Médard Clobechi, Directeur de Radio Univers au sujet de la crise avec la FNEB : « Radio Univers ne peut appartenir à une organisation syndicale »

23 octobre 2024

Depuis quelques jours, Radio Univers et la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (FNEB) sont à couteaux tirés. La Fneb a fermé les locaux du média universitaire paralysant ainsi toute activité. Le Directeur de Radio Univers, Médard Clobechi a tenté de donner sa version des faits à travers cet entretien.

Qu’est-ce qui oppose Radio Univers à la FNEB ?
La FNEB veut continuer à assurer une certaine paternité sur Radio Univers et lorsqu’elle a appris que certaines démarches sont menées auprès des autorités en vue d’une formalisation, elle a décidé d’y faire barrage. C’est ainsi que les actuels responsables de la FNEB, épaulés par ces anciens, ont entrepris de créer de la zizanie en passant par des actes peu orthodoxes qui ne respectent aucune règle. Alors que les membres de la Radio étaient en Assemblée Générale, ils ont envoyé leurs éléments de la garde fédérale pour venir suspendre les travaux et sortir les membres de la salle. Ce qui est malheureux est qu’ils n’ont jamais envoyé de correspondance pour faire part de leurs inquiétudes et réclamations. En fait, la FNEB est coutumière des faits. Elle s’ingère dans les affaires de Radio Univers depuis quelques années sans aucune démarche administrative. Des années antérieures, elle a eu à faire recours à des violences et bastonnades pour faire passer sa volonté. C’est ce à quoi nous voulons mettre fin en passant à la formalisation afin de permettre aux étudiants de continuer à se faire former librement et sans inquiétude. Les raisons évoquées par la Fneb pour procéder à la fermeture de la radio sont des alibis trouvés dans l’optique de détourner l’attention de l’opinion publique et continuer à s’ingérer dans les affaires de la radio. Les membres de Radio Univers ont décidé de faire appel à des anciens mandatés par leurs pairs aux fins de mener des démarches qui vont aboutir à la reconnaissance officielle de la radio selon les exigences de la HAAC. Donc, c’est la formalisation de la radio aujourd’hui qui fait mal à la Fneb. Parce que la Fneb se dit que si la radio se formalise conformément à la réglementation aux exigences de la HAAC, elle ne pourra plus avoir une certaine paternité, une ingérence à la radio. C’est tout le nœud du problème. Radio Univers se veut une presse libre et elle ne peut appartenir à une quelconque organisation syndicale, fut-elle la FNEB.

Quelles sont les conséquences immédiates de cette fermeture sur vos opérations ?
Les conséquences immédiates de cette fermeture sont nombreuses. Nous, nous sommes une presse autonome, nous ne dépendons pas de la Fneb. Donc, la Fneb n’est pas l’organisation compétente qui doit décider de la fermeture. Depuis dimanche à ce jour, nos appareils sont restés allumés, ils sont sous tension donc ils peuvent être endommagés. Ils nous ont interdit l’accès aux locaux de la radio. Les stagiaires qui ont des effets, des sacs à la radio, jusque là n’ont pas pu les retirer. Notre chef service technique a été séquestré de force alors qu’il allait fermer les portes de la radio. Il a été séquestré par des étudiants militaires de la Fneb bien sûr.

Comment la direction a-t-elle réagi à cette décision de la FNEB ?
Par rapport à la décision de fermeture, nous sommes une presse, nous nous respectons. Nous avons fait recours au Recteur, aux autorités pour nous plaindre. Donc, je pense que les autorités à divers niveaux donneront raison à qui de droit. Parce que la Fneb n’est pas l’organe compétent, l’organe habilité à fermer la radio. La Fneb, c’est une organisation estudiantine. La radio, c’est une organisation des étudiants. Je ne vois pas en quoi une organisation estudiantine va fermer une autre.

Et quelles réformes ou changements envisagez-vous pour répondre aux préoccupations soulevées par la FNEB ?
Nous ne sommes pas sous la tutelle de la FNEB. Nous ne répondrons nullement à leurs caprices.

Avez-vous identifié des axes d’amélioration dans la gestion de la radio qui pourraient prévenir de futures fermetures ?
Les réformes en cours pour mieux sauver l’image de la radio, c’est de pouvoir continuer le processus d’élaboration des statuts de la radio. Déjà, nous avons élaboré les statuts que nous avons envoyés au rectorat et Cous qui doivent nous accompagner afin que la radio soit reconnue par la HAAC. Si la radio est reconnue aujourd’hui par la HAAC, c’est que nous nous devons de nous conformer à la réglementation en vigueur pour son bon fonctionnement.

Comment évaluez-vous l’impact de cette fermeture sur votre audience et vos partenaires ?
Nos partenaires jusque-là sont soucieux parce qu’ils ont injecté de l’argent dans la communication et ils avaient un objectif qu’ils doivent atteindre. Et voilà, une organisation des étudiants syndicats qui vient fermer la radio. Donc, ils sont dans leurs soucis. Nous les avons contactés, nous les avons rassurés puisque nous sommes dans un pays de droit, nous avons déjà fait recours à des autorités à divers niveaux qui donneront raison à qui de droit.

Avez-vous prévu des actions de communication pour informer vos auditeurs de la situation actuelle ?
Depuis le dimanche, les auditeurs nous appellent pour savoir ce qui ne va pas. On a toujours pris le soin de leur expliquer le problème et eux-mêmes, ils comprennent. Puisqu’à l’approche du renouvellement de chaque bureau, ce problème survient. Mais aujourd’hui, nous avons pris la résolution et l’engagement de finir avec la Fneb. Parce que la radio n’appartient pas à la Fneb et il n’y a aucun document juridique qui prouve que radio univers est affiliée à une organisation.

Comment voyez-vous l’avenir de Radio Univers à court et moyen termes ?
L’avenir de la radio aujourd’hui c’est qu’il y a des camps. Il y a les membres qui veulent que la radio soit reconnue officiellement mais il y a les organisations estudiantines comme la Fneb qui veulent toujours avoir une certaine parentalité. Parce que pour eux, la radio est affiliée. Alors qu’il n’y a aucun document juridique qui prouve que radio univers est une institution spécialisée de la Fneb. Donc, dans cette bataille, leur plan c’est de pouvoir installer un directeur, un copain à la tête de la radio à travers le conseil central fédéral. Ce qui est totalement inadmissible puisqu’il ne revient pas à une organisation estudiantine d’organiser les élections ou d’organiser un processus électoral pour une radio. Pour nous, Radio Univers doit être une radio conforme aux exigences de la HAAC, placée sous le rectorat et le centre des œuvres universitaires pour que cette radio soit dotée d’une ligne budgétaire.

La Fneb et Radio Univers, c’est fini ?
On était partenaires et on peut continuer à collaborer. Nous n’avons aucun problème avec cette institution qui doit rester dans son rôle et nous dans le nôtre dans le respect et la convivialité. Mais il n’y a aucun lien de paternité entre les deux institutions. C’est cette bataille que je mène et je suis mal vu. Voilà, pourquoi on tente de vilipender mon nom, voilà pourquoi on tente d’évoquer des raisons infondées afin de pouvoir me salir. Mais, la vérité finira par triompher comme on le dit.

Votre mot de la fin.
J’invite les autorités universitaires, j’invite les hommes de droit à intervenir puisque la Fneb n’est pas une organisation compétente qui peut fermer la radio. Nous connaissons tous l’organe compétent, l’organe habilité à fermer la radio.

Propos recueillis par Mahussé Barnabé AISSI (Coll.)



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