Les forêts constituent une importante source d’énergie et de revenus pour de nombreuses communautés au Bénin. Celles-ci exercent donc une forte pression sur les forêts au regard de leurs utilités. Avec l’appui du projet de renforcement de la résilience du secteur de l’énergie aux impacts des changements climatiques au Bénin (PANA Energie), des communautés à Bantè, Dassa-Zoumè, Ouèssè, Djidja, Djougou, N’Dali et Toucoutouna sauvegardent les forêts grâce à l’apiculture comme activité génératrice de revenus alternative à la coupe du bois.
A Fita, un village situé dans la commune de Dassa-Zoumè, chef-lieu du département des Collines, Léonie Atikpo, la quarantaine, est bénéficiaire de la formation en apiculture. Elle raconte : « Avant, je ne savais pas qu’il était possible de faire de l’apiculture avec tant de facilité. Nous avions l’habitude de brûler les abeilles pour avoir le miel et cette activité était exclusivement dévolue aux hommes ». Depuis qu’elle a reçu la formation et les équipements apicoles de PANA Energie, elle s’adonne aisément à l’apiculture. « Nous n’éliminons plus les abeilles pour produire du miel. Nous le récoltons directement de la ruche en mettant des gants. Je le fais avec la même aisance que les hommes. Plusieurs apicultrices comme moi ont pu réaliser des bénéfices dans la production et la vente de miel. Ces bénéfices ont été réinvestis dans d’autres activités telles que le commerce de céréales ».
Wassila Issifou est boulangère à Pélébina, un arrondissement de la commune de Djougou. Elle est âgée de 38 ans et fait partie des 20 apiculteurs formés et équipés dans la localité en 2019 par PANA Energie. Ses ruches, aménagées dans les plantations de Téfounou, à 03 kilomètres du centre-ville de Djougou, ont déjà produit 100 litres de miel en deux récoltes. « Par le passé, je me débrouillais uniquement avec la fabrication et la vente du pain et je m’en sortais difficilement financièrement. Ce n’était pas facile. J’ai désormais ma production apicole comme activité secondaire, qui me rapporte beaucoup. C’est grâce à cet appui de Pana Énergie que j’ai par exemple contribué cette année scolaire aux frais d’écolage de mes trois filles et deux garçons ».
Toujours à Pélébina, Moussa Maman Foudou est l’autre exemple de l’impact positif de la formation et appui en équipements apicoles. Il est instituteur et s’est également lancé dans la production de miel afin de renforcer la biodiversité et d’accroître ses revenus en plus de ce qu’il gagne en tant qu’enseignant. « En 2021, j’ai fait un profit de 100 000 FCFA avec les cinq ruches que le projet Pana Énergie m’a offertes. L’année dernière, j’ai eu 200 000 FCFA de profit. Cet argent m’a servi à installer de nouvelles ruches dans l’anacardier d’un parent », explique-t-il. Moussa n’éprouve surtout pas de difficultés à concilier l’apiculture et sa fonction d’instituteur. « En semaine, je suis normalement en classe avec mes élèves comme tous les autres enseignants du village. C’est juste une fois en l’intervalle de trois mois que je me déplace dans les ruchers pour récolter mon miel et aménager les ruches de nouveau. C’est très relaxe et je ne coupe d’ailleurs plus de bois en forêt », renchérit ce père de 07 enfants.
Issiaka Boni Wara, un autre bénéficiaire dit sa satisfaction pour avoir pu élargir sa capacité de production à 160 ruches à Binanssi dans la commune de N’Dali, à peu près 479 Kilomètres de Cotonou. Âgé de 45 ans et agriculteur, il dirige actuellement l’association des apiculteurs de la commune et a déjà réalisé plusieurs projets personnels avec les bénéfices tirés de l’apiculture. « J’ai récemment acquis huit paquets de tôles qui ont servi à la construction de nouvelles ruches et à achever ma maison qui était en construction », a-t-il fait savoir. Issiaka Boni Wara ajoute aussi que les revenus issus de l’apiculture contribuent en grande partie à l’écolage de ses enfants et à prendre soin de sa famille.
Cette joie qu’expriment ces apiculteurs est rendue possible grâce au projet Pana Energie qui vise à réduire la vulnérabilité des populations aux conséquences des changements climatiques en leur offrant un meilleur accès à des sources d’énergies renouvelables et en protégeant les ressources forestières. Il est mis en œuvre par le gouvernement du Bénin avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM). Ce projet contribue ainsi significativement aux progrès et tendances vers l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes (ODD1), à la consommation et la production responsables (ODD 12), à la lutte contre les changements climatiques et leurs répercussions (ODD 13) et à la préservation et la restauration des écosystèmes terrestres (ODD 15).
Tayon Ulrich LAVINON
- 2 octobre 2024
- 1er octobre 2024