Tout en félicitant le gouvernement pour avoir pris à bras le corps les problèmes qui minaient le système éducatif à travers toutes les réformes engagées dans ce secteur, l’enseignante Marie-Reine ZONOU, assistante juriste et présidente de l’ONG ASPAD (Association pour la survie et la promotion des adolescents déshérités), demande au Président de la République continuer à régler les problèmes de l’école béninoise et d’orienter la recherche vers le suivi du nombre de leçons effectives données en fin d’année scolaire. Fondée et Directrice d’un complexe scolaire, elle exhorte les enseignants à plus de courage et de persévérance. Le travail avec méthode est gage d’une réussite assurée, affirme-t-elle. « Aux apprenants, je dis les vacances sont terminées, je les invite à plus d’attention dans les classes ». Les conseils de l’enseignante Marie-Reine ZONOU à lire absolument dans votre journal.
Bonjour madame, merci de vous présenter à nos lecteurs.
Je m’appelle Marie-Reine ZONOU, enseignante, assistante juriste et présidente de l’ONG ASPAD, entendez Association pour la survie et la promotion des adolescents déshérités. Je suis aussi Fondée et Directrice d’un complexe scolaire.
Quels sont les objectifs de votre ONG ?
L’ONG ASPAD qui a reçu son autorisation il y a déjà 24 ans a pour objectif l’assistance aux enfants en situation de vie difficile, la formation des adolescents déscolarisés et leur insertion dans la vie active, le renforcement du système éducatif, la promotion des droits et devoirs de l’enfant, la veille citoyenne etc.
Et ses mission et vision ?
Sa mission est de faire des IEC (Informations, Educations et Communications) communautaires et délivrance d’enfants et adolescents en situation difficile.
Sa vision est de pouvoir aller au secours des enfants et adolescents démunis surtout les sans voix de les aider à préparer leur avenir pour une autonomisation afin d’éradiquer la pauvreté ou d’améliorer leur niveau de vie.
Dites-nous si, selon vous, l’école béninoise se porte bien ?
L’école béninoise se porte bien car elle a progressé sur plusieurs plans. Néanmoins, il y a des choes à parfaire.
Quoi par exemple ?
Le programme scolaire peut être revu et adapté aux réalités du temps afin que l’école puisse produire des hommes qui ont des compétences dont les besoins se font sentir sur le marché de l’emploi.
Quels sont les problèmes ou difficultés que l’ONG ASPAD a enregistrés auprès des enseignants ou instituteurs ?
Il faut dire que nos difficultés sont celles liées à l’introduction de toutes innovations dans un système : les petits problèmes d’incompréhension, des réticences etc.. Mais nous avons l’espoir qu’avec la communication et l’abnégation, nous parviendrons à surmonter ces difficultés surtout que l’objectif partagé par nous tous , c’est l’amélioration du système éducatif. Nous n’allons pas oublier que c’est pour la première fois qu’une ONG a apporté une innovation pédagogique de taille dans le système éducatif pour améliorer le niveau des apprenants en français à l’oral comme à l’écrit.
Nous avons été informés que l’ONG ASPAD est en partenariat avec le MEMP. Qu’est-ce qui sous-tend ce partenariat ? Et quels sont les fondements d’un tel partenariat ?
Ce qui sous-tend ce partenariat est la recherche de l’amélioration de l’expression orale et écrite des apprenants à travers un réajustement de déroulement des séances de l’exercice structural.
Les fondements du partenariat sont relatifs à la vulgarisation et la sensibilisation à l’utilisation des documents scolaires intitulés ‘’cahiers d’exercices structuraux, de l’oral à l’écrit, j’apprends à vite parler et à vite écrire le français’’, des classes de CE1, CE2, CM1 et CM2. Ils sont relatifs à la formation du corps d’encadrement et des enseignants à l’utilisation des cahiers ; à œuvrer dans le domaine de la protection et de la promotion des droits et devoirs de l’enfant et à mettre en place un service d’Information, d’Education et de Communication en vue de sensibiliser les parents d’élèves sur l’utilité des documents.
