Au Bénin, le marché du fer à béton s’anime en pleine violation de la règlementation en vigueur dans le secteur d’aciers pour l’armature du béton. Arnaque, tricherie sur les normes, fausse déclaration, corruption et bien d’autres supercheries dominent ce marché de plus en plus lucratif. Malgré l’arrêté interministériel pris le 17 juillet 2023 par le ministère de l’industrie et du commerce, le Ministre du cadre de vie et des transports en charge du développement durable, qui exige l’application de la norme de l’Agence Nationale de Normalisation, de Métrologie et du Contrôle Qualité (ANM), nombre de fabricants continuent d’exposer la vie de millions de Béninois à une mort fatale.
La vie des Béninois est en danger. En tout cas, c’est le moins qu’on puisse dire avec la quantité de fer à béton hors norme qui inonde le marché. L’amour des Béninois pour la construction est presque une religion. Avoir sa propre maison est d’ailleurs un indicateur de réussite personnelle. Sauf que sur le marché, le fer à béton qui est un matériau important dans la construction dévoile une facette peu connue du public consommateur : le faux a remplacé le vrai. En effet, derrière tout ce qui se fabrique sur le territoire, comme fer à béton notamment les fers à béton de diamètres de 6, 8, 10 et 12, se cache une grotesque machination sur fond d’escroquerie érigée au nez et à la barbe de tous.
Quelle est la place du fer à béton dans une construction ? Selon les professionnels du bâtiment, le fer à béton est utilisé pour former des armatures destinées à renforcer le béton. Sa performance vient de plusieurs qualités qui l’ont rendu essentiel à toutes sortes de constructions, surtout les plus ambitieuses. Sans ce squelette métallique, le béton manquerait de résistance et de souplesse. En effet, si le béton a une excellente résistance à la compression, il témoigne d’une faible résistance à la traction. Soumise à une possibilité de rupture du béton, la construction serait trop fragile. Une armature en acier procure donc au béton une résistance à toute épreuve. Mais sur le marché béninois, cet élément aussi important dans la construction ne répond pas aux normes fixées par le gouvernement.
Du ‘’fake’’ dans nos murs
Selon des informations de sources industrielles, le Bénin produit en moyenne par mois, 15000 tonnes de fer à béton soit une quantité annuelle de 180.000 tonnes. Et sur le marché, un tiers de cette quantité est impacté par du fer à béton hors norme. Sur 3 barres de fer achetées par exemple ‒ quelqu’en soit le diamètre ‒ au moins une barre de fer se trouve comme étant hors norme. Mais dans ce commerce de fer à béton, le consommateur est régulièrement floué non seulement sur le diamètre, mais aussi sur le poids.
Des expériences que nous avons menées auprès des spécialistes, il ressort que c’est autour des barres de diamètres 6, 8, 10 et 12 que s’organise surtout l’arnaque du fer à béton hors norme. Par exemple, il est établi que pour du fer à béton de diamètre 6mm, la règlementation fixe pour 1m, un poids estimé à 222 grammes avec une tolérance jusqu’à 204 grammes par mètre de fer à béton. Mais le constat sur le marché donne lieu à une triste réalité : le fer à béton qui est censé être de 6 millimètres de diamètre est plutôt de 5 millimètres pour un poids de 155 grammes par mètre de fer. Ainsi donc, si l’on considère une tonne de fer à béton de 6 mm, nous avons 699 kilogrammes au lieu de 920 kilogrammes comme fixé par la règlementation.
Par conséquent, pour le consommateur qui achète une tonne de fer à béton de diamètre 6mm, il s’observe un déficit de 221 kilogrammes au profit du fabricant. C’est la même tricherie qui s’observe d’ailleurs au niveau des fers à béton de diamètres 8, 10 et 12. En effet, pour le fer à béton de diamètre de 10 mm, le consommateur perd pour une tonne, 224 kilogrammes. S’agissant du fer à béton de 10 mm, il perd 241 kilogrammes et enfin pour le fer à béton de 12 mm, le fabricant dérobe 239 kilogrammes.
La vie humaine sous la menace
Largement utilisé dans la construction pour renforcer le béton, le fer à béton se révèle comme l’un des matériaux qui doivent requérir l’attention rigoureuse des spécialistes de la construction. L’utilisation de fer à béton de mauvaise qualité ou plus techniquement de fer à béton hors norme expose les Béninois à de graves conséquences qui sont pour la plupart fatales. Entre la faible résistance structurale, la corrosion prématurée, la dégradation rapide, et pour la plupart du temps, les effondrements tous azimuts, le lit semble bien dressé pour que le Béninois se retrouve dans un immeuble qui constitue en réalité pour lui, sa propre tombe.
L’émergence de ce marché sulfureux doit attirer l’attention au plus haut niveau. Mieux, face à ce tableau, il est désormais impératif de s’assurer que le fer à béton utilisé dans la construction réponde aux normes de qualité et aux spécifications appropriées. Les professionnels de la construction doivent travailler en étroite collaboration avec des fournisseurs fiables et respecter les réglementations en vigueur pour garantir la sécurité et la durabilité des structures. Car, la vie des béninois en dépend.
- 2 octobre 2024
- 1er octobre 2024