Les Aspirants au métier d’enseignant (Ame) sont au bord du précipice. Ce mardi 24 octobre 2023, le porte-parole de la Fédération nationale des collectifs des enseignants pré-Insérés du Bénin (FéNaCEPIB) a adressé une lettre ouverte au Chef de l’Etat. A travers cette lettre ouverte, les AME crient leur ras-le-bol et invitent le Chef de l’Etat à améliorer leurs conditions de vie.
Lettre Ouverte au Chef de l’Etat, Patrice TALON
Monsieur le Président,
L’école béninoise est agonisante ! Elle donne en ce moment ses ultimes soubresauts aux portes du trépas, signe de son inéluctable extinction !
L’humaniste Benjamin Disraeli déclarait : « De l’éducation de son peuple, dépend le destin d’un pays ». Et Jean-Jacques Rousseau nous apprend « On façonne les plantes par la culture et les hommes par l’éducation ». Et puisque ce sont les hommes qui bâtissent une nation, l’éducation apparaît alors comme le pilier de tout développement. Cette vérité intemporelle et universelle bégaie, dans son résonnement, dans l’actualité du Bénin, où une catégorie d’enseignants, l’écrasante majorité, essuie le mépris des autorités en charge de l’éducation dans notre pays.
Et ceci, au vu et au su de tout le monde.
À l’allure où vont les choses, l’école béninoise mourra à coup sûr, et ses assassins viendront jouer aux saints si rien n’est fait, si le Président Patrice TALON ne fait pas arrêter la pagaille.
En effet, la rentrée scolaire 2023-2024 a commencé avec le miroitage du reversement des AME longtemps agité çà et là au cours de l’année scolaire 2022-2023. Mais le calvaire de ces enseignants dits "Aspirants", habitués à l’exploitation abusive, à l’esclavage, à la marginalisation, à la spoliation, au rapport de forces exercé par les autorités en charge de l’éducation ne fait qu’empirer de jour en jour. Il faut donc faire de longues études, se faire former chèrement, subir de dures épreuves de sélection pour devenir ‘’Aspirants’’ et souffrir ! C’est le drame que vivent actuellement les jeunes dénommés ‘’Aspirants’’ dans notre pays. Tristesse !
Monsieur le Président de la République, vous avez dit que le reversement des AME en ACDPE est imminent ! Mais pourquoi vous laissez les autorités en charge de l’éducation leur attribuer plus de 22h de cours alors que cette question a été vidée depuis le 08 octobre 2020 au cours de la rencontre entre centrales syndicales, responsables AME et gouvernement ? Vous aviez souhaité qu’on revienne même à 18h de cours s’il le fallait !
La gouvernance est une prévision. Parce qu’on a muté des agents de l’État, plusieurs AME se retrouvent aujourd’hui sans le total de leurs heures de cours. Ces derniers sont obligés de parcourir plusieurs collèges avant de se faire servir. Il y en a qui, jusque-là, n’ont pas pu avoir le complément de leurs heures et sont menacés de la privation de leur salaire. Où se trouve leur faute ? Et comme si le bien-être des AME ne préoccupait pas, il faut maintenant décompter les heures sans celles des AP. Ce qui ramène les heures de cours de plusieurs AME à moins de 22. Quel est le texte qui le dit ? Koyiiii !!! Le gouvernement fait respecter les textes mais ne les respecte pas à son tour. C’est antinomique ! C’est inhumain !
Bientôt cinq ans d’espoirs trahis, cinq ans de calvaire, cinq ans de maltraitance, cinq ans où les ex-vacataires, aujourd’hui aspirants, ont le sentiment que la République leur a tourné le dos, mais cinq ans d’engagement aux côtés de notre école. Si vous n’avez pas pitié de vos semblables, sachez au moins qu’il y a un Être Suprême qui gouverne ce Monde, à qui vous aurez des comptes à rendre.
Monsieur le Président Patrice TALON, faites cesser le désordre si vous n’êtes pas l’instigateur !
Les AME sont à plus de 24h. Où se trouve donc la logique lorsqu’on déclare quelqu’un ‘’stagiaire’’ ou ‘’ apprenti’’ et qu’on le surcharge ? Aucune ! Alors que l’aspirant était déjà placé dans des conditions de vie et de travail misérables qui sont des facteurs inhibiteurs pour l’expression de ses aptitudes. C’est de la méchanceté !
Au nom des plus de 20mille jeunes Aspirants et leurs familles respectives dont nous sommes les interprètes des souhaits, nous exigeons :
le retour au quota horaire hebdomadaire normal ;
que le salaire des AME qui n’ont pas encore eu le total des heures de cours selon l’arrêté nº069 du 27 novembre 2019 soit viré en attendant que solution soit trouvée ;
– le reversement pressé des AME en ACDPE.
Monsieur le Président Patrice TALON, faites cesser cette pagaille si ce n’est pas vous l’instigateur.
Nous sommes aussi des fils de ce pays !
Fait à Cotonou, le mardi 24 octobre 2023.
Pour la FéNaCEPIB,
Les porte-parole,
Ferdinand Sourou MISSENHOUN
Pierrot Sourou Léon AKODJENOU
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