En tant qu’institutrice, vous êtes promotrice d’une école privée et vous avez même rédigé certains documents scolaires. Est-ce qu’on peut en savoir davantage ?
En ma qualité de fondée Directrice d’école privée et parent d’élève, je suis au contact direct des apprenants tous les jours. Cette position sociale m’a permis de constater des insuffisances en communication et en expression écrite chez la majorité des apprenants puis le manque d’activités de consolidation suffisantes en français, comme le mentionnent les différents rapports sur le système éducatif béninois tels que le rapport 2014 du Programme d’Analyse des Systèmes Educatifs de la Confemen (PASEC). Sur la base de ma formation reçue comme tous les enseignants du primaire en 2011 après l’introduction des mesures correctives, je me suis mise à la recherche de solution à cette insuffisance de maîtrise des temps de conjugaison à l’oral comme à l’écrit des élèves.
Comme solution, j’ai choisi d’exploiter l’existant : l’exercice structural. Une portion de séquence introduite par l’Etat qui se déroule au début de certaines leçons de français. C’est ainsi que j’ai conçu les cahiers d’exercices structuraux, dénommés de « l’oral à l’écrit j’apprends à vite parler et à vite écrire le français » pour permettre aux apprenants des CE et CM d’écrire ce qu’ils disent à la phase orale et d’avoir de devoir de maison chaque jour de la semaine. Le succès engendré par cette innovation dans l’amélioration du niveau des enfants dans mon école a impressionné le Conseiller Pédagogique de Zone qui m’a proposé de me rapprocher du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP) pour faire valider les cahiers d’activités conçus afin de partager mon innovation avec les autres écoles primaires.
J’ai écrit alors une lettre de demande d’aide et d’audience en 2013 à la présidence de la République. Cette lettre a été affectée au MEMP précisément la Direction de la Programmation et de la Prospective (DPP). Ce qui a abouti à l’obtention d’agrément du MEMP le 10 avril 2014 avant la présentation des œuvres à la DIIP ex DGPM. A cette étape les documents sont qualifiés de pertinents et sous réserve d’une analyse pédagogique avant une programmation de leur validation. Ce qui a été fait et la validation a eu lieu à Porto- Novo les 05 et 06 juillet 2016 sous la supervision de l’INFRE et les documents ont été déposés pour l’atelier national d’étude de sélection des manuels officiels.
A l’arrivée des nouvelles autorités en 2016, il y a eu beaucoup de séances de vérification et des améliorations ont été faites en faveur de la finesse des documents. Ceux-ci ont obtenu une autorisation de vulgarisation et de compte rendu le 30 janvier 2018. Aussitôt l’autorisation reçue, nous avons imprimé une quantité pour faire une phase pilote dans les départements de l’Atlantique, du Littoral, du Mono et du Couffo. Le 06 septembre 2019, le Ministère des enseignements maternel et primaire a défini, les rôles et responsabilités des acteurs et partenaires du processus de vulgarisation et le 30 septembre 2019, l’INFRE a défini la démarche de l’utilisation. Sur la base des comptes rendus de la phase pilote, le Ministre des enseignements maternel et primaire a signé avec l’ONG ASPAD un accord de partenariat pour la vulgarisation et la sensibilisation à l’utilisation desdits cahiers le 12 Mai 2020, pour 3 ans et renouvelé le 23 août 2023 pour cinq ans. Afin de bien suivre cette opération de vulgarisation, le Ministre a mis sur pied un comité de pilotage le 04 Septembre 2020. Les inspecteurs et les conseillers pédagogiques ont été formés à travers l’autorisation du Ministre signée le 27 août 2021. Les enseignants des cours concernés ont également reçu une formation sur la base d’une autorisation de l’autorité délivrée le 10/10/2022.
Au regard de la qualité de ces documents scolaires, pourquoi ne sont-ils pas parmi les documents obligatoires au programme alors que depuis plusieurs années, ils sont déjà recommandés ?
C’est un processus long qui permet de rendre un document obligatoire. Pour le moment nous travaillons avec le statut de document recommandé. Les résultats positifs que nous enregistrons au jour le jour et à voir leur importance pour les enseignants, les élèves et les parents, nous avons l’espoir que ces cahiers seront obligatoires un jour.
