Restaurer la qualité de l’enseignement dans les écoles béninoises. C’est la formule magique trouvée par le gouvernement de la rupture qui, à la veille de la rentrée scolaire 2021-2022, a ouvert un registre d’inscription dans l’ensemble des circonscriptions scolaires pour les personnes aspirantes et désireuses de s’engager dans le métier. Même si l’objectif demeure d’enrichir la base de données des aspirants au métier d’enseignant pour l’encadrement efficient des apprenants, il est tout de même à noter que le gouvernement va s’ouvrir aux enseignants admis à la retraite. Retourner à la vieille marmite paraît donc une solution judicieuse pour non seulement se remémorer le bon vieux temps, mais également pour rehausser le niveau de l’enseignement. Admis à la retraite depuis plusieurs années déjà, ils doivent retourner à la craie et transmettre les notions d’enseignement à la génération montante. Esseulée, dégoutée et prise dans un étau, cette dernière, en quête de repère, va devoir composer avec les anciens afin que la transition soit parfaite. En restant ouvert à toute personne désireuse d’enseigner, le gouvernement mise ainsi sur des enseignants engagés et qui en ont vraiment la vocation.
L’idée est salutaire, mais le doute demeure. Le traitement notamment des aspirants au métier d’enseignant reste toujours précaire. Depuis 2 ans, à la mise en œuvre de la réforme sur l’aspiranat, ceux-ci ne cessent de donner de la voix. Pris entre le marteau et l’enclume, ils mènent une vie précaire, accentuée parfois des contrats sans lendemain. De plus, ils ploient sous le poids des effectifs pléthoriques, de l’augmentation des masses horaires, des questions de bivalence et les appels répétitifs à l’ordre. Pis, ils doivent faire face au train de vie sans cesse grandissant avec des pitances chétives qui leur sont payés pendant 9 mois. Le ventre affamé n’a point d’oreilles. Naturellement, à ce rythme, le rendement ne pourra pas être à la hauteur des attentes. Déjà dans les rangs des enseignants, il y a eu une vague de démissions et il convient de repenser la réforme.
Faire mieux qu’avant !
Deux ans sont passés, l’eau a coulé sous les ponts et les récriminations se sont multipliées. Le gouvernement connait certainement les goulots d’étranglement, il lui revient à présent d’apporter des solutions claires. Cela passe par des actes qui visent à motiver le personnel enseignant en vue de meilleurs résultats. L’appel aux bonnes volontés et aux retraités est sans doute un signe évocateur. Mais, quand on sait que la grande masse des aspirants se retrouvent parmi les jeunes non seulement sans expérience, mais qui aussi se plaignent des conditions de travail, il y a lieu de repenser la formule. Car, si tant est que les évaluations pour les jauger est nécessaire afin de tirer le bon grain de l’ivraie, rien ne dit qu’en situation de classe, les enseignants aspirants retenus seront les meilleurs. Déjà, en ce qui concerne les retraités appelés à la rescousse, il y a un légitime scepticisme par rapport à leur condition physique. D’ailleurs, il est normal de s’inquiéter à ce sujet tout simplement parce qu’ils ont l’obligation d’une bonne mobilité dans la classe pour mieux encadrer les apprenants. Sur un autre plan, il est à souligner que quelle que soit la compétence des aspirants, face aux effectifs pléthoriques surtout si c’est des jeunes sans expérience, le résultat serait difficilement à la hauteur de ce qui est exigé d’eux.
En somme, beaucoup d’aspects sur lesquels, avant la prochaine rentrée, la réflexion doit s’inviter. Sinon, avec l’accumulation des erreurs de gestion du corps enseignant, c’est l’avenir des apprenants qui serait mis en danger. C’est pourquoi, il est encore temps, en toute sérénité de faire le bilan des deux premières années d’aspiranat et de faire une meilleure projection pour les années à venir. Autrement, il serait difficile de se rassurer que les prochains jours augurent d’un lendemain meilleur pour l’éducation au Bénin et que les couacs des années passées seront définitivement rangés aux oubliettes.
“La taille d’une population et sa jeunesse peuvent être un atout, (...)
- 2 juin 2023