Projet régional Atlantic Corridor : la Norvège et le PNUD renforcent les capacités des chefs religieux et communautaires

Isac A. YAÏ 13 août 2024

Le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) à travers le Projet Régional de Prévention et de Réponse à l’Extrémisme Violent dans le Corridor Atlantique renforce les capacités des chefs religieux et communautaires. Financé par la Norvège, ce projet vise à outiller ces autorités en matière de promotion de récits positifs pour prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent. C’est dans ce cadre que les chefs religieux et communautaires des communes de Bassila, Kouandé, Péhunco et Toucountouna ont été sensibilisés du 7 au 10 août derniers au Centre Pastoral Monseigneur OKIOH à Natitingou. « Les populations rurales en général et celles du nord Bénin en particulier n’ont pas suffisamment les outils nécessaires pour analyser les processus et stratégies d’endoctrinement utilisés par les groupes extrémistes. Elles pourraient donc facilement tomber dans les pièges des extrémistes. Ce gap d’information et de connaissance est comblé par les organisations étatiques et de la société civile. Pour ce faire, plusieurs mesures ont été prises, notamment la création de la Coalition Nationale pour la Paix et la mise en place de mécanismes de dialogues communautaires. Toutefois, il faut noter que le phénomène étant nouveau au Bénin, il convient de renforcer les capacités des acteurs en particulier les leaders religieux et d’opinion sur les éléments de langage et de discours alternatifs pour prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent. C’est dans ce contexte que le PNUD, à travers le projet régional Atlantic Corridor, entend appuyer les efforts du gouvernement dans le renforcement des capacités des leaders religieux et d’opinion en matière de promotion de récits alternatifs pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent et la consolidation de la paix dans les communes cibles du projet », ont expliqué les organisateurs.
A l’issue de cet atelier de formation de 4 jours, certains participants ont exprimé leur satisfaction pour l’intérêt que le PNUD accorde à la cohésion sociale et à la lutte contre l’extrémisme violent.

Koto Orou Maré, Maire de la Commune de Péhunco

« …Ça permet de nous retrouver, de retenir ce qu’il faut faire pour promouvoir la cohésion sociale… »
C’est un atelier d’une importance capitale. En ma qualité de Maire, avec tout ce que nous avons aujourd’hui dans nos communes, c’était vraiment très important de rester, d’être à l’écoute, de suivre les communications et voir ensemble avec les autres communes ce que nous pouvons faire pour que la sécurité soit effective dans nos localités, pour que la cohésion sociale et la paix règnent dans nos communes. Quand vous prenez une commune, elle est composée d’un ensemble de communautés. On parle de religieux. Nous avons l’islam, le christianisme, les cultes endogènes. A côté, nous avons les leaders de l’opinion, les jeunes, les femmes. Nous avons plusieurs couches. Toutes ces couches constituent la société. Donc, la présence de tous ces leaders, chefs traditionnels… est très importante parce qu’en ma qualité de Maire, ce n’est pas évident que je puisse aller convaincre toutes ces couches. Or, j’ai besoin des leaders de tous ces groupes sociaux professionnels pour que nous puissions cultiver la paix, savoir les termes, les expressions qui fâchent, les comportements qui mettent mal à l’aise l’autre et pour que nous puissions quand même faire attention et savoir que tel acte n’est pas bon et peut causer telle ou telle conséquence dans la communauté. C’est très important que nous soyons avec ces cibles-là. Donc, je crois que la cible est bien choisie et ça permet vraiment de nous retrouver, de retenir ce qu’il faut faire pour promouvoir la cohésion sociale, la paix et éviter l’extrémisme violent, la radicalisation dans nos communes. Parce que c’est le problème qui se pose et nous avons besoin de tout le monde pour cultiver la paix. Je veux surtout insister sur les jeunes et les femmes. Je crois que les jeunes représentent aujourd’hui une couche très importante. Il ne faut pas être fatigués de parler avec eux.

