Ouverture officielle de la 6ème Conférence à Kinshasa : Le tandem KAS et REPAM-CDS en croisade pour une Afrique sécurisée

Moïse DOSSOUMOU 6 octobre 2022

Le Réseau des parlementaires africains membres des commissions défense et sécurité (REPAM-CDS) et la Fondation Konrad Adenauer, via le Programme pour le dialogue sur la sécurité en Afrique subsaharienne (SIPODI) se donnent la main pour impulser une nouvelle tendance sécuritaire en Afrique. A la faveur de la cérémonie d’ouverture de la 6ème Conférence annuelle du REPAM-CDS qui a eu lieu hier 6 octobre au Pullman hôtel de Kinshasa, les langues se sont déliées pour appeler à une plus grande responsabilité de l’Afrique dans la définition de ses nouveaux choix sécuritaires.

Bertin Mubonzi peut se frotter les mains. Le président de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo (RDC) a réussi le pari, en intelligence avec la Fondation Konrad Adenauer, de rassembler les parlementaires autour d’une question cruciale : l’amélioration de la coopération sécuritaire Afrique-Europe dans l’intérêt des deux continents. En souhaitant la bienvenue à ses collègues venus du Bénin, du Togo, de la Côte-d’Ivoire, de la Gambie, de la Mauritanie, de la Centrafrique, du Libéria, du Nigéria, du Cameroun... il a martelé qu’il s’impose aux parlements africains de s’imposer le devoir de pousser la réflexion sur la meilleure manière pour l’Afrique de se repositionner. Pour lui, cela passe par un dialogue sincère avec les traditionnels et potentiels partenaires qui se bousculent aux portes de l’Afrique. A sa suite, Yéo Fozié de la Côte-d‘ivoire, président d’honneur du REPAM-CDS dira qu’il est primordial pour le continent de se mettre ensemble pour réussir la bataille de la sécurité. Quant à Sha’Aban Ibrahim Sharada du Nigeria, président en exercice du REPAM-CDS, il a soutenu que cette Conférence est un instrument d’union et un symbole du vouloir-vivre ensemble. En appréciant l’adversité géopolitique actuelle, il estime que cette Conférence se tient au bon moment et qu’il est venu, pour les dirigeants, le moment de restaurer la voix perdue du continent.
Représentant résident de la Fondation Konrad Adenauer et directeur régional du programme SIPODI, le Colonel Roland Stein a dressé un état des lieux de la situation sécuritaire. « Les gouvernements africains sont confrontés à des risques sécuritaires importants qui ont pour noms, entre autres, la fragilité de l’Etat et les coups d’Etat qui en découlent, le djihadisme transnational, le crime organisé, ls milices, la pauvreté et le chômage exorbitant des jeunes, les changements climatiques et la destruction de l’habitat humain qui en découle, l’explosion démographique, les conflits liés aux ressources naturelles, l’insécurité maritime ainsi que les tensions ethniques et sociales », a-t-il affirmé. Cela justifie le fait que de nombreux acteurs internationaux opèrent en Afrique avec des intentions et objectifs variés. « Le choix de bons partenaires est donc une décision stratégique pour le bien-être des peuples africains et pour la pérennité de l’Etat de droit démocratique », a-t-il conclu.
Avant de lancer officiellement les travaux, Christophe Mboso N’kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale de la RDC, a martelé que cette Conférence se tient à un moment où la paix et la sécurité internationales sont mises à rude épreuve. « Le dialogue sécuritaire devrait être orienté d’abord sur l’Afrique avec elle-même avant de l’être avec l’Europe », a-t-il précisé avant d’inviter ses pairs parlementaires à approfondir les réflexions pour des options crédibles, responsables porteurs d’une véritable sécurité.
« Pour une efficacité du partenariat sécuritaire entre l’Afrique et l’Europe : nouveaux langages, nouveaux instruments et nouvelles conduites ». Tel est le thème de la leçon inaugurale de la Conférence prononcée par Nadine Machikou, Professeur agrégé en science politique, présidente de l’observatoire du politique en Afrique. En se basant sur la philosophie de la vie conjugale, elle soutient que l’Afrique et l’Europe sont dans la séquence de la rage des dents. « Le mariage ne dure pas par l’amour, mais par la raison, et nous sommes dans le temps de la raison », a-t-elle prévenu. Son invite à la responsabilité l’exprime aisément. « Nous devons déchirer les acquis centrés sur les pactes coloniaux et déclarer sur le ton de la résistance quel est notre intérêt, avoir un agenda, et ne pas être un élément de la sécurité des autres. Il faut remettre les compteurs à zéro en adressant d’abord la question financière. Il ne faut pas présumer que nous serons plus en sécurité si les autres paient pour nous ».

Moïse DOSSOUMOU (envoyé spécial à Kinshasa)



Dans la même rubrique