Entretien avec le Président de l’Association de Lutte contre le Racisme, Martin Vihoutou Assogba sur la mort de l’icône nationale, Jérôme Carlos. Ci-dessous ses propos.
Si l’on vous demande, quelle est le lien d’affinité entre Jérôme Carlos et vous avant sa mort, que diriez-vous ?
Il faut dire que le décès de mon ami et frère Jérôme Carlos m’a très touché, et je me sens coupable de quelque chose. Je me sens coupable du fait que, il y a quelques mois je devrais aller le voir à la maison parce qu’il ne vient plus régulièrement à son service et il a des temps pour venir à Capp Fm. Donc, je lui ai promis de passer à la maison. Il m’a indiqué la maison, mais à chaque fois que je vais à Porto-Novo, vraiment je suis tellement acculé que je dis une autre fois j’irais le voir, jusqu’à ce que j’apprenne un beau matin que mon ami et frère est décédé. Ça, je m’en suis accusé sincèrement. Je me sens coupable de ne pas lui avoir rendu visite avant qu’il ne meurt. Parce que c’est un Monsieur que j’admire beaucoup. Moi, je ne suis pas journaliste, mais c’est tout comme, parce que j’utilise beaucoup les médias et il fait partie de ceux-là qui ont aidé Alcrer à évoluer. Parce que sa radio m’était ouverte, et était mise à la disposition d’Alcrer pour venir faire des émissions de sensibilisations pour les populations sur les questions de gouvernance, de droit de l’Homme et d’éducations civique et morale.
Il a préfacé plusieurs ouvrages littéraires, faites-vous partie de ces auteurs à qui Jérôme Carlos est venu en aide sur ce point ?
C’est lui qui a préfacé l’opuscule, le premier ouvrage que j’ai écrit sur l’éducation civique et morale que j’ai intitulé le « guide du jeune citoyen modèle pour la culture du civisme et de l’éthique ». Quand le document était prêt, je le lui ai envoyé et il a trouvé que c’était un bon document. C’est lui qui l’a préfacé, voyez-vous, préfacé par Jérôme Carlos, journaliste-écrivain. Et il a dit quelque part dans le document, « le guide du jeune citoyen modèle constitue ainsi un chainon supplémentaire destiné à prolonger une chaine permanente de préoccupations, celle de semer des préceptes moraux et des graines de civisme dans la pépinière que constituent nos écoles, ces laboratoires de l’espérance dans lesquels prend corps et forme la société de demain ». Comme si l’on remettait dans la main de nos jeunes une clé qui a la propriété d’ouvrir les multiples portes disposées sur les chemins de la vie. Chacun est appelé à faire bon usage de cette clé et à choisir selon ces déterminations les portes qu’ils jugent utiles d’ouvrir. Chacun en d’autres mots est appelé à faire de ce guide du jeune citoyen modèle ce qu’il lui plait d’en faire et en toute liberté, étant entendu que selon Montesquieu, la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent. Voilà une partie de sa préface dans ce document-là qui est le premier document que Alcrer a écrit dans le cadre de la sensibilisation de la jeunesse sur la culture du civisme et de l’éthique, et lui et moi, on discute beaucoup sur des questions de morale et il m’encourageait à continuer mon travail. Vraiment nous avions perdu un Baobab, nous avions perdu un homme de qualité, de grande qualité, ce que nous avons à faire c’est de tout faire pour lui ressembler, si nous l’aimons c’est de tout faire pour lui ressembler qu’on soit journaliste ou pas, il faut tout faire pour ressembler à Jérôme Carlos.
Parlant de sa personnalité, qui est vraiment Jérôme Carlos ?
Jérôme Carlos vous considère comme lui-même c’est un autre de lui-même lorsqu’il vous adopte et il adopte tout le monde. Oui, Jérôme Carlos, ça m’a fait mal. Plusieurs fois j’allais à Dakar et il m’a demandé de faire des commissions à son épouse à Dakar, voyez à quel niveau notre amitié était. Plusieurs fois je suis allé à Dakar et pendant que je pars à Dakar je lui dis écoute, Tonton Carlos, parce que c’est comme ça que je l’appelle et lui m’appelle Tonton Alcrer, je dois aller à Dakar dans une semaine est-ce que tu n’as pas de commissions pour Madame ? Il me dit, quel jour tu y vas ? viens, si même c’est une lettre je vais te donner, tu lui remettras là-bas. Donc c’est une grande perte pour tout le Bénin. Parce que c’est un monsieur très humble. Il ne vend pas sa supériorité à qui que ce soit. Il est sociable, il est ouvert. Ce ne sont pas les grands discours que nous allons faire après sa mort. Mais ce que nous devrions faire c’est de tout fait pour lui ressembler. C’est ce qu’on peut faire pour lui rendre hommage. C’est de lui ressembler. C’est comme au moment où mourait Nelson Mandela, des Chef d’Etats ont fait de long discours, de bon discours mais est-ce qu’ils sont jamais arrivés à faire comme Mandela. Moi j’ai vu des images, j’ai vu des gens parler en tant que chef d’Etat pendant que le Baobab africain Mandela, est décédé. Mais aucun d’eux n’a pu faire comme lui, à partir de ceux-là qui font partie de son Parti politique. Personne n’a poursuivi l’exemple. Alors moi je dis, le tout n’est pas de discourir après la mort de notre cher frère bien-aimé dans le vrai sens du mot bien-aimé, parce que c’est un exemple.
A vous entendre, vous dites « ce n’est pas les grands discours que nous allons faire après » la mort de cette icône nationale qui suffisent. A votre avis que peut-on faire pour que Jérôme Carlos reste dans les mémoires ?
Ce que nous devons faire pour l’honorer, c’est de nous départir de nos orgueils, de nos méchancetés, de nos régionalismes. De nous départir de nos tares et de tout faire pour ressembler à Jérôme Carlos si vraiment nous l’aimons. Ce n’est pas les grands discours, c’est de tout faire pour ressembler au disparu si nous l’aimons vraiment. Et si nous avons vu qu’il est un exemple, essayons de tout faire pour être comme lui. Tout au moins être un peu comme lui, parce qu’il est un exemple et les bons exemples doivent être trichés et doivent être suivis. Regardez c’est lui qui a préfacé mon livre, il n’a pas le temps mais il avait le temps pour moi. Et il trouve le temps pour tout le monde parce qu’il n’est pas un égoïste. Il n’est pas orgueilleux. Il aime tout le monde comme lui-même, il rend service. C’est tout faire pour faire incarner en soi son exemple, sa manière de faire, sa façon d’aborder les gens.
Propos recueillis par Joseph AMOLO et Edit (Stag)
- 14 octobre 2024
- 14 octobre 2024