective nulle part sur la planète terre. Parce que la liberté dans son sens même, c’est la quête continuelle. C’est une quête perpétuelle. Vous pensez qu’en France ils ont la liberté de presse ? Regardez simplement comment ils ont traité la guerre entre l’Ukraine et la Russie. C’est ça on appelle liberté ? Ce n’est pas parce que les médias sont libres d’avoir leur ligne éditoriale qu’ils sont libres. Ne nous bluffons pas !

Alors est-ce qu’au Bénin vous sentez vraiment que les journalistes sont déterminés dans la quête de cette liberté ?
Je dirai non ! Nous avons abandonné le champ ! Chacun s’est replié sur lui-même. Et ce n’est pas spécifique au domaine de la presse, au domaine des médias. Tout le monde a renoncé. L’exemple le plus frais dans la mémoire, c’est celui des syndicats. Si ce n’est pas récemment ils ont décidé de faire une marche, vous les avez entendus encore parler ? Dans l’arène politique aussi…
Propos recueillis par Mahussé Barnabé AÏSSI (Coll.)



Dans la même rubrique