On vous entend souvent défendre ‘’l’Ecole de Qualité Fondamentale’’ et les fondamentaux du partenariat ONG/OSC –EMP. C’est quoi ce thème ?
L’Ecole de Qualité Fondamentale’’ est un document de planification du MEMP qui précise les principaux déterminants de la qualité que sont : les intrants, les processus, l’efficacité interne et l’efficacité externe, l’équité et l’implication de la communauté sur ce que doit recevoir les apprenants en enseignement. Dans le document ‘’les fondamentaux du partenariat ONG/OSC-MEMP, plusieurs définitions sont à connaitre. Il y a le ‘’Rôle des OSC dans l’amélioration de la qualité de l’offre éducative’’. Au fait, les OSC peuvent offrir des formations professionnelles aux enseignants, du matériel pédagogique ou des programmes de développement professionnel pour améliorer les compétences des acteurs éducatifs et renforcer les capacités des écoles. En collaborant avec les ministères sectoriels cernés, les établissements scolaires, les communautés et d’autres acteurs du secteur de l’éducation, les OSC contribuent à créer un environnement propice à l’amélioration de la qualité de l’offre éducative. Autre définition, ‘’ Les OSC et la veille citoyenne dans la fourniture d’un service public de qualité’’. Ce qui veut dire que les Organisations de la Société Civile jouent un rôle essentiel dans la veille citoyenne concernant la fourniture des services publics. Leur implication dans ce domaine comprend la surveillance constante : les OSC surveillent de manière continue la qualité et l’efficacité des services publics fournis par le MEMP ; la collecte de données : elles collectent des données pertinentes sur les services publics afin d’identifier les lacunes, les problèmes et les besoins des citoyens ; la sensibilisation : les OSC informent et sensibilisent les citoyens sur leurs droits en matière de services publics, les encourageant à participer à la surveillance et à la gestion de ces services ; le plaidoyer : elles plaident en faveur de l’amélioration de la transparence, de la responsabilité et de la qualité des services publics, en utilisant les données collectées pour appuyer leurs revendications ; le renforcement des capacités : les OSC peuvent renforcer les capacités des citoyens pour qu’ils puissent surveiller et évaluer les services publics de manière efficace. En résumé, les OSC agissent comme des contre-pouvoirs et des partenaires essentiels pour garantir que les ministères sectoriels respectent les normes de redevabilité et fournissent des services publics de qualité à la population.
Un appel à l’endroit du gouvernement, des enseignants ou des instituteurs, des apprenants et des parents d’élèves.
Je félicite d’abord le gouvernement du président de la République son excellence Monsieur Patrice Talon qui a pris à bras le corps les problèmes qui minaient et qui continuent de miner le système éducatif à travers toutes les réformes engagées dans le secteur. Néanmoins nous lui demandons de continuer à régler les problèmes de l’école béninoise et d’orienter la recherche vers le suivi du nombre de leçons effectives données en fin d’année scolaire dans les cahiers de leçons des écoliers réguliers aux cours. À l’endroit des enseignants, nous disons courage et persévérance. Le travail avec méthode est gage d’une réussite assurée. En ce qui concerne le rehaussement du niveau des enfants en français tant à l’oral qu’à l’écrit, eux tous savent désormais que les cahiers d’exercices structuraux de l’ONG ASPAD sont les plus indiqués. Il suffit de dérouler quotidiennement les séquences de classes surtout les portions de l’exercice structural et du calcul mental et d’être ouverts à toute innovation pédagogique pouvant leur permettre d’atteindre leurs objectifs. Aux apprenants, je dis les vacances sont terminées, je les invite à plus d’attention dans les classes. Enfin, je sollicite l’accompagnement des parents d’élèves dans l’utilisation quotidienne de ce joyau qu’est le document « j’apprends à vite parler et à vite écrire le français de l’ONG ASPAD. Merci
Réalisation : Adrien TCHOMAKOU
- 2 octobre 2024