Merlin Ezrou, sociologue au sujet des mères célibataires : « Dans notre société, pour être une mère respectée, il faut être dans un foyer »

Il faut savoir d’abord qu’une mère célibataire est une femme qui est soit enceinte, soit avec un ou des enfants et qui est divorcé de son mari. De ce fait on voit déjà qu’elle élèvera seule son ou ses enfants. Ces cas sont trop fréquents aujourd’hui surtout dans nos villes au Bénin. Elles rencontrent d’énormes problèmes dans la société. Entre autres difficultés, le poids financier qui devrait reposer sur deux personnes repose désormais sur une seule. Ce qui est difficile pour les mères qui ont un revenu faible ou moyen. Ce problème fait naitre un autre : la mono responsabilité d’éduquer son enfant ou les enfants. Si la maman doit aller au service, elle va au service avec eux si c’est possible, mais au cas contraire elle doit les mettre à la garderie ou bien auprès de quelqu’un de confiance et puis à la fin c’est difficile puisque les activités de ménage aussi sont là et donc voilà. On a aussi le problème d’éducation monoparentale : si la mère est souvent indisponible et que les enfants sont laissés souvent à eux-mêmes, plusieurs de ces enfants finissent dans la délinquance, le vol, disons qu’ils deviennent des cas pour la société. Le problème émotif aussi est là, il y a des mères célibataires qui traversent ce moment vital seules, de manière soudaine et inattendu, soit parce qu’elles sont récemment séparées, soit parce qu’elles sont devenues veuves. Ces circonstances peuvent les amener à se sentir émotionnellement dépassées, incapables de faire face à la nouvelle situation. Face à cela, il peut être opportun de demander l’aide d’un professionnel pour mieux travailler sur ces émotions. A cela s’ajoute les problèmes économiques, lorsque la responsabilité économique de la famille repose sur une seule personne, en l’occurrence la mère, cela éveille en elle une grande vulnérabilité. Les mères célibataires doivent faire des efforts et se battre chaque jour pour avoir et conserver un emploi, faire face à la parentalité et gérer seules la maison. Généralement les mères célibataires ne sont pas respectées par la société. Dans notre société, pour être une mère respectée, il faut être dans un foyer. Beaucoup les prennent comme des prostituées et acariâtres. Pour la majorité elles ne sont pas en joie puisqu’elles n’ont pas choisi forcément cette façon de vivre. Les veuves par exemple et qui n’ont même pas un revenu pouvant couvrir leur besoin. Pour vivre la joie, il faut le minimum. L’autre chose est qu’elles seront malheureuses parce que déséquilibrées sexuellement et sur le plan sentimental en général. Ces enfants ne sont pas forcément heureux surtout quand ils commencent à grandir et ils voient leurs amis et camarades s’intéresser à leur père et mère. Cela ne les rend pas du tout heureux. Excepté ceux qui sont soutenus par leurs mères et tantes dans une opulence. Dans la société ils sont confrontés à plusieurs maux à commencer par l’éducation monoparentale rendant les garçons durs et moins philanthropes envers ses semblables. Pour les filles, elles détestent la compagnie des hommes et psychologiquement bornées à cause surtout de l’éducation monoparentale qu’elles ont reçue. Comme conséquence on peut parler du cas de l’enfant qui ne connait par son père, sa mère célibataire ne lui laisse pas le choix et il sera donc conduit à s’identifier à elle. A cause de l’absence du père, le garçon ne pourra pas aborder la phase œdipienne sans frustration, ce qui l’empêchera de se structurer en tant qu’homme. Quant à la fille, ses pulsions d’amour ‘’incestueux’’ ne pourra pas se projeter sur son père, ce qui la conduira plus tard à chercher un autre et plus tard ses relations avec les hommes seraient complexes et souvent soldées par l’échec. Vu les difficultés auxquelles sont confrontés les mères célibataires et les enfants au sein de la société quelle que soit la cause, il est très important de les encourager afin d’atténuer les conséquences que cela génère pour une société humaine épanouie.
Propos recueillis par Monique AHOUANDJINOU (Stag.)