Quête d'eau potable à Akpakpa : le chemin de croix des habitants

6 août 2024

Les coupures intempestives d’eau de ces dernières semaines créent d’énormes difficultés aux populations de Cotonou. Celles d’Akpakpa, le plus grand quartier de Cotonou vivent le martyre pour s’approvisionner en eau potable.

Des bidons de 25 litres et des bassines remplis d’eau sur les têtes comme à l’ancien temps. C’est désormais le quotidien des populations d’Akpakpa depuis quelques semaines. La nuit comme le jour, elles font le chemin de croix pour s’approvisionner en eau potable. C’est la conséquence des coupures intempestives subies dans la ville de Cotonou. « Dans notre maison, l’eau ne sort pas dans la journée. On se réveille la nuit pour pouvoir prendre de l’eau. L’eau sort à partir de 1 heure du matin jusqu’à 5 heures. Des fois après avoir fini de prendre de l’eau à 5 heures, on n’a plus sommeil. On est obligé de veiller pour prendre l’eau. Dans la journée nous allons au boulot et nous revenons le soir. Le comble s’est qu’on ne peut pas acheter l’eau le soir car les vendeurs refusent », confie Amanda MELONOU. La veillée d’arme pour se faire servir le liquide vital n’est pas une mince affaire. L’eau ne sort plus comme avant mais au compte-gouttes. La famille MELONOU comme plusieurs autres de Kowegbo, font la course sur plusieurs kilomètres pour aller dans d’autres zones où il est annoncé la disponibilité de l’eau. « Dans le quartier, l’eau ne sort pas. Chez moi l’eau sort la nuit. Je suis obligée de veiller moi-même pour prendre l’eau car mes enfants sont encore tout petits. Des fois je veille toute la nuit, mais l’eau ne sort pas. Parfois c’est énervant car je dois encore aller travailler. Il y a des moments où je somnole au boulot. C’est dans les weekends que je parcours des kilomètres pour acheter l’eau », confirme dame Hounssou. Ces habitants sont lassés de leur situation actuelle. « Je suis fatiguée de cette situation qui se présente à nous depuis des mois. L’eau est inexistante dans le quartier. Chaque jour, on se déplace pour aller chercher de l’eau dans les autres quartiers. On souffre énormément. Souvent on est obligé de parcourir de longues distances. Mais on n’a pas le choix », raconte dame ZOHOUN.

Des risques encourus
Les longues distances parcourues exposent les populations à des risques. Etre moto avec des bidons de 25 Litres peut être source d’accident. « Ils sont conscients des conséquences qui peuvent en découler, mais, ils n’ont pas le choix, c’est le seul moyen qu’ils ont de transporter l’eau à la maison », affirme Brice SOSSOU- AGBO, habitant du quartier. Ce dernier exprime son mécontentement face au manque d’eau dans son milieu de vie. « Je suis dans ce quartier depuis des années. Mais ces derniers temps, nous sommes étonnés de la fréquente coupure d’eau. Je suis obligé de trimballer sur ma moto des bidons de 25 litres remplis d’eau chaque jour. La fois passée, un trou sur la voie m’a fait tomber avec les bidons. Heureusement que je n’ai eu que des égratignures au genou et à la main ce jour-là. Dieu merci je n’ai rien eu de grave », raconte-t-il. Face à cette situation de manque d’eau dans Akpakpa, le prix de vente de l’eau dans les quartiers environnants a connu une hausse. Les vendeurs et les vendeuses d’eau profitent de l’occasion pour gagner un peu plus d’argent. Cette hausse du prix n’arrange pas les populations d’Akpakpa. Cette situation de manque ne nous arrange pas du tout parce que le prix unitaire du bidon et de la bassine a augmenté. Le bidon de 25 litres qui était à 50 francs est maintenant vendu à 75 Francs. Avant la crise, la bassine était à 25 Francs maintenant c’est devenu 50 francs, ce qui n’est pas à débattre. Tu n’as pas le choix, comment tu vas faire, tu es obligé d’accepter ce prix car tu as besoin d’eau », confie Clarisse DOSSOU. D’autres habitants du quartier, dépassés par la situation, ont trouvé un moyen à leur problème. C’est ce qui se résume par la construction des forages dans les maisons. Ce moyen leur permet d’avoir l’eau en tout temps. Laurent ADEOTCHOU déclare « La coupure d’eau ces derniers temps est criant. Je suis fatiguée de parcourir des kilomètres pour pouvoir acheter de l’eau. J’ai construit un forage. Ça me permet d’avoir de l’eau tous les jours. Le problème est que le prix du courant a augmenté à cause du forage. C’est mieux que de parcourir des kilomètres pour chercher de l’eau ». Plusieurs personnes ont fait de même en construisant des forages pour éviter les longues distances. La coupure d’eau dans la zone d’Akpakpa ces derniers temps n’est pas sans inconvénients sur les populations. Elles appellent les chefs quartier et les autorités municipales à trouver des solutions à ce problème.
Floriane & Carine HOUNTONDJI (Stags)



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