Interview avec Sakinatou Bello, coordonnatrice des projets de prévention de l’extrémisme violent pour le compte du PNUD : « J’ai découvert pas mal de choses comme sources de malaises au sein des communautés »

8 janvier 2024

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), à travers le Projet Régional de Prévention et de Réponse à l’Extrémisme Violent dans le Corridor Atlantique a organisé du 27 au 30 décembre 2023 à l’évêché de N’Dali, un atelier de cartographie des récits et discours de haine et formulation de contre-narratifs et des messages positifs clés, pour une prévention effective des conflits et de l’extrémisme violent. Cet atelier financé par le Royaume de Danemark, vise à évaluer les tendances de récits et discours de haine et formuler des discours alternatifs pour prévenir et répondre efficacement à l’extrémisme violent dans les 11 communes du projet, situées au nord Bénin à savoir Gogounou, Toucountouna, Kouandé, Péhunco, Copargo, Bassila, N’Dali, Tchaourou, Pèrèrè, Sinendé et Bembèrèkè . A l’issue de l’atelier, Mme Sakinatou BELLO (Coordonnatrice des projets de prévention de l’extrémisme violent pour le compte du PNUD) parle des grands enseignements à tirer de cette rencontre.

Mme la Coordonnatrice, le PNUD et le gouvernement organisent un atelier sur la cartographie des discours de haine et la formulation de contre-narratifs et des messages positifs clés pour une prévention des conflits et de l’extrémisme violent. Pourquoi avoir initié un tel atelier ?
Il faut rappeler que depuis quelques années, notre pays est confronté de plus en plus aux phénomènes de radicalisation et de l’extrémisme violent. C’est pour apporter une réponse efficace à ce fléau que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en partenariat avec le gouvernement du Bénin et d’autres partenaires ont initié plusieurs projets. Ces projets nous permettent de travailler de façon efficace afin d’apporter des réponses qu’il faut pour que les populations puissent vivre dans la sérénité et dans une cohésion sociale. Au nombre de ces projets, figure l’initiative régionale au sein du Corridor Atlantique intitulée « Prévenir et répondre à l’extrémisme violent dans le Corridor Atlantique » (2023-2025) qui a prévu une série d’activités que nous portons avec des partenaires à divers niveaux. C’est dans le cadre de la mise en œuvre des activités de ce projet que nous nous sommes retrouvés à N’Dali. Cet atelier qui porte sur la cartographie des discours de haine et la formulation de contre-narratifs et des messages positifs clés pour une prévention des conflits et de l’extrémisme violent est financé par le Royaume de Danemark. Le présent atelier a pour objectif d’abord d’identifier les discours de haine, qui sont portés au sein des communautés, et qui sont sources de malaises et ensuite d’identifier en même temps les discours de contre- narratifs et discours alternatifs pour contrer les discours de haine afin que dans nos habitudes, on puisse adopter des discours qui sont porteurs de paix, de vivre ensemble. C’est à cet exercice que nous nous sommes donnés au cours de cet atelier, ensemble avec les parties prenantes que nous avons invitées à savoir les leaders religieux, les associations de femmes, les hommes de medias, les blogueurs. Les travaux ont été très riches. J’ai personnellement découvert pas mal de choses comme sources de malaises au sein des communautés. C’est le cas par exemple de la parenté à plaisanterie qui est une pratique socialement acceptée entre temps mais qui de plus en plus tend, dans certaines régions, à être source de conflits. Donc, il s’agit de discuter avec les communautés pour voir comment on va essayer de travailler ces éléments de nos cultures, de nos traditions de sorte que cela ne soit plus source de conflits mais de respect mutuel et de respect des droits humains. Il faut trouver le juste milieu pour que les droits des uns et des autres ne soient pas bafoués et que chaque citoyen se sente important dans la société et joue pleinement son rôle sans discrimination aucune.

Quelle va être la suite après cet atelier ?
Le projet couvre onze communes à savoir : Gogounou, Toucountouna, Kouandé, Péhunco, Copargo, Bassila, N’Dali, Tchaourou, Pèrèrè, Sinendé et Bembèrèkè. Cela ne veut pas dire que les autres communes sont laissées pour compte. On a commencé et l’objectif c’est d’évoluer pour que ces messages alternatifs soient des messages qui seront portés au niveau national. La question de l’extrémisme violent ne concerne pas seulement une zone. Même si aujourd’hui c’est la zone septentrionale qui est ciblée, le travail qui va être fait doit être porté par tout le peuple béninois. Notre stratégie de travail ne consiste pas à tout définir à l’avance. Nous mettons les communautés au cœur de nos actions pour que les réponses qui vont sortir viennent d’elles-mêmes. A l’issue de l’atelier, les participants ont pris la décision de créer des pôles de « messagers de paix » qu’on doit opérationnaliser au niveau départemental, et peut-être les décliner après au niveau communal et à la base c’est-à-dire dans les villages, dans les campagnes de manière à ce que ça soit dans les habitudes au quotidien des populations. C’est quelque chose qui est fait et que nous allons formaliser et on va donc continuer les échanges avec les participants après l’atelier pour que ce que nous faisons actuellement soit pérennisé.



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