La Conférence 2023 sur les changements climatiques ( COP 28), une conférence internationale de l’Organisation des Nations unies se déroulera t du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï aux Émirats arabes unis. Dans la perspective de cette grande rencontre, les leaders religieux à travers la Conférence des Églises d’Afrique (AFAN-CJ) qui regroupe plusieurs confessions religieuses, se préparent et travaillent pour l’avènement d’une véritable justice climatique pour l’Afrique. Dans un entretien accordé à votre journal, le Béninois Abdoul Rahim Anifowoché, qui a récemment pris à une activité de l’AFAN-CJ à Nairobi nous parle de l’importance de cette justice climatique.
Parlez-nous un peu de vos domaines d’intervention
J’ai été Vice-président du Réseau des associations et Ong islamiques du Bénin intervient dans les domaines de la santé, l’éducation, l’environnement et tout ce qui touche au bien-être social. Avec ce réseau, j’ai eu l’opportunité d’être consulté par le Programme islamo-chrétien basé à Nairobi au Kenya. Ensuite avec le Programme islamo-chrétien, nous intervenons au niveau de la Conférence des Églises de toute l’Afrique (AFAN-CJ) Toutes ces structures ont des relations de travail avec la communauté musulmane et les fidèles des religions endogènes. Elles travaillent pour le dialogue inter-religieux, le vivre-ensemble, la paix, la résolution pacifique des conflits, la protection de l’environnement et dans d’autres domaines.
Avec la Conférence des Églises d’Afrique, vous avez pris part une rencontre récemment à Nairobi au Kenya, une rencontre préparatoire de la COP 28 prévue pour se tenir à Dubaï. Parlez-nous en.
Avant même ce sommet qui a regroupé les Chefs d’Etat et de gouvernement des pays africains sur la COP 28, il y a d’abord eu la pré-consultation entre nous leaders religieux et des universitaires de toute l’Afrique réunis au sein de ce nous pouvons appeler le Réseau des leaders religieux d’Afrique pour la justice climatique. C’était en novembre 2022 à Kigali au Rwanda où nous avons eu droit au compte-rendu de la COP 27 qui s’était déroulé en Egypte.
Pourquoi les leaders religieux décident-ils d’intervenir dans les questions relatives aux changements climatiques ?
Les leaders religieux sont des gens qui sont au quotidien au contact des populations. Ils sont les mieux placés pour informer constamment les populations sur les enjeux de la protection de notre planète Terre.
Quand on parle de justice climatique, qu’est-ce qu’on peut retenir ?
Vous savez, quand on parle de pollution de l’environnement, de la production des gaz à effet de serre ou de la destruction de la couche d’ozone, ce ne sont pas les pays africains qui en sont responsables. Les pays africains ne sont de gros pollueurs, mais ce sont plutôt eux qui subissent la pollution de notre planète, une pollution causée par les gros pollueurs que sont
les pays occidentaux et surtout les pays industrialisés. Parlez de justice climatique, c’est revendiquez que justice soit faite aux pays sous-développés victimes. Mieux, nous luttons pour que les différents engagements pris par ces pays industrialisés lors des différentes précédentes COP soient respectés. Nos océans sont jonchés de déchets plastiques et divers, le projet de la grande muraille verte d’Afrique peine à décoller faute de ressources financières. Nous pensons que si les engagements sont respectés et que les ressources nécessaires sont mises à disposition, les pays non développés comme ceux d’Afrique se porteront mieux face aux changements climatiques.
Alors, dans la lutte pour la justice climatique que vous menez, est-ce que les lignes bougent ?
Les lignes ne bougent pas et c’est justement pour cela que vous travaillez à une meilleure prise de conscience de la situation. Nous l’avons encore martelé lors de la pré-COP 28 de Nairobi du 2 au 8 septembre 2023 que d’aucuns qualifient de la COP des Africains. Plusieurs Chefs d’Etats africains étaient là et ont pris des engagements pour que justice soit faite.
Quelles étaient les grandes résolutions de cette rencontre de Nairobi ?
Il y a eu un document finale intitulé « Déclaration de Nairobi sur le changement climatique et l’appel à l’action ». Dans ce document, il y a des suggestions comme élaborer et mettre en œuvre des politiques, des réglementations et des incitations visant à attirer les investissements locaux, régionaux et mondiaux dans la croissance verte et les économies inclusives ; propulser la croissance économique et la création d’emplois en Afrique d’une manière qui limite nos propres émissions et contribue également aux efforts mondiaux de décarbonation, en dépassant le développement industriel traditionnel et en favorisant la production et les chaînes d’approvisionnement vertes à l’échelle mondiale ; concentrer nos plans de développement économique sur une croissance positive pour le climat, y compris l’expansion des transitions énergétiques justes et de la production d’énergie renouvelable pour l’activité industrielle, des pratiques agricoles respectueuses du climat et réparatrices, ainsi que la protection et l’amélioration essentielles de la nature et de la biodiversité, renforcer les actions visant à stopper et inverser la perte de biodiversité, la déforestation et la désertification, ainsi qu’à restaurer les terres dégradées afin d’atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres ; renforcer la collaboration continentale, qui est essentielle pour permettre et faire progresser la croissance verte, y compris, mais sans s’y limiter, l’interconnectivité des réseaux régionaux et continentaux, et accélérer encore l’opérationnalisation de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ; faire progresser l’industrialisation verte sur tout le continent en donnant la priorité aux industries à forte intensité énergétique pour déclencher un cycle vertueux de déploiement d’énergies renouvelables et d’activité économique, avec un accent particulier sur la valeur ajoutée des richesses naturelles de l’Afrique ; redoubler d’efforts pour augmenter les rendements agricoles grâce à des pratiques agricoles durables, afin d’améliorer la sécurité alimentaire tout en minimisant les impacts environnementaux négatifs ; rendre la tête du développement de normes, de mesures et de mécanismes de marché mondiaux pour évaluer et compenser avec précision la protection de la nature, de la biodiversité, des co-bénéfices socio-économiques et de la fourniture de services climatiques.
Quelles relations entretenez-vous avec les autorités béninoises ?
Au Bénin, nous avons déjà eu la chance de façon informelle de rencontrer un cadre du ministère du cadre de vie et de la protection de l’environnement qui partage notre vision de justice climatique. Nous avons également émis notre volonté de prendre part aux préparations de la COP 28 au niveau du Bénin.
Votre mot de fin
Je voudrais vous remercier pour l’intérêt que vous portez à la question de la justice climatique. L’enjeu est grand et cela demande l’implication de tous dans nos pays africains. Nous les leaders religieux, nous comptons jouer pleinement notre partition pour l’atteinte des objectifs et aussi pour l’amplification des actions de l’AFAN-CJ au Bénin
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN