Pour la valorisation du Vodoun dans les créations artistiques au Bénin : Le Cpcac de l’Ansalb organise un colloque

Isac A. YAÏ 27 octobre 2023

La Commission permanente communication, art et culture (CPCAC) de l’Académie nationale des sciences, arts et lettres Bénin (ANSALB) organise un colloque les jeudi 26 et vendredi 27 octobre 2023 à Abomey-Calavi. Ledit colloque se tient sur le thème : ‘’Spiritualité et création artistique au Bénin d’hier à aujourd’hui’’.

‘’Vodoun comme source d’inspiration artistique et culturelle au Bénin’’. C’est ce que veut mettre en lumière la Commission permanente communication, art et culture de l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin en organisant un colloque pour mûrir des réflexions. Prof Adrien Huannou, président/CPCAC, dans son allocution de lancement des travaux, a précisé que c’est un rendez-vous qui permet de répondre aux interrogations : « Le Vodoun est-il une source d’inspiration dans les arts au Bénin ? » et « Au Bénin, sommes-nous dans une civilisation d’essence vodoun ? ». La première interrogation, selon le président de la CPCAC, est débarrassée de tout prosélytisme. « Question dont les implications sociologiques et politiques sont évidentes », a-t-il avoué. Quant à la seconde, elle est affirmative d’après prof Adrien Huannou. « Oui, au Bénin, nous sommes dans une civilisation d’essence vodoun et plusieurs réalités l’attestent y compris nos mœurs politiques à plusieurs niveaux. Le 10 janvier est déclaré ‘’fête des religions endogènes’’ entendez ‘’fête du Vodoun’’. Dans le serment qu’il prête avant d’entrer en fonction, le nouveau chef d’Etat prend à témoins les mânes des ancêtres, au début de l’année civile, on pratique au Bénin, une consultation de Fâ à caractère national appelée ‘’to-fa’’ destinée à protéger la nation contre des malheurs qui pourraient l’assaillir », a-t-il fait comprendre.
Ayant pris des patronymes et des noms béninois tels Houngbédji (archevêque de Cotonou), Houndékon (archevêque d’Abomey), Hounkonnou (ancien président de l’Académie), ainsi que des noms de marché comme marché Lègba et marché Dantokpa, prof Adrien Huannou a attesté que le vodoun imprègne la vie sociale dans son ensemble. « Son influence y est incontestable. Il n’est donc pas surprenant qu’il soit une réelle source de la création artistique au Bénin depuis toujours, comme en témoigne la très grande beauté des vêtements et autres parures auxquels a donné naissance le culte Egungun (culte des ancêtres chez les Yoruba). L’art vodoun du Bénin est donc une réalité incontestable. Elle a été et demeure une source d’inspiration féconde dans la littérature moderne qui en porte des marques bien visibles, depuis ‘‘l’esclave’’ et autres romans du très catholique Félix Couchoro jusque dans ‘’Les fantômes du Brésil’’ de Florent Couao-Zotti, en passant par l’immense Doguicimi du non moins catholique Paul Hazoumé et ‘’La fille têtue’’ de l’apôtre de Jésus- Christ Jean Pliya », a-t-il illustré. Aussi, a-t-il ajouté que le vodoun est une source d’inspiration dans les arts de la scène (danse, théâtre), dans les arts vivants (théâtre, musique, chants, danses, cinéma, spectacle de la rue) et dans les arts visuels.
Pour le Prof Daté Atavito Barnabé-Akayi, les acteurs, à travers ce colloque, s’intéressent à la revalorisation des richesses béninoises à partir de la religion Vodoun. « Il s’agit de vérifier comment les artistes créateurs tels que des poètes, dramaturges, romanciers, danseurs, sculpteurs, cinéastes etc empruntent les outils du Vodoun et de la spiritualité de chez nous pour mettre en lumière les valeurs de chez nous », a-t-il signalé.
C’est dans le même sens qu’a abondé Prof Judith Bidouzo en indiquant que consacrer une réflexion à la spiritualité Vodoun dans les créations littéraires ou artistiques est une façon de reconnaître la place du Vodoun dans l’environnement culturel, ou politique ou religieux du Bénin ou de l’Afrique. Michel Boko a estimé que les créations littéraires ne peuvent pas être possibles sans faire référence à son identité culturelle. « C’est une revalorisation de notre culture. Il y a une communication qui parle de Sambani qui est typiquement Bariba et une autre sur les œuvres d’Olympe Bhêly-Quenum sur Alladahouin qui est du sud Bénin. Donc c’est la culture au sens propre du terme », a-t-il fait savoir. Des communications ainsi que des visites sont prévues pour meubler le colloque.
Fidégnon HOUEDOHOUN



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