Les usagers de Cotonou, Calavi et autres subissent une fois de plus la flambée des prix du carburant de la contrebande au Bénin depuis le week-end écoulé. Une situation qui, pour les populations, vient compliquer leur quotidien économiquement affaibli.
« Pourquoi 750 F le litre ? », « Ce matin seulement, c’était à 600 F », « Nous allons mourir dans le pays avec tout cela ». Ce sont, parmi tant d’autres, ces propos exprimant la plainte et la désolation des consommateurs qui sont recueillis après quelques minutes passées auprès des vendeurs du carburant de la contrebande dans la ville de Cotonou et environs. Les usagers, depuis le week-end écoulé, ont vu monter de 500 F CFA à 750 F CFA le prix du carburant communément appelé ‘’Kpayo’’ au bout de 24 heures. Cette situation qui suscite moult interrogations chez les populations, semble visiblement rendre plus difficile le quotidien des consommateurs déjà fragilisés par leur situation économiquement défavorable. Les éléments de réponse qu’apportent des vendeurs pour essayer de justifier cette hausse drastique de l’essence de la contrebande ne soulagent pas la peine éprouvée par les consommateurs qui doivent débourser au moins 750 F CFA avant d’avoir 1 litre d’essence dans leur moto pour pouvoir assurer leurs courses urgentes. « Il y a la fermeture des frontières habituelles qui permettent de faire sortie du Nigéria le carburant de contrebande », avancent plusieurs vendeurs de ‘’Kpayo’’.
« Les populations obligées d’aller chercher le carburant dans les stations-services »
Pour les consommateurs en l’occurrence des conducteurs de taxi-moto ‘’Zémidjan’’, c’est une manœuvre issue de la politique interne menée par les autorités. « Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat, plusieurs fois les vendeurs de kpayo ont été traqués par les éléments de la Police. Ils ont été obligés d’augmenter le prix de l’essence de 350 à 500 voire 600 F au temps de l’ancien président nigérian Buhari. Les choses sont devenues plus compliquées avec l’arrivée au pouvoir de Tinubu, nouveau président du Nigéria qui a établi certaines proximités avec l’actuel président béninois. Dès lors, le prix de Kpayo flambe sans cesse. On n’oublie pas non plus la volonté de Patrice Talon d’obliger les populations à aller chercher le carburant dans les stations-services », fait savoir un conducteur de ‘’Zémidjan’’. Venance, frigoriste à Cotonou estime que c’est la dynamique de ‘’serrer les ceintures’’ qui continue. « Depuis 2016, on nous a demandé de serrer les ceintures. C’est cela qui continue dans tous les domaines jusqu’aujourd’hui et on ne sait pas quand cela va finir. Tout est très cher dans le pays. Les produits de première nécessité ont triplé de prix. Les factures d’électricité et d’eau ne font que gonfler alors qu’il y a le délestage et la pénurie d’eau tous les jours que Dieu fait. Maintenant, on a l’impression qu’on veut que les populations prennent à 1000 F le litre du carburant. Mais rien n’augmente à ce qu’on gagne. La vie devient plus que dure », se plaint-il. Pour le moment, les consommateurs n’ont pas le choix. Ils ne peuvent que se résigner à la flambée du prix du Kpayo qui prévaut actuellement.
Fidégnon HOUEDOHOUN