La décision fait des mécontents. L’interdiction de la commercialisation des boissons alcoolisées conditionnées en sachet plastique passe mal auprès des revendeurs et des consommateurs. Les premiers craignent pour leur entreprise dont les chiffres d’affaires vont considérablement chuter. En effet, ils doivent désormais ôter de leur étalage le produit prohibé. Et pourtant, selon leurs témoignages, ces boissons en sachet plastique portant les marques ‘‘Azota’’, ‘‘Tiger’’ et autres, sont très appréciées de leur clientèle. Elles comptent beaucoup dans les bénéfices qu’ils réalisent de la vente de tous les produits de consommation. « Ce sera compliqué parce que c’est un commerce très rentable. On fait jusqu’à 70% de bénéfices sur un carton. Les clients aiment les boissons Azota à cause de leur coût moins cher et des bienfaits qu’ils en tirent. Par exemple, lorsque je prends un carton de 100 sachets du produit, je l’écoule en une semaine. Les clients en raffolent et j’en vends jusqu’à 15 par jour », a confié sous anonymat un vendeur des boissons alcoolisées en sachet plastique. De leur côté, les consommateurs de liqueurs sont très attachés à ces boissons en sachet plastique. Ils les trouvent pratiques et d’un coût très accessible pour leur bourse. Ces sachets sont vendus à 100Fcfa dans les kiosques. Pour les uns, les boissons alcoolisées en sachet plastique sont des apéritifs ou des énergisants pour les activités qui nécessitent des efforts physiques et pour les autres, ils en tirent un plaisir inexplicable. « Je prends les boissons en sachet plastique parce que cela a un goût de Whisky et c’est à 100 Fcfa contrairement à ce qui se vend en bouteille et qui est pour les riches », a fait savoir un conducteur de zémidjan abonné des boissons alcoolisées en sachet plastique. Ce sont des grincements de dents à la suite de la décision du ministère du commerce et de l’industrie portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation des boissons alcoolisées conditionnées en sachet plastique.
Vers un nouveau trafic clandestin
Sous un autre angle, la décision doit être prise avec pincettes. Elle peut s’avérer contre-productive si des mesures ne sont pas prises pour enrayer la présence de ces boissons alcoolisées conditionnées en sachet plastique sur le territoire national. En réalité, l’initiative est prise pour sauvegarder la santé des populations contre un poison latent. Mais, à en croire les commerçants commentant la décision, ils ne sont pas prêts à abandonner le trafic. Les plus rusés comptent faire du trafic illicite et rester dans l’informel pour continuer de servir les consommateurs. « On ne peut abandonner ce commerce. S’il est interdit, nous allons continuer à le faire en sachant comment contourner les contrôles car les consommateurs vont en réclamer parce qu’ils sont déjà habitués à ça », a confié l’un des vendeurs. Le gouvernement est appelé à bloquer le circuit de pénétration de ces boissons, ensuite à sensibiliser les populations sur les effets néfastes de la consommation des boissons alcoolisées conditionnées en sachet plastique. Il ne faut donc pas s’arrêter au seul arrêté mais il est nécessaire d’aller plus loin.
Ange M’poli M’TOAMA