Le week-end écoulé a été particulièrement tendu pour les enfants qui s’adonnent à la mendicité à Cotonou. Le préfet du Littoral Alain Orounla, sous la coupole du ministère des affaires sociales, a procédé à une opération de salubrité, avec la collaboration de la Police Républicaine. Pour un gouvernement qui rêve d’une capitale économique pleine d’éclats, ce phénomène est inadmissible. A tout point de vue, voir la mendicité des enfants prendre de l’ampleur est un crime contre l’humanité, une fuite de responsabilité. A ce sujet, le préfet Alain Orounla, en bon patriote, a mené ce raid en vue de contraindre les parents des enfants abandonnés à leur triste sort, à prendre leurs responsabilités. Il se dégage de cette opération que la mendicité des enfants ternit l’image d’un pays selon les standards internationaux. Même si les grandes métropoles en comptent aussi, il est impérieux de faire en sorte que chaque pays mène une politique efficace pour éradiquer le mal.
En somme, la mendicité est un monstre à abattre par le gouvernement de la rupture. Pour rappel, en 2022, il a été décidé la création d’un centre de transit pour les mendiants afin de les aider à quitter la rue. Et par le passé, les mendiants étrangers et les personnes atteintes de troubles mentaux avaient également été rapatriés vers leur pays d’origine dans la sous-région. Il est donc clair que les autorités ont à cœur ce phénomène et ont décidé de prendre les taureaux par les cornes.
Que fait un enfant dans la rue ?
Cependant, ‘‘Nul n’est méchant volontairement’’, dit-on. Il y a toute une histoire derrière la mendicité des enfants. Généralement orphelins, ils sont confiés à des tantes, oncles ou personnes étrangères qui font de leur vie un véritablement enfer. Et parfois, l’instinct de survie les pousse à la mendicité. Dès lors qu’ils sont privés de nourriture, ils n’ont d’autre choix que de demander de l’aide. Ces cas méritent une attention particulière, car il n’y a personne d’autre que les parents biologiques qui peuvent bien s’occuper d’un enfant.
Il n’est pas exclu que les enfants mendient malgré la présence des parents biologiques. Ces agissements relèvent d’une fuite de responsabilité, une démission totale qui mérite des peines privatives de liberté. Un parent mérite tous les noms d’oiseau, pas parce qu’il a conçu un enfant, mais parce qu’il est capable d’en prendre soin et ne le fait pas. C’est dire qu’à ce niveau aussi, à l’impossible, nul n’est tenu. D’ailleurs, qui n’a pas fait d’enquête n’a pas droit à la parole. De toute façon, les enfants sont précieux. Ils sont l’avenir et il faut les protéger. En somme, l’opération de lutte contre la mendicité ne doit pas s’arrêter à Cotonou et doit non seulement concerner tout le pays mais aussi consister à conscientiser les géniteurs fantômes.
Sur un autre plan, selon la ministre des affaires sociales Véronique Tognifodé, les enfants qui mendient dans les rues et aux carrefours des villes sont souvent exploités par des adultes, les exposant ainsi à divers risques et à une déviance sociale. Pourtant, ces dernières années, l’État a multiplié les mesures pour faciliter la scolarisation des enfants, en instaurant notamment la gratuité de l’école et en mettant en place des cantines scolaires. Au regard de tous ces efforts, “il n’est pas concevable de voir encore les enfants en situation de mendicité dans nos rues et sur les carrefours, sous l’aiguillage souvent des adultes qui se servent d’eux comme des appâts”, a-t-elle déploré, tout en insistant sur le fait que la place des enfants est soit à l’école, soit dans un centre de formation pour ceux qui sont déscolarisés.
Tous à l’école !
Alors, pour lutter contre ce problème, il est nécessaire de mettre en place une approche holistique et de travailler sur plusieurs fronts. D’abord, rendre l’éducation gratuite et obligatoire, car l’éducation peut aider à briser le cycle de la pauvreté et à offrir aux enfants de meilleures perspectives. Comme l’a dit Victor Hugo, chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. Il convient aussi de mener des campagnes de sensibilisation pour informer les parents, les tuteurs et la société en général des dangers de la mendicité des enfants, ainsi que des avantages de l’éducation.
Ensuite, il est impérieux de mettre en place des services sociaux pour les familles en difficulté, y compris l’accès à la nourriture, à un abri, à des soins de santé et à un soutien psychologique. Cela peut réduire la pression qui pousse les enfants à mendier. Mais, tout ceci ne saurait se faire sans le renforcement et l’application de lois contre la mendicité des enfants et la traite des êtres humains. Ainsi, les personnes impliquées dans l’exploitation des enfants doivent être tenues responsables. De même, le gouvernement peut mettre en place des programmes de réinsertion pour les enfants qui ont été impliqués dans la mendicité, en leur offrant une éducation, une formation professionnelle et un soutien psychosocial pour les aider à se réintégrer dans la société. A cet effet, Il peut travailler en partenariat avec des organisations non gouvernementales et des organisations de la société civile désireuses de mettre en œuvre des programmes visant à lutter contre la mendicité des enfants.
Enfin, il est essentiel de reconnaître que la mendicité des enfants est souvent le résultat de la pauvreté, de la désintégration sociale et d’autres facteurs complexes. Par conséquent, une approche multidimensionnelle est nécessaire pour résoudre ce problème de manière durable.
- 14 octobre 2024
- 14 octobre 2024