Didier Kouandé -Sounon, Maire de la Commune de Kouandé

« Je pense que le fait de nous avoir mis ensemble était une bonne chose »
Je dirais que cet atelier est important parce que c’est l’une des rares occasions où nous arrivons à mobiliser tous les leaders d’opinion autour d’un thème. Etre ensemble avec leaders d’opinion, les leaders religieux et les autorités pour partager leurs sentiments ou partager leurs expériences sur une thématique, c’est rare. Je pense qu’il faut remercier le projet qui a pu quand même mettre tous ces acteurs ensemble et surtout que ces acteurs viennent de communes différentes. Cela a vraiment permis quand même un partage d’expériences et amener d’autres communes à améliorer ce qu’elles font. Je dois ensuite saluer la démarche qui a été adoptée : une démarche participative. Elle a permis quand même à chaque commune et à chaque acteur de dire ce qui se fait chez lui et de donner sa compréhension de la thématique. Ces échanges d’expériences ont permis à chaque acteur de garder quelque chose de positif d’abord par rapport à ce qu’il faisait déjà comme pratique et également de voir ce que les autres font dans leur commune et voir comment l’adapter à son contexte puisque les communes ont des sociologies différentes. Ce qui a particulièrement retenu mon attention, c’est ce que font les autres et qui ne se fait pas chez nous : la mise en place d’un cadre de concertation entre les religions, les visites des religieux à d’autres n’ayant pas les mêmes croyances religieuses qu’eux. Je pense vraiment que c’est un très bon exercice que nous devons copier dans les autres communes. Qu’un Imam se lève pour aller saluer un Curé dans sa paroisse, qu’un Prêtre se lève pour aller dans un couvent saluer un leader de la religion endogène, cela contribue à pacifier les relations au sein des communautés. Nous avons en ce qui nous concerne eu à partager certaines pratiques avec les autres communes qu’ils ont également apprécié. Je pense que le fait de nous avoir mis ensemble était une bonne chose et l’objectif poursuivi en organisant cet atelier est atteint.

Marguerite Capo-Chichi, leader Communautaire

« Avec les échanges, cela nous a permis de consolider les connaissances »
Disons que cet atelier est venu à point nommé puisque le fléau de l’extrémisme violent est en train de sévir dans nos localités. Ce que nous avons appris ici nous permettra de connaître les stratégies, les différents propos haineux et savoir comment contrecarrer propos pour pouvoir créer la paix, la cohésion dans nos sociétés. Avec les échanges, cela nous a permis de consolider les connaissances. Les réalités n’étaient pas les mêmes d’une commune à une autre. Mais avec les échanges, on a essayé de faire une cohésion pour qu’au moins les feuilles de route soient harmonisées, qu’il y ait les mêmes stratégies avec les mêmes cibles. Je repars très satisfaite parce que l’atelier nous permet de connaître les thématiques qu’il faut essayer de développer dans la communauté, les stratégies sont connues et de même les propos haineux, les messages alternatifs sont connus pour une paix, une paix, une paix durable dans nos sociétés. »

Issa Amadou, représentant de la Chefferie traditionnelle, Foodonga

« J’ai vraiment aimé le contenu des échanges et l’ambiance dans laquelle tout s’est déroulé »
Je suis très satisfait de ce qui s’est passé ici pendant les quatre jours. J’ai échangé au cours des débats avec beaucoup de personnes, les frères et sœurs qui sont venus des quatre communes. L’atelier m’a trop impressionné. J’ai vraiment aimé le contenu des échanges et l’ambiance dans laquelle tout s’est déroulé. J’ai eu beaucoup de connaissances et d’enseignements. En retour, j’ai partagé aussi des expériences que j’avais par rapport à la gestion de la population. Il fallait vraiment organiser cet atelier, car cela va aider la population à savoir comment vivre et surtout comment essayer d’éviter les situations négatives dans la société. J’ai beaucoup appris. Nous allons essayer de continuer à travailler au sein de nos communautés pour qu’il y ait une stabilité au sein de nos populations et pour qu’on puisse éviter certains propos blessants et par entretenir le vivre-ensemble dans la communauté. »



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