Père Bruno HOUNKONNOU au sujet des cas de suicides répétés au Bénin : « Le soutien moral est primordial. Il faut mettre ces personnes en confiance pour qu’elles puissent se libérer. »

Le suicide dans la société peut être endigué par l’écoute et les soutiens de toutes sortes. Le Père Bruno HOUNKONNOU fait des propositions pour éradiquer le mal devenu récurrent.

En cette année 2024, beaucoup de cas de suicides ont été enregistré. Surtout ces deux derniers mois. Il y a quelques jours, un AME et un enfant de CM2 se sont ôtés la vie par pendaison. Comment appréciez-vous le phénomène ?
C’est un phénomène désolant. Nous ne sommes pas là pour juger les intéressés. Un homme qui va jusqu’à se suicider, c’est qu’il n’en peut plus de la vie. Je pense que le suicide est un mal qu’il faut condamner en soi car nul n’a le droit de s’ôter la vie.

Qu’est-ce qui peut en être la cause ?
La cause des suicides n’est rien d’autre que des déceptions mal gérées. La vie est faite de hauts et de bas. Comme je le disais précédemment, je ne veux pas juger mais la meilleure solution n’est pas le suicide. Le suicide ne doit pas être au programme parce que nul n’a le droit de mettre la main sur la vie des autres encore moins sur la sienne donc personne ne devrait se suicider. L’idée de suicide provient souvent de la solitude, le désespoir, le manque de foi et le manque de confiance. De plus la société dans laquelle l’on vit, manque d’attention. Sinon, comment pouvons expliquer que des hommes vivant dans la même communauté ne prennent pas de nouvelles les uns des autres durant des jours, voire des années. Le fait de se sentir délaissé, oublié de tous peut également susciter l’envie de se suicider.

En tant que prêtre, est ce que vous avez reçu des gens qui ont une fois envisagé de se suicider et qui se sont confiés à vous ? Et quelle en est généralement la cause ?
En ma qualité de prêtre, j’ai eu à rencontrer plus d’un cas qui soit venu à moi. Pour la plupart du temps, ce sont des déceptions mal gérées comme je le disais. Dans ces cas, l’écoute est très importante. Il faut avoir quelqu’un sur qui compter. Le soutien moral est primordial. Il faut mettre ces personnes en confiance pour qu’elles puissent se libérer. Et c’est d’ailleurs ce que moi, j’ai l’habitude de faire. Il y a beaucoup qui ont reçu ce don, ce charisme d’écouter. Par exemple, les psychologues, les sociologues, les prêtres etc. Il faut donc que nous puissions écouter les autres et en même temps se faire écouter nous-mêmes. C’est très important.

- Quelles solutions pouvez-vous proposer ?
Alors comme solution, je propose que les gens puissent avoir un peu de foi en Dieu et savoir que la vie est faite de hauts et de bas, de réussite, d’échec et de trahison, etc. Et quand quelque chose arrive, il faut avoir la force de se dire que, c’est parce que ça peut arriver que c’est arrivé. Il faut se dire qu’on n’est pas le seul à vivre cela et qu’on ne sera certainement pas le dernier non plus. Tout est grâce. Apprenons donc à nous confier à DIEU tout en demandant que sa volonté s’accomplisse dans notre vie. Si quelqu’un arrive à comprendre ça et parvient à adapter ça à sa vie, je pense qu’il ne peut jamais aller au suicide parce que dans la vie tout passe, seul Dieu ne passe pas, seul l’amour ne passe pas. Il n’est jamais tard pour se remettre sur pied.
Propos recueillis par Winoumi KOYA (stag)