Il a fallu quarante jours pour que le pétrole pompé au Niger atteigne les installations de Sèmè-Kraké avant son acheminement vers le reste du monde. Les premiers litres de ce précieux liquide arrivés au Bénin après avoir parcouru près de 2000kms via l’oléoduc, inaugurent une nouvelle ère des relations bénino-nigériennes. Désormais, et pendant de nombreuses années, le Bénin servira de transit pour le pétrole du Niger. Au vu de la grande qualité des relations entre les deux pays depuis des décennies, il faut se réjouir de ce nouvel acte qui devrait unir davantage les deux Etats. Seulement, l’or du Niger coule au Bénin à un moment où les officiels des deux côtés n’ont pas encore véritablement fumé le calumet de la paix.
Depuis le coup d’Etat de juillet 2023 qui a mis fin aux fonctions de Mohamed Bazoum, le Bénin, en s’alignant sur les sanctions de la Communauté ouest-africaine, a pris ses distances avec la junte. S’en est suivie la fermeture des frontières. Une position ad hoc qui ne devrait durer que le temps d’un feu de paille. Hélas, le durcissement de ton des deux côtés a prolongé plus qu’il n’en faut cet état de choses qui a porté de rudes coups aux économies des deux pays. Les transporteurs et autres importateurs et exportateurs en ont eu pour leur grade. Lorsqu’est venu enfin le moment de remettre la balle à terre, très vite le Bénin a réouvert ses frontières espérant que le Niger fasse de même. L’espoir et l’enthousiasme suscités par cette ouverture n’ont été que de courte durée. Pour des raisons qui leur sont propres, les autorités nigériennes n’ont toujours pas levé le blocus sur le pont du fleuve Niger pour matérialiser le réchauffement des relations. Depuis un peu plus de deux mois, c’est le statu quo. Désireux de conjuguer cette malheureuse parenthèse au passé, le Bénin continue de maintenir le dialogue en vue du dénouement que les populations des deux pays appellent de tous leurs vœux.
La mise en service de l’oléoduc matérialisé par l’acheminement du pétrole nigérien au Bénin est le signe que les deux pays qui nourrissent une proximité géographique et une histoire commune sont condamnés à vivre ensemble et à s’entendre. Les désaccords ne devraient pas prendre le dessus sur l’essentiel qui est le vivre-ensemble et l’épanouissement des deux communautés humaines.
Heureusement que dans ce “froid” des relations, l’or noir du Niger qui acquiert de la valeur ajoutée en transitant par le Bénin vient rappeler aux deux gouvernements que les relations doivent être réchauffées, ici et maintenant. La bonne nouvelle est que l’oléoduc soit fonctionnel dans un contexte de tensions. La seconde bonne nouvelle sera que le blocus soit enfin levé du côté de Gaya au Niger et que les décideurs vident leurs désaccords autour d’une table. Il y va de la bonne santé des deux économies, mais aussi et surtout du réchauffement du vivre-ensemble entre les deux peuples que rien ne divise.
- 14 octobre 2024
- 14 octobre 2024